Vincent Graton: Le jour où il a découvert qu’il était le sosie du chef des Hells Angels, «Mom» Boucher
«L'Appel» sur illico+ dès le 23 janvier 2025 (2 épisodes par semaine)

Marjolaine Simard
Depuis qu’il est sorti du Conservatoire de théâtre en 1981, Vincent Graton est présent sur nos écrans et séduit tous les auditoires. Après avoir incarné pendant près de 15 ans le rôle d’un bon père de famille dans L'auberge du chien noir, il se voit offrir de plus en plus des rôles de méchants, un registre qui ne lui déplaît pas. Dans la série percutante L'Appel, de Luc Dionne, il campe Maurice «Mom» Boucher, le chef des Hells Angels, un personnage de peu de mots, mais à la présence imposante. Rencontre avec un comédien toujours aussi passionné par son art.
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Vincent, tu incarnes un homme qui a véritablement existé et qui a semé la terreur durant la guerre des motards, à Montréal, dans les années 1990.
En fait, cette série met en lumière le travail de la procureure de la Couronne, France Charbonneau (Magalie Lépine-Blondeau), et celui des enquêteurs de l’escouade Carcajou, qui ont mené une enquête complexe pour faire tomber Mom Boucher. Sans eux, il n'y aurait jamais eu le deuxième procès de la Cour d’appel au terme duquel il a été condamné au début des années 2000.
Comment as-tu décidé d’incarner ce personnage?
Dans cette série, j’ai peu de répliques, car mon personnage est souvent assis sur le banc des accusés. Durant les procès, j’incarne mon personnage en lui donnant une présence forte. Magalie Lépine-Blondeau m'a dit: «Wow! La façon dont tu me regardes. C’est intense!» Je lui ai répondu: «C'est ça ma job!» Mom Boucher regarde cette avocate, qui tente de le faire emprisonner, en train de plaider... C’est certain qu’il l’haït!
Il y a une histoire cocasse derrière l’obtention de ce rôle. Peux-tu nous la raconter?
J'avais besoin d'un visa pour mon émission Climat d’urgence, dans laquelle je témoigne de l’impact des changements climatiques à travers la planète. Je suis donc allé faire des photos à la pharmacie. L'employée m'a fait remarquer que je ressemblais à Mom Boucher. J’ai envoyé la photo à un groupe d’amis, dont Luc Dionne fait partie, sans savoir qu'il écrivait sur lui au même moment. Il m'a demandé: «Que fais-tu en septembre?» Quelle coïncidence!
Comment se prépare-t-on à incarner un des plus grands criminels que le Québec ait connus?
Je suis comme ma compagne, France Beaudoin: nous partageons la même rigueur dans la préparation et le contenu de nos projets. J’ai lu les deux livres, j’ai consulté des archives et visionné de nombreuses bandes vidéos. L’un des plus grands plaisirs d’un acteur, c’est vraiment d’entrer dans la peau de son personnage. J’ai aussi eu la chance de rencontrer des enquêteurs de l’escouade Carcajou; leurs témoignages m’ont profondément nourri. On a eu une rencontre qui a duré de 15 h à 23 h. J’en ai appris tellement sur les coulisses de l’enquête.
Comment était-ce d’être dirigé par Julie Perreault, qui a porté le chapeau de réalisatrice pour ce projet?
C’était ma première collaboration avec elle. Elle a vraiment assuré. Les journées étaient longues, mais elle a su créer une ambiance géniale sur le plateau. Elle dirige avec finesse et humour. Il lui arrivait de rire pendant mes prises. Quand je l’entendais, je me disais: «Je l’ai, je le joue bien!»
On t’a longtemps cantonné dans des rôles de gars sympathique et gentil. Depuis un moment, le vent tourne...
Après le Conservatoire, j’ai souvent incarné des rôles d’amoureux et de jeunes premiers. Puis, à un moment donné, le vent a tourné. Là, je travaille sur une nouvelle série qui s'appelle Emprises, qui est écrite par François Pagé. J’interprète le père du personnage de Marilyn Castonguay. C'est une histoire de disparition. C’est un autre personnage complexe. C’est vraiment excitant!
Quelles étaient tes premières connexions avec le théâtre?
Je suis le neveu de Françoise Graton, qui a fondé La Nouvelle Compagnie Théâtrale. Mon père était le gérant du Théâtre Gesù, où la troupe a joué pendant 16 ans. C’était donc ma salle de jeu. Très jeune, j’accompagnais mon père au théâtre. Plus tard, je suis devenu placier et j’ai aussi fait des petits boulots avec les techniciens.
Est-ce que tu avais déjà de l’intérêt pour le théâtre à ce moment-là?
À l'époque, j’étais plus intéressé par le travail social. Puis, le hasard a fait que j’ai rencontré le comédien Alain Zouvi, qui a joué un rôle décisif dans mon parcours. La première fois que je l’ai croisé, Alain était au coin de la rue Côte-des-Neiges et du chemin Queen-Mary, où il faisait le robot pour gagner de l'argent. Je trouvais ça fascinant. J’ai fini par aller lui parler, et on est devenus amis. Son père, Jacques Zouvi, enseignait à l'École de théâtre de Saint-Hyacinthe, et il nous a proposé des ateliers de théâtre tous les dimanches après-midi. Plus tard, j’ai vu l’annonce d’un stage de théâtre qu’on donnait à Penetanguishene, en Ontario. Je suis parti passer l'été là-bas, et c’est là que j’ai eu un véritable coup de foudre pour le métier à l’âge de 18 ans. J'ai alors commencé à préparer mes auditions pour l’école de théâtre avec l’aide de Gaétan Labrèche; c'est Marc Labrèche qui m’a donné la réplique pour mes auditions. J'ai été admis au Conservatoire en 1978. J’étais dans la classe de Bernard Fortin, qui est toujours un grand ami.

Tu es aujourd’hui grand-papa...
Je suis grand-papa de deux petites filles: Clara, qui a trois mois, et Jeanne, qui a deux ans et quatre mois. Hier, je suis allé les voir, et j’en suis fou! Ma famille, mes enfants, c’est ce qui me fait vivre. J’ai eu une conversation avec France récemment, au cours de laquelle je lui ai dit que je réalisais que mon identité était profondément liée à ma capacité de prendre soin de ma famille. Si on m'enlevait cela, je perdrais une partie essentielle de moi-même.
Tu es connu pour aimer ouvrir les portes de ta maison...
Les portes sont toujours ouvertes. C’est notre façon de vivre à France et moi. Combien de fois à Noël, ça sonne à la porte: «Vous avez une place à votre table?» «Bien oui, il y a toujours de la place!» Pour nous, il n'y a jamais trop de monde à table. C'est moi qui cuisine, alors que France a un don pour créer de formidables ambiances.
Tu es également très attaché à ta nièce, la comédienne Rachel Graton...
Rachel est la fille de mon frère Benoît. Elle a toujours eu une nature artistique très forte. Très jeune, elle écrivait remarquablement bien. D’ailleurs, je trouve que Rachel ressemble beaucoup à France. Elles ont toutes deux une inventivité débordante et elles ont besoin de toucher à tout. Elles sont constamment en ébullition créative.
Il semble qu’il y ait un nouveau membre dans votre famille...
C’est notre tout petit Charlot. J’ai deux chiens: Arthur et le petit Charlot, qui vient d’arriver. Notre belle Madeleine est décédée il y a environ deux mois; elle était très importante pour nous. On n’a pas attendu trop longtemps avant d’adopter un autre chien. Quand on part à la campagne, on emporte toujours de la nourriture et nos chiens.