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L'article provient de Le Journal de Montréal
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Les sites de désinformation sur l'Ukraine, danger pour la crédibilité des médias

AFP
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24 mars à 2h11
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Les sites russes se présentant comme des sites d'information, mais répandant en réalité de la désinformation sur l'Ukraine, se multiplient, avec comme objectif de saper la confiance du public envers les vrais médias, alertent des chercheurs. 

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Plus tôt dans le mois, le site Clear Story News a ainsi rapporté une fausse information selon laquelle le président ukrainien Volodymyr Zelensky utilisait l'argent donné par les États-Unis pour payer des journalistes occidentaux pour dire du mal de Donald Trump.

Cet «article» était illustré par une image d'une lettre censée avoir été envoyée par Volodymyr Zelensky au président du Parlement ukrainien pour lui demander qu'un «plan» pour "créer une image négative" du président américain soit mis en place.

Selon l'organisation NewsGuard, spécialisée dans la lutte contre la désinformation et qui s'est ici appuyée sur le logiciel de vérification InVID, la lettre est fausse, puisque le sceau présidentiel et la signature de Volodymyr Zelensky ont été modifiés numériquement.

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Toujours selon NewsGuard, Clear Story News est un site d'influence russe lié à John Mark Dougan, un activiste américain pro-Kremlin.

Le même «article» a été publié une semaine plus tard sur un autre site de désinformation prorusse, USATimes.news.

Ces faux sites d'information tentent de gagner en crédibilité aux yeux du grand public.

«Ils sont souvent conçus pour rassembler à des sites d'information locale classiques, que ce soit dans le ton des articles, la mise en page ou le logo du site. Cela leur permet de disséminer de fausses informations en ayant l'apparence de sources indépendantes et fiables», explique la chercheuse de NewsGuard, McKenzie Sadeghi, à l'AFP.

«Ce n'est pas tant qu'ils attaquent directement les médias, c'est qu'ils veulent profiter de leur crédibilité en touchant un public qui, habituellement, se méfierait de la propagande d'État», ajoute-t-elle.

1265 faux sites d'information 

NewsGuard a identifié 1265 sites qui se présentent comme des médias neutres, mais sont en réalité soutenus par des organisations partisanes ou des gouvernements comme la Russie ou l'Iran.

Le mois dernier, un site allemand, aktuell-nachricht.de, a affirmé que Volodymyr Zelensky avait acheté le «Nid d'Aigle», un repère d'Hitler en Bavière. Une fausse information, comme l'ont démontré notamment les fact-checkeurs de l'AFP.

Selon l'ONG allemande Correctiv, ce site est lié à un réseau d'influence russe appelé «Storm-1516».

Les chercheurs spécialistes de la désinformation et les responsables du renseignement occidental ont trouvé des liens entre ce réseau et John Mark Dougan, ancien Marine américain et policier en Floride exilé en Russie après des accusations d'extorsion et mises sur écoute.

«Les acteurs de la désinformation exploitent la crédibilité de médias de confiance pour maximiser les chances que de fausses informations soient largement répandues», avertit de son côté l'organisation NewsGuard.

«L'ironie est que les personnes derrière ces opérations de désinformation sont souvent dédaigneuses, voire carrément hostiles, à l'égard des grands médias mais font beaucoup d'efforts pour les imiter», note McKenzie Sadeghi.

Mais la méthode semble plutôt efficace.

L'ouragan de mensonges qui souffle sur internet participe à la méfiance du grand public envers les vrais médias.

Les sites de propagande avaient pour habitude d'utiliser de vrais auteurs, mais les outils d'intelligence artificielle leur permettent maintenant de produire beaucoup plus rapidement, et de manière moins coûteuse, des contenus difficiles à distinguer des vraies informations, pour un œil non averti.

Une autre tactique qui a le vent en poupe consiste à attribuer la paternité de fausses informations à de vrais médias.

Récemment, une fausse «Une» de l'hebdomadaire britannique «The Economist» sonnait ainsi l'alarme contre l'«apocalypse» et la Troisième Guerre mondiale qui se déclencheraient en cas de soutien militaire américain à l'Ukraine.

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