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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

«Les policiers nous l'ont dit, on se rappelle toujours le premier cadavre», explique Mylène St-Sauveur, co-idéatrice du documentaire en 2 épisodes «Alertes: COBRA

Eve B Lavoie
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Photo portrait de Emmanuelle Plante

Emmanuelle Plante

5 avril à 11h
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Mylène St-Sauveur est une actrice que nous avons vue grandir sur nos ondes depuis 20 ans. Elle a incarné Ariane dans Tactik, Kim dans Destinées, Mireille dans Les jeunes loups, Fanny dans Hubert et Fanny, Artémise dans Les pays d’en haut. Depuis 5 saisons, elle interprète Lily-Rose Bernard dans Alertes, une sergente-enquêtrice pour Cerbère, une unité spéciale de la police pour les cas d’enlèvement. Un rôle pour lequel elle s’est infiltrée dans la police à quelques occasions afin de mieux comprendre son personnage. Avec son partenaire, Frédéric Pierre, qui incarne Renaud Magloire, elle a eu l’idée d’offrir au public leur expérience. Dans un documentaire en deux volets, Mylène et Frédéric nous entraînent dans une zone à laquelle nous n’avons pas accès autrement que par la fiction, pour montrer le travail que les policiers effectuent réellement sur le terrain.

Eve B Lavoie
Eve B Lavoie

Dès le premier épisode, nous avons droit à des cas très diversifiés. Sur combien de jours avez-vous tourné pour nous montrer de tels cas?

Huit jours seulement, dont deux en pleine tempête en février alors que le secteur chaud du poste 38 était silencieux. Nous avons tourné avec des équipes de Montréal, Longueuil et Terrebonne. Des fois, une arrestation pour cellulaire au volant débouche sur un trafiquant non fiché qui avait beaucoup de stock dans sa voiture. Une intervention qui a peut-être sauvé quelqu’un d’une overdose. Il y a beaucoup plus de gens qu’on pense qui souffrent ou qui choisissent le chemin de la criminalité pour toutes sortes de raisons.

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Comment te sentais-tu lors des interventions?

L’adrénaline, on la ressent. Ne serait-ce qu’à cause de la vitesse en voiture! Dans le deuxième épisode, on va sur un cas de bébé secoué par son père, qui a été collaboratif. C’était notre première journée de tournage. Fred et moi, on a craqué. On est parents. C’est du monsieur et madame Tout-le-Monde. Ça pourrait arriver à n’importe qui. Nous avons assisté à un cas de pornographie juvénile. Je me suis mise à pleurer. J’ai demandé aux policiers lesquels étaient parents. Ils ont tous levé la main. Je ne sais pas comment ils font. Dans certains postes, il y a un roulement, mais tous ne peuvent pas faire ça par manque d’effectif. Nous avons eu des cas de consommation, de violence conjugale. Notre équipe a été très trouper. Nous pouvions débreffer dans l’auto.

Dans une de vos interventions, il y avait un mort. C’est difficile de se préparer à ça!

C’est une déformation professionnelle d’avoir une curiosité aiguisée. Les policiers nous l’ont dit, on se rappelle toujours le premier cadavre. L’homme était décédé depuis plusieurs jours, la couleur de sa peau avait changé. Je n’en reste pas traumatisée parce que c’était une scène «propre». Mais j’ai des relents de l’odeur encore. Ça relativise beaucoup d’affaires. C’était notre 14 février, à Fred et moi.

TVA
TVA

En quoi ces moments d’immersion ont-ils influencé ta façon d’aborder ton personnage?

Ça a permis d’approfondir le côté humain derrière l’uniforme. C’est beaucoup dans le débit de parole aussi. Au téléphone, dans leurs rencontres avec les gens dans la rue. Même si nos textes sont écrits, il faut les rendre le plus près possible du quotidien. Ce ton-là, business as usual. Ça a influencé la prise de notes aussi. Les policiers ont toujours un carnet sur eux et écrivent tout. C’est pour éviter le jeu du téléphone dans la chaîne de preuves. Tout doit être clair parce qu’il y a toujours des possibilités qu’ils soient appelés en cour deux ans après une intervention. Je me suis mise à utiliser davantage le matériel mis à notre disposition, dossiers, cahiers, pour plus de réalisme. C’était mon cinquième COBRA avant de faire le documentaire. J’ai eu la chance de passer une journée avec l'EDRE (équipe spécialisée dans les disparitions, les recherches de famille et les enlèvements parentaux) au SPVM. J’ai eu le feeling de vivre ce que je vis avec Cerbère. Ça m’a beaucoup nourri.

Penses-tu que ce genre de documentaire peut changer le regard parfois négatif que des gens ont à l’égard de la police?

Il y a un côté social et humain que nous avions envie de montrer à la base. On n’est pas dans du sensationnalisme. Nos personnages ont un capital de sympathie. Pas eux. C’est très exigeant pour un travail mal aimé. Ils sont là pour nous. Ça demande un dévouement énorme. On voulait montrer ce qui fait que, même après 800 dossiers de pornographie juvénile, tu retournes au travail tous les matins.

Alertes: COBRA

Les lundis 7 et 14 avril 21h à TVA

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