Découvrez la nouvelle carrière de Véronique Bannon
Ne manquez pas «Indéfendable», du lundi au jeudi 19h, sur TVA et TVA+.
Alicia Bélanger-Bolduc
Véronique Bannon, icône de la télévision, fait son grand retour sur nos écrans après avoir traversé des années de turbulence. Véritable modèle de résilience et porte-voix de la santé mentale, elle chérit aujourd’hui les moments partagés avec son fils, Milan, et avec les jeunes qu’elle accompagne grâce à sa nouvelle vocation.
• À lire aussi: Véronique Bannon s’ajoute à la distribution de cette populaire quotidienne
• À lire aussi: Véronique Bannon aborde sa santé mentale
Véronique, on te voit présentement dans la série Indéfendable. Comment a été ton expérience sur le plateau?
C’était pour moi un beau défi auquel je ne m’attendais pas du tout! On m’a offert le rôle et, au début, je n’étais pas certaine que j’en serais capable. Honnêtement, je le prends comme un super cadeau, une vraie marque de confiance. Ce personnage m’a demandé d’aller puiser dans plein d’émotions différentes, et je pense qu’il y a dix ans, je n’aurais pas pu le jouer aussi bien. On me voyait d’habitude dans le rôle de la belle fille; là, on est complètement ailleurs!
Comment as-tu trouvé le rythme d’une quotidienne?
J’en ai justement parlé avec la jeune comédienne Axelle Michaud, qui interprète la fille de mon personnage et avec qui j’ai dû jouer beaucoup de scènes intenses. On se donne beaucoup en peu de temps et on a tellement d’émotions à livrer qu’on était complètement brûlées à la fin de la journée! (rires) J’ai connu ce genre de rythme, puisque j’ai joué dans Virginie et Watatatow, mais c’était épouvrant de revenir à ce type de jeu.
Nous avons également pu te voir dans Portrait-robot. Comment se passe ton retour au jeu?
Je chéris vraiment ces projets, parce que j’ai eu la chance d’atterrir dans de belles équipes bienveillantes. J’avais besoin de cet équilibre pour progresser. Je suis une fille de groupe et, bien que je sois arrivée en milieu de tournage, je me suis tout de suite sentie intégrée et à l’aise. Maintenant, je cherche avant tout des rôles qui me plaisent dans une équipe où je vais être bien. J’ai changé beaucoup d’aspects dans mon quotidien pour trouver cette stabilité et je sais à présent où je veux que ma vie se dirige, tant sur le plan personnel que sur le plan professionnel.
Tu n'es plus comédienne à temps plein. Quel est ton nouveau métier?
Je suis retournée aux études pour devenir éducatrice spécialisée. Je travaille dans une école avec les jeunes de la maternelle qui ont certaines difficultés. Je me suis longtemps définie uniquement par mon travail et ça m’a rendue malade à certains égards. J’ai dû m’asseoir et me demander ce que j’avais vraiment le goût de faire. Œuvrer auprès des jeunes a toujours fait partie de mes envies. Je suis allée chercher ma valorisation ailleurs et je fais maintenant une différence autour de moi. J’ai vécu une révélation et je crois que ça m’aide aussi à être une meilleure comédienne.
Ça te fait une vie tout de même chargée entre ces deux métiers. Comment envisages-tu le futur?
Je retourne même aux études dans quelques semaines pour compléter mes acquis! (rires) Le plus exigeant pour moi était de revenir sur les bancs d’école. Maintenant que je l’ai fait, ça me donne la force de continuer. J’ai toujours eu besoin d’être constamment stimulée dans mon quotidien, donc ça me convient très bien. Je suis très reconnaissante d’avoir une direction qui est très flexible et qui m’accorde des moments libres pour faire mes tournages.

Ton fils a commencé à jouer. Ça te fait quoi de voir ton garçon suivre tes traces?
