Procès de Maurice «Mom» Boucher: la juge France Charbonneau encense la nouvelle minisérie «L’appel», de Luc Dionne
Les deux premiers épisodes seront disponibles dès le jeudi 23 janvier sur illico+
Guillaume Picard
La juge France Charbonneau, que les Québécois ont connue en 2011 quand elle présidait la commission d’enquête sur l’industrie de la construction, est dithyrambique à propos des six épisodes de la nouvelle minisérie de Luc Dionne, L’appel, dont elle a visionné tous les épisodes en primeur.
Non seulement elle encense la comédienne Magalie Lépine-Blondeau, qui la personnifie à partir de 1997, il y a déjà 38 ans, mais elle lance également des fleurs à Luc Dionne, qu’elle connaît bien.
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Durant une table ronde, lundi, après la présentation des deux premiers épisodes aux médias, France Charbonneau a parlé de la série comme d’un «copier-coller de la réalité sous la forme d’un thriller».
L’appel, qui s’intéresse notamment aux meurtres de deux gardiens de prison et à leur commanditaire, le chef des Hells Angels Maurice «Mom» Boucher, est une série excitante qui roule à fond de train. On est dans l’action, mais aussi dans la stratégie policière pour freiner la guerre des motards, qui sévit dans la Belle Province à la fin des années 1990.
Basée sur des faits véridiques et sur un moment tragique de notre histoire, L’appel suit France Charbonneau dès son arrivée au sein de l’escouade Carcajou, à la fin de l’année 1997, comme conseillère juridique. Elle se retrouve seule dans un monde d’hommes, convaincue qu’elle peut mieux encadrer ses collègues moustachus pour que leur travail d’enquête tienne la route au tribunal.

«La série est absolument fabuleuse. Je suis extrêmement honorée et émue», a dit Mme Charbonneau depuis la Floride, où une vilaine pneumonie l’a retenue.
«J’étais assise sur le bout de mon siège. Je connaissais un petit peu la fin, mais j’avais hâte de me rendre à la fin tellement c’est bien fait et réaliste. Je vous assure que tout ce qui est dit, notamment en salle de cour, ce sont des extraits extrêmement pertinents que Luc a faits. Luc a fait un travail de moine. Il a lu les deux procès, il a lu toutes les transcriptions, il a lu tous les jugements, il a rencontré plein de gens pour rendre ça le plus vraisemblable possible.»
La juge lance des fleurs aux comédiens
France Charbonneau est aussi ravie du travail des interprètes. Et quelle brochette avons-nous devant les yeux pour nous raconter cette histoire forte! À commencer par le trio formé de Magalie Lépine-Blondeau, Pier-Luc Funk et Patrice Robitaille, sans oublier leurs camarades Christian Bégin, Karl Farah, James Hyndman, Pierre-François Legendre, Jean-Philippe Perras, David Savard, etc.

Vincent Graton, qui se glisse dans la peau d’un Maurice «Mom» Boucher terrifiant, ne parle pas beaucoup dans les deux premiers épisodes, mais il fait grandement sentir sa présence.
«Les comédiens sont époustouflants par leur réalisme. [...] Ils ont vraiment essayé de se coller à la peau des personnages sans imiter les gens. C’est d’un réalisme criant. Moi, je le sais, j’étais là», a poursuivi la juriste.

Devoir de mémoire
L’appel est une série incontournable pour France Charbonneau parce que les Québécois doivent se souvenir que «la peur était omniprésente» dans les années 1990, une époque où le crime organisé allait jusqu’à abattre des gardiens de prison pour déstabiliser le système judiciaire.
«Ce procès est important, ne serait-ce que pour démontrer que les jurés ont été capables de mettre de côté leur peur pour juger uniquement en fonction de la preuve», a-t-elle souligné.
France Charbonneau s’est jointe à l’escouade Carcajou pour ralentir la cadence et s’occuper de sa fille, apprend-on en visionnant L’appel. Elle avait, à titre de procureure aux assises, mené 80 procès et trouvait «excitant» l’idée de donner un coup de main à une escouade d’élite, tout en récupérant ses soirées et ses week-ends. Au départ, on le découvre, elle se tourne un peu les pouces, mais gagne rapidement la confiance des hommes qui l’entourent.

Les deux premiers épisodes, réalisés de main de maître par Julie Perreault, sont haletants, le rythme est soutenu et on souhaite connaître la suite, ce qui est toujours bon signe. Dans ce cas-ci, on gagnera à la clé de mieux connaître, et de l’intérieur qui plus est, un moment fort de notre histoire.
La musique appuie la tension tout comme les plans et la réalisation. Et c’est le retour dans un monde dominé par les pagettes, les énormes cellulaires et le papier.
- Produite par Fabienne Larouche et Michel Trudeau d'Aetios, L'appel compte six épisodes, qui seront disponibles à coup de deux chaque jeudi, dès le 23 janvier, sur illico+.