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Culture

Marianne St-Gelais fait de touchantes confidences sur sa vie post-olympique

Photo : Bruno Petrozza / TVA Pu
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Dave Morissette

2023-05-24T10:00:00Z
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La triple médaillée olympique en a ému plus d’un lors de son passage à Sortez-moi d’ici!. Au fil des épisodes, il est devenu évident que sa présence dans la jungle allait bien au-delà du désir de remporter 100 000 $ pour la maison des Quatre-Chemins qui vient en aide aux athlètes qui amorcent une transition de carrière et qui l’a beaucoup aidée dans le passé. La jeune femme de 33 ans s’est envolée au Costa Rica avec une quête bien précise en tête: celle de découvrir la femme derrière l’athlète.

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Marianne, d’abord, comment vas-tu?
Je vais bien! On est revenus de la jungle, j’ai repris mon poids, tout est correct. (rires)

Est-ce que les gens te parlent beaucoup de Sortez-moi d’ici!?
C’est sûr! On me parle beaucoup de Nathalie Simard et de Colette Provencher, qui étaient pour moi comme des mamans durant l’aventure. Chaque fois que je faisais une épreuve avec l’une d’elles, je me disais: «Elle pourrait être ma mère!» — même si ma mère n’aurait jamais participé à un show comme celui-là!

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PHOTO COURTOISIE Québecor Conte
PHOTO COURTOISIE Québecor Conte


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J’ai l’impression que le public en connaît maintenant plus sur toi,que tu es devenue comme une amie...
Dans une téléréalité, les gens ont un accès privilégié à notre quotidien. On est tellement hors de notre zone de confort et on vit des choses tellement hors du commun qui sont difficiles à comprendre si on n’a pas été plongé dans ce contexte particulier. On est vite devenus soudés. Il y avait une amitié réelle entre nous. On mangeait et on dormait ensemble, on faisait notre lavage ensemble. Une sorte d’énergie inexplicable s’est créée dans le camp.

As-tu gardé des liens avec certains candidats?
J’ai tissé des liens forts avec tout le monde. Colette m’invite chez elle chaque fois que je suis à Montréal. Nathalie a déjà des plans pour nous deux cet été à l’île d’Orléans. Livia (Martin) et moi, on échange presque tous les jours sur les médias sociaux. Le Dr Marquis nous envoie des photos de ses recettes. (rires) On a tous gardé une belle proximité. Quand j’ai revu Jean-François Mercier dernièrement, même si on a été moins proches, on s’est pris dans nos bras. On a vécu quelque chose de fort tous ensemble. C’est une expérience humaine unique qui m’a permis d’aller régler mes petits bobos, mes petits démons. Si tu me demandais de le refaire, je n’irais pas; c’est quelque chose que tu ne vis qu’une seule fois. C’était le timing idéal pour moi: je n’ai pas encore d’enfant, j’étais comme en période de transition, je quittais Montréal. Je me dirigeais vers une autre vie, alors quand on m’a approchée, je me suis dit: «Cette expérience peut juste me faire du bien.» Ça n’a été que du positif pour moi!     

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Qu’as-tu trouvé le plus difficile?
La bouffe! Je suis une bonne mangeuse. Les portions qu’on nous donne ne sont pas adéquates, et ça ne respecte pas les groupes alimentaires. (rires) Les trois premiers jours, tu as l’impression de te manger de l’intérieur. Puis, à un moment donné, ton corps comprend que... ça va être ça!

Photo : /
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Quelle a été la pire épreuve pour toi?
Le premier défi, que j’ai fait avec Rahmane (Belkebiche), celui où il fallait nager à contre-courant dans les rapides! Je suis contente de l’avoir fait au début, car plus tard, on n’aurait pas eu l’énergie pour relever ce défi. D’abord, je ne suis pas une bonne nageuse, je n’ai jamais été à l’aise dans l’eau. Une fois en haut de l’échelle, j’étais complètement morte. Ç’a été physiquement éprouvant. Sinon, toutes les épreuves de nourriture n’ont pas été évidentes.