Milan a 16 ans et termine le secondaire cette année. Il a fait une apparition dans STAT et reviendra bientôt interpréter le jeune Normand D'Amour. Quand on lui a proposé ce rôle, je voulais qu’il s’amuse, mais on savait tous les deux que ses études restaient prioritaires. Milan souhaite aller en droit à McGill. Moi, j’ai débuté ma carrière à 14 ans, et j’aurais aimé avoir plus de temps pour étudier. On a une très belle relation. On se dit tout, on a des conversations profondes. Dans notre maison, toutes les émotions sont permises. Ce que j’ai voulu lui transmettre, c’est le courage de nommer ce qu’on vit et d’y faire face.
Milan a aussi été élevé par un père artiste: le chanteur Marc-André Niquet. Est-ce que l’art fait partie de sa vie?
La musique a toujours fait partie intégrante de notre quotidien. Il a appris le piano par lui-même et se met souvent devant le clavier pour se détendre. Il a grandi avec deux parents pour qui c’était très important; c’est donc inné chez lui.
Tu as vécu des années plutôt difficiles. Pourquoi parler de santé mentale est-il encore essentiel pour toi?
La maladie fera partie de mon histoire pour toujours et je dois l’accepter. J’ai fait beaucoup de travail sur moi-même, mais je sais qu’il en restera longtemps. Ce n’est pas une blessure physique, tangible, que tout le monde peut voir. C’est à nous d’aller chercher de l’aide quand ça ne va pas bien. Maintenant, dans les périodes plus difficiles, je sais que j’ai des outils pour m’aider à traverser la tempête. J’aimerais que le plus de gens possible ne souffrent plus en secret.
Est-ce que travailler avec les jeunes et voir évoluer ton fils de cette manière guérit en quelque sorte ton cœur d’enfant qui a beaucoup souffert?
Ça a mis un baume énorme sur mon âme. Plus jeune, je ne comprenais pas pourquoi je n’étais pas aussi heureuse que les autres enfants. J’aurais aimé avoir une éducatrice comme moi pour me dire que j’étais normale et que je pouvais travailler sur moi. Aujourd’hui, je me rends compte que je peux aider des jeunes en me comparant à eux, car j’ai vécu des choses similaires. Voir un enfant se valider et comprendre ses émotions, c’est ce qui me fait le plus de bien. Je pense que, sans cette maladie, j’aurais été une petite fille très heureuse, puisque je suis rieuse et que j’aime être entourée de gens.

Vivre avec un problème de santé mentale tout en étant dans l’œil du public a-t-il été difficile?
C’était vraiment horrible, parce qu’en plus j’ai été une des premières à en parler ouvertement. Je me suis exprimée à ce sujet trois ans après ma tentative de suicide. Pendant tout ce temps, je m’isolais chez moi, car je ne voulais pas avoir à expliquer à une dame dans la rue pourquoi elle ne me voyait plus à la télévision. J’ai été très bonne pour mentir et cacher ma peine pendant des années, si bien que j’en ai surpris plus d’un à ma sortie publique. Quans je l’ai dit, il y a un grand poids qui s’est enlevé de mes épaules, mais j’ai également perdu des amis.
La Véronique d’il y a 15 ans serait fière de voir tout le parcours que tu as accompli!
Avant tout, ce parcours m’a rendue plus lucide et je chéris davantage les moments que j’ai la chance de vivre. Je prends le temps de savourer mes petites victoires et de me féliciter. J’ai pu voir mon fils grandir. Il y a eu une période où je n’étais pas convaincue que je serais encore présente. Il y a 10 ans, si on m’avait dit que j’allais retourner à l’école, que j’allais changer de métier, aider les enfants à se sentir mieux tout en acceptant des rôles qui me plaisaient, je ne l’aurais jamais cru possible.
Qu’est-ce qui t’a donné envie de revenir dans l’œil du public?
Je voulais vraiment essayer de me valider de la bonne façon et plus sainement. Avant, je souhaitais tellement que tout le monde m’aime que l’opinion des autres définissait qui j’étais. Je reviens pour l’amour du métier et non pour l’amour du public. J’ai cet équilibre où je peux être devant la caméra un jour, mais le lendemain, je suis avec mes jeunes qui ne savent pas que je suis célèbre, et ils peuvent me ramener sur terre.