Usine de Moderna à Montréal: une victoire pour le Québec, dit Legault
Olivier Bourque et Raphaël Pirro
Ottawa et Québec ont officialisé vendredi matin la construction à Montréal de l’usine de Moderna, la seule à l’extérieur des États-Unis, une victoire pour le Québec, a lancé, triomphant, le premier ministre François Legault.
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La pharmaceutique américaine était aussi courtisée par l’Ontario, mais l’offre de Québec lui a semblé plus appétissante.
«Ça me fait plaisir de dire que le Québec a gagné la bataille pour l’usine de Moderna», a déclaré François Legault, vantant longuement l’importance de cette usine pour l’économie québécoise.
Ce dernier a aussi souligné l’apport du ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, qui avait pris ce dossier sous son aile lors des derniers mois. «Il en a passé, du temps, sur Moderna, c’est beaucoup grâce à lui. [...] On a beaucoup insisté, je dois te dire un grand bravo pour avoir réussi ce coup-là», a-t-il lancé à son ministre.
Les détails de l’entente n’ont pas encore été dévoilés, mais M. Fitzgibbon a indiqué qu’ils seraient rendus publics prochainement. «Il y a un cadre financier qui a été établi par les équipes d’Investissement Québec et le ministère, et Moderna est en train de finaliser le plan», a-t-il expliqué.
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Officiellement, l’investissement est évalué à 180 millions de dollars, mais, dans les prochains mois, ce chiffre sera beaucoup plus important, nous a confié une source gouvernementale. Il a été impossible de connaître les contributions d’Ottawa et de Québec.
Les deux premiers ministres étaient accompagnés de plusieurs ministres et de représentants de l’entreprise pharmaceutique, parmi eux le PDG de Moderna, Stéphane Bancel.
«En tant que francophone et admirateur du Canada et du Québec, c’est toujours un grand plaisir, pour moi, que de visiter cet endroit vraiment magique, et encore plus aujourd’hui, pour cette nouvelle historique», a souligné ce Français d’origine.
Moderna va implanter un «centre d’excellence» et une usine où l'on produira 30 millions de doses de vaccin ARN au départ, puis jusqu’à 100 millions de doses par année une fois le projet arrivé à maturité. Le PDG a parlé d’une «entente stratégique» de 10 ans.
La construction de l’usine devrait être terminée en 2024 et quelque 200 à 300 personnes devraient y travailler. Son emplacement n’a toujours pas été dévoilé.
M. Bancel a par ailleurs affirmé qu’une entente spéciale avait récemment été signée avec l’Université McGill. Cette entente permettra aux chercheurs de collaborer avec l’entreprise au développement de nouveaux vaccins.
«Moderna va investir massivement en recherche et en développement et faire des tests cliniques ici, chez nous. C’est donc tout l’écosystème qui va bénéficier de cet investissement», a souligné le ministre fédéral de l’Innovation, François-Philippe Champagne.
La pandémie actuelle a mis en lumière la vulnérabilité du Canada lors d’événements comme une pandémie. Le gouvernement fédéral souhaitait donc avoir plus de contrôle sur la production de vaccins et être moins dépendant d’autres pays.
«Que ce soit contre la COVID-19 ou d’autres maladies, les vaccins sauvent des vies. C’est important d’avoir des installations et une capacité de production à la fine pointe de la technologie», a souligné M. Trudeau, qui a aussi vanté l’implication du ministre Champagne.
«On l’appelle le “Energizer Bunny”, il est partout en train d’appeler et d’attirer des investissements», a imagé le premier ministre.
En août 2021, Moderna avait confirmé son intention de s’installer au Canada. À partir de ce moment, la région de Toronto et celle de Montréal ont fait des pieds et des mains pour attirer la pharmaceutique.
Mais Montréal, qui a un réseau important de chercheurs et d’universités très actives dans les sciences de la vie, a remporté la palme.
L’annonce d’aujourd’hui avait aussi un caractère spécial, puisqu'il s’agissait de la première rencontre entre le premier ministre Legault et son homologue Justin Trudeau depuis la dernière campagne électorale.
Lors de celle-ci, M. Legault avait donné son appui aux troupes conservatrices d’Erin O’Toole, ce qui avait jeté un froid entre lui et M. Trudeau.
Les deux hommes ne s’entendent toujours pas sur un certain nombre de dossiers, notamment sur les transferts en santé et sur le système d'immigration.