Je connaissais déjà la triple médaillée olympique, mais dans l’émission, j’ai découvert une fille authentique et très fragile aussi. Dirais-tu qu’on a eu accès à la vraie Marianne?
Je l’espère, car c’était la quête que je poursuivais en y participant. J’avais le goût d’aller vivre une expérience pour moi et non pour l’athlète que j’ai été. Lors de la première émission, quand on s’est présentés, Rahmane et Jean Michel (Leblond) n’avaient aucune idée de qui j’étais. Ça m’a fait tellement de bien! J’avais l’impression qu’avec ces gens je recommençais à zéro. Mais Sortez-moi d’ ici!, ça reste un concours où il y a 100 000 $ en jeu pour une cause, j’avais donc aussi besoin de l’athlète en moi. Mais pour une fois, je voulais me dépasser autrement. 

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Dans quel sens?
Je voulais être fière de la personne que je suis! Parce que l’athlète, je le sais qu’elle est bonne et performante, mais ce n’était pas elle que je voulais mettre de l’avant. Je voulais être la personne humaine, avec toutes les qualités et les valeurs que ses parents lui ont inculquées. C’est ça que je voulais faire ressortir, et je dirais que j’ai gagné mon pari! Marianne était au rendez-vous! Rapidement, j’ai connecté avec moi-même et j’ai tassé l’athlète! Le sport, ça vient avec une hygiène de vie incroyable qui te reste jusqu’à la fin de tes jours. Je ne veux pas complètement mettre ça de côté, mais il était temps que la Marianne de 33 ans brille un peu, que d’autres aspects d’elle soient mis de l’avant. D’ailleurs, je l’ai verbalisé à l’écran quand j’ai craqué. 

Photo : Dominic Gouin
Photo : Dominic Gouin

Ç’a été le moment le plus touchant de l’émission, celui où tu t’es ouverte aux autres campeurs et où tu as expliqué pourquoi tu voulais apprendre à perdre...
C’était ma façon à moi de poser un genou par terre et de dire: «Voici ce qui arrive avec moi: je suis venue ici pour apprendre à perdre.» C’était important pour moi de m’ouvrir au groupe. Même si je ne suis pas quelqu’un qui garde ses émotions à l’intérieur, le fait de verbaliser cette quête a été une grosse étape pour moi. Mais ce n’est pas vrai que j’ai totalement abandonné la fille compétitive, car dans les défis, je me donnais à 100 %. Puis à un moment donné, dans l’une des épreuves, j’ai été la seule à ne pas réussir. Et je n’ai gagné pratiquement aucun défi. (rires) Mais ce que je retiens, c’est que quand je revenais au camp, je n’étais pas déçue de ma performance. Je n’étais pas en situation d’échec. J’étais contente de ce que j’avais accompli. 

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As-tu l’impression qu’à présent les gens ne te perçoivent plus seulement comme une olympienne?
Je pense qu’ils m’ont toujours vue au-delà de ça. Ils ont appris à me connaître devant les caméras. Je riais toujours et j’étais toujours spontanée. Et je crois que les gens aimaient ma personnalité quand j’étais sur la glace — et la personnalité, c’est l’humaine qui l’a, pas l’athlète! Au final, je pense que c’est moi qui ne voyais pas plus loin que l’athlète. Je devais dépasser cette image.

Martin Chevalier / JdeM
Martin Chevalier / JdeM

Comment y es-tu arrivée?
Ça me prenait de la confiance. Avec les années, j’ai fait des petits projets. Je me suis cherchée un peu pendant les mois qui ont suivi ma retraite. Puis un jour, j’ai vu plus loin. C’est d’ailleurs pour cette raison que je me sentais prête à retourner dans ma région. J’avais envie de me faire plaisir et de me respecter, moi. À force de chercher qui j’étais pendant toutes ces années, j’ai refoulé beaucoup de choses... Mais là, je dirais que je suis vraiment là où j’ai envie d’être.     

