L’emblématique dépanneur Peluso du Plateau fermera ses portes après plus de 40 ans
Léa Martin
Un chapitre se ferme pour le dépanneur Peluso, un lieu emblématique niché à l’angle des rues Rachel et D’Iberville. Après plus de 40 ans à servir la communauté et à révolutionner la distribution de bières de microbrasseries à Montréal, son propriétaire a pris la décision de baisser définitivement le rideau.
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Épuisé par les transformations profondes de son quartier, il s’apprête à tourner une page chargée d’histoire et de passion, le 6 janvier prochain.
«Après la vente de l'immeuble à la Ville de Montréal – qui devrait éventuellement construire des logements sociaux – nous avions prévu fermer à la fin du printemps prochain. Or, avec la conjoncture actuelle, l'incertitude du marché ainsi que les nombreux vols, nous avons dû prendre la difficile décision de rendre les armes quelques mois avant le temps», peut-on lire sur la publication Facebook publiée sur la page du Peluso le 19 novembre dernier.
«On a eu trois vols en deux mois», déplore Tony Peluso.
«Ils ne viennent pas voler la bière, mais les cigarettes. C’est pour ça qu’on n’en vend plus», ajoute-t-il.
Lors du troisième incident, l’homme de 64 ans a vu des policiers débarquer avec leur arme à la main. Après cette expérience «traumatisante», il a décidé que c’en était assez.
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Vendre autre chose que de la Molson
Au début des années 2000, Tony et ses associés ont eu envie de faire connaître aux Montréalais de bonnes bières brassées aux quatre coins du Québec. L’idée, c’était d’offrir autre chose que juste de la Molson et de la Heineken.
Tony Peluso s’est vite fait connaître des microbrasseurs. Que ce soit en Estrie ou dans la banlieue de Québec, lorsqu’il leur téléphonait, il n’avait jamais besoin de se présenter: tout le monde reconnaissait sa voix et son accent italien, se souvient-il fièrement. L’homme d’affaires, qui gardera son deuxième dépanneur de la rue Beaubien ouvert, explique s’être inspiré, dans ses débuts, de la Société des alcools du Québec (SAQ).
«La façon dont ils faisaient du marketing pour vendre le vin. Je me suis dit que j’allais faire la même chose. On disait souvent aux clients qu’on était la SAQ de la bière. On était les premiers à faire ça», raconte-t-il fièrement.
La pandémie a laissé des traces
Tony Peluso l’admet: la pandémie a fait mal à son commerce... et au quartier où il a pignon sur rue.
Et avec la vie qui coûte toujours plus cher, il n’y a plus autant de gens qui achètent de la bière de microbrasserie, qui est souvent plus chère que celle des grandes marques. Mais malgré ces temps plus difficiles, le dépanneur Peluso bénéficie toujours d’une clientèle fidèle.
«Les clients venaient de partout à Montréal et même de banlieue», reconnaît Tony Peluso.
Le commerçant invite d’ailleurs les habitués à venir faire leur tour avant la fermeture. Il a commandé des produits spéciaux pour l’occasion, dit-il.
Des clients reconnaissants
Sur Facebook, l’annonce de la fermeture de l’institution montréalaise a aussi suscité des réactions.
«Les microbrasseries vous en doivent une pour nous avoir fait découvrir et aimer des bières de toutes sortes, sans compter les nombreuses files d’attente pour les exclusivités», commente un utilisateur.
«J’ai déjà habité à côté il y a un bon 20 ans, avant l'agrandissement. C'était la place où il y avait le plus de choix de bières à Montréal. Je me rappelle un jour de tempête de neige où le patron nous trouvait un peu fous de partir avec une 24 en vélo. Toute une perte, ce dépanneur», écrit un autre.
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