Sandra Plourde apprend à vivre avec le décès subit de sa mère
Nathalie Slight
Depuis sa victoire à MasterChef Québec, Sandra Plourde a lancé le balado Complètement foodie, la gamme de produits Sandra foodie, en plus de participer à plusieurs événements gourmands et d’obtenir un franc succès sur les réseaux sociaux. À travers son succès, la jeune femme a toutefois vécu un drame: sa maman s’est enlevé la vie.
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Sandra, depuis ta victoire à MasterChef Québec, tu enchaînes avec succès différents projets, tant sur le plan professionnel que sur le plan personnel. Peu de gens le savent, mais tu as vécu une grande épreuve ces derniers mois. Peux-tu nous en dire plus?
Bien sûr. L’an dernier, je me suis mariée au Mexique, le 3 avril, entourée de ma famille et de mes amis. Le jour suivant, je remportais la première édition de MasterChef Québec à TVA. Le 7 avril, je célébrais mon 35e anniversaire de naissance et le 8 avril, ma mère s'enlevait la vie, la journée de l'éclipse solaire. J’accepte d’en parler aujourd’hui, en espérant que mon histoire puisse aider des gens.
Son décès a dû être une surprise pour toi!
Totalement. Elle n’a montré aucun signe avant-coureur, personne ne s’attendait à ça. Au cours de sa vie, elle a vécu son lot de détresse psychologique, elle a dû conjuguer avec quelques dépressions, mais elle avait toujours réussi à se relever. Ces derniers temps, elle semblait bien aller. Elle avait cessé de boire depuis 6 mois par elle-même, sans aucune aide.
(Des larmes montent aux yeux de Sandra...)
Le plus difficile, c’est de ne pas savoir pourquoi elle est passée à l’acte. Alors que j’étais au top du bonheur, elle était au plus bas. Mais je sais qu'elle était fière de moi. Je n’ai jamais eu de doute là-dessus et je n'en aurai jamais.

Dans le même mois, tu as vraiment vécu des montagnes russes d’émotions. Comment réussis-tu à passer au travers?
J’apprends tranquillement à vivre avec l’absence de ma maman. Je ne vous cacherai pas qu’il y a des jours plus sombres que d’autres. Par exemple, à Noël, j’ai trouvé ça extrêmement difficile, car c’était sa fête préférée. Elle se donnait beaucoup, car elle voulait absolument que tout le monde passe un beau temps des fêtes. Je dois avouer que je redoute aussi le 8 avril prochain, la date où elle a mis fin à ses jours. Je vais prévoir quelque chose de réconfortant, peut-être un petit repas en sa mémoire.
Cette épreuve a-t-elle changé ta façon de voir la vie?
J’essaie toujours de voir le verre à moitié plein et de me concentrer sur le bon côté des choses. Dans ce cas-ci, c’est assez difficile. Je ne suis pas une personne qui est très spirituelle, mais je suis convaincue que les épreuves qu’on affronte dans la vie, même si elles sont extrêmement difficiles, nous permettent d’évoluer et de devenir une meilleure version de nous-mêmes.
(Sandra prend une grande respiration, essuie ses larmes et poursuit...)
Dans la vie, on ne contrôle pas grand-chose, sauf notre façon de réagir aux différentes situations qui se présentent à nous. Je me suis concentrée sur la grosse dose d'amour que j'ai reçue du public, après avoir gagné MasterChef Québec. Ça m'a vraiment fait du bien. Être dans l’action, entreprendre des projets, passer du temps de qualité avec ma famille et mes amis rend aussi mon deuil moins lourd.
Tu sembles douée pour le bonheur!
Oui, je le suis! Si le décès de ma maman m’a appris quelque chose, c’est qu’il faut profiter au maximum de chaque petit moment de joie qui passe dans une journée. Ça n'a pas besoin d’être aussi intense que de remporter MasterChef ou de me marier dans le Sud! Cuisiner avec ma fille, confirmer un invité à mon balado, voir mes produits en vente dans une épicerie fine... tout ça me rend heureuse.
Justement, parlons de ta fille Florence. Elle participe de temps à autre aux capsules que tu publies sur les réseaux sociaux. Elle est super bonne, une véritable vedette en devenir!
C’est vraiment venu d’elle! Comme plusieurs enfants de sa génération, elle souhaite devenir youtubeuse. Depuis un petit moment déjà, elle me demandait de tourner une vidéo de cuisine avec moi. Je savais qu’elle serait bonne, parce qu’elle n’est pas gênée et qu’elle est super expressive. Mais sincèrement, elle m’a impressionnée par sa spontanéité et son sens de la répartie.
Quel âge a-t-elle?
Huit ans. L’été dernier, j’ai animé plusieurs ateliers de cuisine. Lorsqu’elle venait avec moi, elle jasait avec le public et recommandait mes produits. Elle y va même avec des conseils du genre: «Vous devez absolument essayer cette sauce sur des côtes levées ou ces épices sur des patates!»
Vous avez une belle complicité!
Oui, vraiment. Lorsqu’on tourne ensemble, je conserve les moments les plus cocasses quand vient le temps de faire le montage. Sincèrement, j’ai l’embarras du choix, car on se fait beaucoup rire l’une l'autre, Florence et moi. Mon but, avec mes publications, c’est d’inspirer les gens et de leur montrer que ce n'est pas sorcier de cuisiner.
Florence va-t-elle participer à MasterChef Junior?
Non. MasterChef Québec représente une des plus belles expériences de ma vie, mais une des plus stressantes aussi. Je ne voulais pas lui imposer ça, surtout pas avec la pression d’être la fille de la gagnante de la première édition! Pour l’instant, on a du plaisir à publier des capsules sur les réseaux sociaux, et c’est parfait comme ça.
Ton garçon a-t-il hérité de ta passion pour la cuisine?
Oui. La fin de semaine dernière, il a préparé le déjeuner pour toute la famille. C'était digne d’un repas au restaurant! À 11 ans, Étienne est super intéressé par la cuisine, mais pas trop par les caméras. C’est pour cette raison qu’on le voit moins sur mes réseaux sociaux.
Quels sont tes projets?
Mes produits Sandra Foodie sont disponibles dans plusieurs boucheries et épiceries fines, car j’aime l’idée d’encourager des entrepreneurs québécois. J’ai aussi lancé mon balado, Complètement foodie. Lorsque j’ai remporté MasterChef Québec, je souhaitais animer ma propre émission de cuisine. Je réalise finalement mon rêve avec ce balado: ça me permet de jaser avec des gens tout aussi passionnés de cuisine que moi et de faire connaître des entreprises québécoises. Ce n’est que du gros bonheur, ce projet-là!

En terminant, quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui vient de perdre un proche de façon subite?
Je crois que chacun vit son deuil à sa façon. Pour ma part, je reste occupée pour ne pas broyer du noir, mais je prends le temps de vivre ces émotions, de pleurer et même de crier s’il le faut. Au départ, j’étais dans la colère et l’incompréhension. Je me posais beaucoup de questions auxquelles je n’aurai jamais de réponse. Aujourd’hui, je suis davantage dans la peine et la nostalgie. Il y a un dicton qui dit «Le temps arrange les choses», et c’est tellement vrai!
Si vous ou un proche avez des idées noires, contactez le Centre de prévention du suicide: 1 866 APPELLE (277-3553).
