Qui ravive les tensions au Québec?

Philippe Léger
On accuse souvent le gouvernement Legault de jouer la « carte identitaire ». D’utiliser ces enjeux comme carburant politique. De faire dans la stratégie électoraliste identitaire. Il y a assurément du vrai là-dedans.
Mais on occulte souvent – si ce n’est pas tout le temps – que les politiques identitaires sont aussi souvent pratiquées par le gouvernement Trudeau. Et qu’il en profite aussi politiquement.
Ces derniers jours l’incarnent bien.
Qui a ravivé les tensions identitaires au Québec ? Qui ramène les divisions liées à la loi 21 ? Qui jette de l’huile sur le feu ?
Personne d’autre que le gouvernement fédéral et son PM, Justin Trudeau.
Loi 21
Les débats liés aux signes religieux ont traîné pendant quinze ans à la cheville du Québec.
Des accommodements raisonnables, à la commission Bouchard-Taylor, jusqu’à la Charte des valeurs, la CAQ a finalement adopté la loi 21, résultat d’un consensus. Tout ce qui traîne se salit : les déchirements sur cette question étaient devenus toxiques.
En accord ou pas avec cette loi, là n’est pas la question, les tensions se sont amenuisées depuis qu’une ligne de sable a été tracée. La défense de la loi 21 par le PM Legault était malhabile, mais là-dessus, il avait raison : la tempête s’était calmée.
Mais le PM Trudeau nous force à y replonger tête première. Au détriment du climat social.
Il y a deux semaines, il annonçait son intention de questionner la Cour suprême sur l’utilisation de la clause dérogatoire sur la loi 21 et la loi 96. Et ce, même si celle-ci risque de s’y pencher en parallèle avec la contestation de la loi 21. On ne s’enfarge pas dans les détails quand on souhaite envoyer un signe ostentatoire et politique de son opposition.
Et maintenant, l’affaire Amira Elghawaby, dont, avouait-il, il connaissait les propos. Comment ne pas savoir qu’une telle nomination allait enflammer le Québec ?
Il y a deux hypothèses.
Un, il l’ignorait, ce qui dévoilerait sa méconnaissance profonde du Québec. Deux, il le savait, mais il constatait aussi que ça lui profiterait à terme. J’opte pour la deuxième hypothèse.