«Ce projet est une aberration»: des manifestants dénoncent le projet d’agrandissement de l’usine de Stablex
Le projet de loi du gouvernement Legault pour l’imposer passe d’autant plus mal dans un contexte tendu avec les États-Unis

Olivier Faucher
Des centaines de personnes se sont rassemblées samedi devant l’usine de Stablex sur la Rive-Nord pour s’opposer au projet de loi du gouvernement caquiste qui imposerait un agrandissement de l’entreprise qui enfouit des déchets dangereux importés entre autres des États-Unis, au détriment d’une zone à haute valeur écologique
«Ce projet est une aberration, s’insurge Denise Mercille, qui vit à quelques minutes de marche de Stablex. Pourquoi on se taperait des déchets venant des États-Unis et de l’Ontario?»

Le gouvernement Legault a déposé un projet de loi qui obligerait la Ville de Blainville à vendre un terrain dans sa grande tourbière, un écosystème à haute valeur écologique, à Stablex, une filiale d’une multinationale américaine installée depuis 1983 dans la municipalité.
Cela permettrait à l’entreprise de créer une nouvelle cellule d’enfouissement de résidus industriels dangereux et de poursuivre ses activités en 2067, un projet qui va à l’encontre des recommandations du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE).

«Une superficie de quatre stades olympiques au profit d’une multinationale américaine, on n’en veut pas!» a crié dans son mégaphone Marie-Claude Archambault, de la Coalition des citoyens de Blainville contre la cellule 6 de Stablex.

Le projet de loi caquiste survient alors que le Canada et les États-Unis se livrent à une guerre tarifaire, et que le président américain répète à tout-va qu’il veut faire du pays son 51e État.
Poubelle des États-Unis
Un mouvement d’opposition citoyenne à l’entreprise a pris de l’ampleur au cours des derniers mois, après une enquête du quotidien britannique The Guardian parue en janvier dernier.
Celle-ci a révélé que le Québec était en quelque sorte devenu la poubelle des États-Unis, pointant du doigt Stablex et la Fonderie Horne qui enfouissent de plus en plus de déchets toxiques provenant de nos voisins du Sud. Le Journal a ensuite révélé que Stablex, une filiale de la multinationale américaine US Ecology, était le plus grand importateur de déchets dangereux au Québec et le second au Canada entre 2018 et 2022.
Et le contexte de guerre commerciale avec l’administration Trump ne fait rien pour apaiser la colère des opposants.
«Trump, qu’il les garde ses déchets toxiques!» a lancé Martine Ouellet, cheffe de Climat Québec, devant la foule d’environ 200 personnes réunies samedi après-midi.
Sur place, des participants et organisateurs ont exprimé leurs craintes quant aux effets des activités de l’entreprise sur l’environnement et la santé. Certains sont si inquiets qu’ils demandent le départ pur et simple de l’entreprise.
«II faut qu’elle parte. Il faudrait trouver une façon de traiter nos déchets, mais s’éloigner des zones peuplées comme ici», croit Denise Mercille.
«On est tannés qu’ils nous volent nos terrains et qu’ils enfouissent des résidus toxiques dans notre ville», tonne de son côté la Blainvilloise Julie Neveu. «Ce n’était pas assez connu ce qui était enfoui ici quand on a emménagé ici», poursuit son conjoint, Martin Duceppe.

Pour sa part, la mairesse de Blainville, Liza Poulin, s’oppose au projet d’agrandissement et au projet de loi de la CAQ. Elle n’est néanmoins pas vue comme une alliée par des manifestants.
Ceux-ci l’accusent de vouloir privilégier un autre terrain situé à 300 mètres d’une zone résidentielle qui permettrait à Stablex de poursuivre ses activités pour les 25 prochaines années.
Stablex défend son projet
En réaction à la manifestation, le porte-parole de Stablex, Maxime Couture, a fait valoir que son projet d’agrandissement était «la seule option viable» pour assurer la continuité d’un service essentiel et «éviter une crise qui mettrait en péril 600 entreprises québécoises qui dépendent de ses infrastructures».
Le rapport du BAPE datant de 2023 soulevait que 59% des déchets que Stablex enfouissait provenaient du Québec et 29%, des États-Unis.
M. Couture ajoute que c’est la Ville de Blainville qui a autorisé la construction de maisons près de ses infrastructures actuelles qui existent depuis 40 ans et que c’est pourquoi Stablex veut éloigner ses opérations des zones habitées.