Guerre des stupéfiants: les gangs criminels sont armés jusqu’aux dents et des jeunes suivent leur exemple, même à l’école
La police de Québec saisit une arme par semaine en possession de mineurs
Eric Thibault, Félix Séguin et Kathryne Lamontagne
La violente guerre des stupéfiants que des gangs comme celui du caïd Dave «Pic» Turmel livrent contre les Hells Angels aux quatre coins du Québec a causé une prolifération alarmante des armes, au point où les policiers en saisissent maintenant de façon régulière chez les jeunes.
C’est l’inquiétant constat d’un reportage choc de notre Bureau d’enquête pour l’émission J.E, réalisé dans la Capitale-Nationale, où cette guerre a pris naissance il y a plus de deux ans avant de s’étendre à plusieurs autres régions québécoises.

Pour les fins de cette enquête, notre équipe a pu suivre des membres du Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) dans leur lutte antigang.
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Une saisie chaque semaine
Chaque semaine, ces derniers saisissent en moyenne trois armes, en plus d’effectuer six à huit arrestations ou perquisitions, depuis l’automne dernier.

Les jeunes sont également visés.
«Au cours de la dernière année, le SPVQ a traité en moyenne un cas par semaine relié à des armes chez les mineurs. Certaines armes ont été saisies dans les écoles. Alors qu’en 2022, on avait un cas par trois ou quatre mois», selon le lieutenant Pierre-Luc Plamondon, en précisant que les pistolets confisqués dans les écoles étaient à air comprimé.

Notre Bureau d’enquête a d’ailleurs obtenu une vidéo d’un écolier d’à peine 11 ans qui se filme alors qu’il manipule une arme de poing à air comprimé (voir autre texte).
«La culture est installée »
La guerre des stupéfiants a contribué à implanter une «culture» des armes dans la région, a observé le capitaine Martin Soucy.

«Le problème va continuer parce que la culture est installée. Pour nous, l’enjeu va au-delà de Dave “Pic” Turmel», a-t-il mentionné, en laissant entendre que ses troupes n’auront pas de répit malgré la capture du fugitif numéro un au pays, la semaine dernière en Italie.
Le déclenchement des hostilités entre les Hells et le BFM (Blood Family Mafia) du caïd Turmel a aussi transformé le paysage criminel de façon radicale dans la région de la capitale.
De zéro à huit gangs
En 2022-2023, comme durant toute la décennie précédente, le SPVQ considérait qu’aucun gang de rue digne de ce nom n’était établi à Québec.
Aujourd’hui, en plus du BFM, la police en compte sept autres, dont la plupart ont d’abord pris naissance à Montréal.

La situation est si préoccupante que le SPVQ, qui craint le recrutement par les gangs de rue, prévoyait donner une conférence dans toutes les écoles secondaires de la capitale pour sensibiliser les jeunes à ce danger, avant la fin de l’année scolaire.
Quelques-uns de ces gangs montréalais sont venus donner un coup de main au BFM dans leurs attaques armées contre les Hells dans les régions de Québec et de Chaudière-Appalaches.
L’une d’elles s’est soldée par la mort d’un adolescent de 14 ans près du repaire des motards Red Devils à Frampton, en Beauce, en septembre 2024.

Des chiffres qui parlent
- 37%
Hausse des crimes contre la personne, qui impliquent souvent de la violence, à Québec depuis quatre ans
- 27%
Hausse des crimes contre la propriété depuis quatre ans
- 21%
Hausse des délits reliés aux stupéfiants depuis quatre ans
- 6
Nombre de victimes innocentes de la guerre des stupéfiants, dont une femme de 45 ans qui est décédée dans le secteur de Charlesbourg