Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Environnement

Les climatosceptiques s’enthousiasment pour une étude... rédigée par l’IA d’Elon Musk

Getty Images via AFP
Partager

AFP

4 avril à 2h59
Partager

Une étude présentée comme entièrement rédigée par Grok 3, le dialogueur d’intelligence artificielle (IA) d’Elon Musk, est brandie par les climatosceptiques dans les réseaux sociaux, mais des chercheurs indépendants mettent en garde l’opinion contre la crédibilité d’une telle méthode.

• À lire aussi: La COP29 à «un moment critique»: cinq jours pour trouver 1000 milliards de dollars

• À lire aussi: Climat: où en sont les engagements des pays?

• À lire aussi: Avec Trump, le climatoscepticisme de nouveau au pouvoir

Dans l’article intitulé «Réévaluation critique de l’hypothèse du réchauffement planétaire lié aux émissions de CO2», on rejette notamment les conclusions et les projections des rapports des experts de l’ONU sur le climat (GIEC), en se fondant notamment sur des études largement contestées depuis des années dans le domaine scientifique.

De nombreux utilisateurs de comptes climatosceptiques ont partagé l’étude après sa publication fin mars, y compris le biochimiste américain Robert Malone, à l’origine de multiples fausses informations au sujet de la vaccination durant la pandémie de COVID-19.

«L’utilisation de l’IA pour la recherche financée par l’État va se normaliser et des normes seront élaborées pour son utilisation dans les revues scientifiques», a estimé M. Malone. L’étude sonne la fin de «l’escroquerie climatique», a-t-il même clamé dans X, recueillant plus d’un million de vues.

Publicité

Il existe pourtant un consensus scientifique faisant un lien entre la consommation d’énergies fossiles et le réchauffement, ainsi que l’intensité grandissante de phénomènes météorologiques, comme les vagues de chaleur et les inondations.

«Pas la capacité de raisonner»

Des spécialistes mettent ainsi en garde contre un faux sens de neutralité sous couvert d’une intelligence artificielle présentée comme «auteur» d’un article scientifique.

Ces «grands systèmes de langage n’ont pas la capacité de raisonner. Il s’agit de modèles statistiques qui prédisent des mots ou phrases à partir de ce à quoi ils ont été formés. Ce n’est pas de la recherche», rappelle Mark Neff, professeur en sciences de l’environnement.

Dans l’article, on soutient que Grok 3 a «rédigé l’intégralité du manuscrit», avec l’aide de coauteurs qui ont «joué un rôle crucial dans l’orientation de son développement».

Parmi ces coauteurs figure l’astrophysicien Willie Soon, un climatosceptique notoire qui a reçu plus d’un million de dollars de fonds provenant du secteur des énergies fossiles au cours de sa carrière.

Certaines études référencées par Grok 3, pourtant remises en question par des scientifiques lors de leur parution, ont été rajoutées dans l’analyse à la demande des coauteurs, selon l’article.

«Nous ignorons tout de la manière dont les auteurs ont demandé à l’IA d’analyser» les données et les sources présentées dans l’article, souligne Élisabeth Bik, microbiologiste néerlandaise installée en Californie et spécialisée dans l’intégrité scientifique.

«Fausse impression de renouveau»

Pour Ashwinee Panda, expert en intelligence artificielle, il est impossible de vérifier si l’IA a procédé à une analyse sans interférence extérieure: «N’importe qui peut prétendre qu’une IA a écrit cela, seule, et que donc ce n’est pas biaisé», dit-il.

Ni le journal ni son éditeur ne semblent faire partie d’un comité d’éthique scientifique. L’article a aussi été soumis et approuvé pour publication en seulement 12 jours, un laps de temps très court, notent des experts.

«Qu’une IA puisse plagier des articles bidons» n’est nullement une surprise pour Gavin Schmidt, climatologue de la NASA. Et cette analyse présentée comme nouvelle «a aussi peu de crédibilité» que les références qu’on y utilise, affirme-t-il.

«L’utilisation de l’IA n’est que le dernier stratagème pour donner une fausse impression de renouveau dans l’argument climatosceptique», abonde Naomi Oreskes, historienne des sciences à l’Université Harvard.

L’AFP a contacté les auteurs de l’article au sujet du processus de recherche et de rédaction de l’étude, mais n’a pas reçu de réponse immédiate.

Publicité
Publicité

📰 LES DERNIÈRES NOUVELLES DE QUB

Les nouvelles d'autres marques

Image du contenu audio en cours