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«Je ne veux plus faire payer les patients»: une omnipraticienne quitte la pratique médicale

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Agence QMI

2 avril à 11h28
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Une omnipraticienne en santé mentale, qui exerce au privé depuis 15 ans, va quitter la pratique médicale à contrecœur parce qu’elle ne veut plus «faire payer» ses patients, et ne se reconnaît pas dans la «médecine McDo» du public.

• À lire aussi: Allers-retours entre le privé et le public: les médecins devront obtenir une autorisation de Santé Québec

En entrevue sur les ondes de QUB radio au 99,5FM Montréal, Dre Marilou Sauvé a expliqué avoir atterri dans le privé «par dépit» il y a 15 ans, car elle ne trouvait pas de place dans le public près de chez elle. 

Depuis un an et demi, elle dit avoir cherché de nouveau à intégrer le public, en vain. «Je ne veux plus travailler au privé, je ne veux plus faire payer les patients et je ne suis pas capable [d’aller au public]», a-t-elle confié au micro d’Isabelle Maréchal.

L’omnipraticienne en santé mentale a expliqué s’être heurtée à des problèmes de bureaucratie et au mode de facturation auquel elle n’adhère pas.

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«Les gens ignorent la bureaucratie [et] ne savent pas pourquoi les médecins sont au privé. Ce que j'entends, c'est des gens [...] qui ne sont pas au privé qui viennent dire pourquoi le privé ne devrait pas exister [...] [et] qu'est-ce qu'il faut faire, mais personne ne vient de là», a-t-elle déploré.

Selon elle, ceux qui travaillent dans le privé y sont parce qu’ils «ne peuvent pas faire le travail qu’il faut au public».

Elle rappelle qu’au Québec, un médecin de famille dans le public doit inscrire des patients à son nom pour avoir un salaire et est payé à l’acte. «Si on ne veut pas faire ça, on ne peut pas travailler», affirme Mme Sauvé, qui déplore des conditions de «médecine McDo» où les professionnels de la santé ne passent que 15 minutes avec leurs patients.

«Il n'y a pas de considération pour le temps du médecin, pour les soins de qualité aux patients. C'est que du rapide. Si on ne veut pas le faire, la seule façon, c'est d'aller au privé.»

Elle plaide plutôt pour une médecine où les docteurs «prennent le temps».

«En ce moment, les médecins sont payés pour faire des sinusites, des otites, des jobs d'infirmière et d'[infirmier praticien spécialisé]. Moi, j'aime la médecine, les cas compliqués, j'aime me casser la tête, j'aime ça les cas lourds, mais ça prend du temps.»

«Je ne peux pas continuer»

Émue, Dre Sauvé a raconté avoir envoyé une lettre à ses patients pour leur annoncer qu’elle arrêtait la pratique médicale afin de travailler pour une entreprise de consultants qui fait des expertises en santé mentale.

«Je quitte parce que je ne peux pas continuer [...]. Ça fait 15 ans que je travaille au privé et à chaque fois que je tends le machin pour payer avec la carte de crédit, ça me fend le cœur. Puis en santé mentale, c'est des heures et des heures de travail qu'il faut charger, que je ne charge pas parce que je ne suis pas capable. Je me suis dit que je ne peux pas continuer à faire ce travail-là toute seule en faisant payer les patients.»

Elle s’inquiète désormais pour ses patients, pour la plupart des «cas lourds», qui vont avoir besoin d’être suivis en psychiatrie, et vont se retrouver «en détresse» sur le guichet pour la clientèle orpheline.

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