Soja, pétrole, médicaments: voici les produits les plus exposés à la riposte chinoise

AFP
La réplique de la Chine aux États-Unis, qui va voir les produits américains taxés à 34%, risque de frapper de plein fouet les secteurs agricole, énergétique et pharmaceutique de la première économie mondiale, grands exportateurs en République populaire.
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Ces 34% sont les mêmes que ceux imposés par Donald Trump aux biens chinois importés aux États-Unis, qui appliquaient déjà un taux de 20% et vont ainsi porter les droits de douane à 54%.
Troisième destination
La Chine est la troisième destination des États-Unis à l'export, avec 144,6 milliards de dollars de biens écoulés en 2024, loin derrière le Canada et le Mexique. Dans le même temps, le deuxième pays le plus peuplé du monde a vendu pour 439,7 milliards de dollars de produits aux États-Unis.
«Si les États-Unis restent évidemment un marché très important» pour la Chine, côté importations, «un nombre plus restreint d'entreprises chinoises sont dépendantes de fournisseurs américains», explique Lynn Song, chef économiste d'ING pour la Chine.
L'agriculture première cible
Premier importateur mondial de soja, la Chine a commandé, en 2024, plus de 22 millions de tonnes de l'oléagineux en provenance des États-Unis.
Selon Scott Gerlt, chef économiste de l'Association américaine des producteurs de soja, ce seul pays a englouti 52% des exportations américaines de glycine max, son nom scientifique.
«Les fermiers américains vont souffrir», a anticipé la vice-présidente de l'Asia Society Policy Institute, Wendy Cutler, «car leurs produits agricoles vont devenir trop chers pour être compétitifs».
Les exportations de céréales et oléagineux américains vers la Chine ont pesé 15,5 milliards de dollars l'an dernier, selon le département américain du Commerce.
Le cours du soja américain a décroché vendredi après l'annonce de la riposte chinoise, abandonnant 3,41% sur la séance.
Le pétrole menacé
Également premier importateur mondial de pétrole, la Chine en a acheté pour 14,7 milliards de dollars en 2024, essentiellement brut, mais aussi sous forme de produits raffinés.
L'an dernier, l'équivalent de 313 millions de barils d'or noir et produits pétroliers américains a pris la direction de République populaire, selon l'Agence américaine d'information sur l'Énergie.
Autres grands secteurs d'exportation vers la Chine, les machines (15,3 milliards) et les produits pharmaceutiques et médicaments (9,5 milliards).
Les puces en ligne de mire
Jadis friande des semi-conducteurs américains les plus avancés, la Chine a été contrainte de réduire ses approvisionnements, après que le président américain Joe Biden a introduit des restrictions à l'export.
Le gouvernement américain entendait ainsi ralentir le développement de l'intelligence artificielle (IA) dans la première économie asiatique.
Les autorités chinoises avaient déjà réagi en limitant les exportations de minéraux critiques, et ont indiqué vendredi qu'elles allaient encore davantage durcir leur politique dans ce domaine.
«La Chine contrôle 69% de l'extraction des terres rares», des métaux aux propriétés électromagnétiques utilisés notamment dans les téléphones intelligents ou les véhicules électriques, souligne Emily Benson, du cabinet Minerva Technology Policy Advisors.
Le pays possède également 90% des capacités mondiales de raffinage de ces terres rares.
«Cela pourrait devenir un goulot d'étranglement à l'avenir», prévient Emily Benson, les États-Unis étant «relativement exposés», sauf à «investir massivement pour développer la production sur leur territoire».