Le grand tournant

Quand tu as pris ta retraite en 2018, as-tu craint qu’aucun projet ne se présente?
Il y avait une partie de moi que ça ne dérangeait pas. Il faut dire que j’ai été dans le déni pendant plusieurs mois. Je me foutais un peu des contrats et de ce qui se passait. J’avais besoin de sortir du cadre rigide du sport et de ne pas avoir d’horaire. J’ai pris ma retraite en mars, et ce n’est qu’en novembre que ça m’a rattrapée. C’est devenu hyper déstabilisant. J’ai trouvé ça dur. Quand vient le temps d’entreprendre des choses, tu réalises qu’il y a des liens que tu n’as pas entretenus pendant des mois parce que tu étais trop sur ton petit nuage. Tu pars de plus loin. Je dirais que j’ai vécu un gros moment de panique.

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T’es-tu sentie abandonnée?
Jamais! Les gens qui avaient toujours été là pour vrai l’étaient encore: mes deux sœurs, mon frère, mes parents, et Marie-Anick, qui était mon agente depuis 13 ans. C’est moi qui avais le réflexe de tenir les gens à distance, et non l’inverse! Ces personnes m’avaient toujours accompagnée dans la performance, et je sentais que je n’étais pas à la hauteur de ce que je représentais pour eux depuis des années. Je savais que je devais amorcer un travail sur moi.

Dans une entrevue, ta mère disait que ce qui te dérangeait le plus, c’était de ne pas être allée à l’école. Dans la famille, tu es la seule qui n’a pas fait d’études universitaires. As-tu des regrets?
Non, jamais. C’est sûr que je me suis questionnée par moments: je me demandais ce qu’aurait été ma vie si j’avais fait des choix différents. Mais quand j’ai arrêté l’école, je m’étais fait la promesse que, si jamais je ressentais le besoin d’aller chercher une formation, j’irais, peu importe mon âge. Aller chercher un diplôme juste pour avoir un diplôme, pour moi, ça ne sert à rien. Quand j’ai pris ma retraite, je ne savais pas ce que j’allais faire, donc je n’ai pas ressenti la nécessité de retourner étudier.    

Tu es à la radio de Rythme FM 98,3 Saguenay le matin. Comment aimes-tu te lever à 5 h 30?
Même pendant ma carrière de sportive, je ne me suis jamais levée aussi tôt! On entre en ondes à 5 h 30, je me lève donc à 4 h 20. C’est une autre routine. Un peu avant ma retraite, j’ai baigné dans le monde de la radio et j’ai découvert un média que j’aimais beaucoup, mais j’avais des classes à faire. La radio, c’est l’antithèse du sport. Toute ma vie, on m’a appris à ne pas déroger de la ligne, alors qu’à la radio, il faut avoir de la répartie et savoir se retourner sur un 10 sous. À l’époque, je pense que le timing n’était pas bon. Ça ne s’était pas très bien passé... J’ai décidé de faire autre chose et j’ai appris à me découvrir. Puis, l’occasion de faire de la radio s’est représentée quand j’ai annoncé que j’avais décidé de retourner vivre dans ma région. Comme ça coïncidait avec le moment où naissait une nouvelle station de Rythme au Saguenay, les gens se sont parlé... Et je suis en ondes depuis l’automne.

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Qu’est-ce que je peux souhaiter à la nouvelle Marianne?
De continuer à me respecter, c’est mon «mojo». De prendre des décisions pour moi. J’ai tendance à me faire passer en dernier. J’ai réalisé qu’en agissant de la sorte, j’accumule des frustrations et que ça finit par me rattraper des années plus tard. Alors maintenant, quand je suis face à un défi ou un questionnement, avant de prendre une décision, je me demande: «Est-ce que je suis bien là-dedans?» Je veux mettre la priorité sur moi. Et pour moi, c’est tout un défi! C’est dans cette optique que j’ai fait des choix de vie dernièrement, et j’espère continuer de le faire.

Quel serait le conseil que tu donnerais à l’adolescente de 16 ans que tu étais et qui caressait un rêve olympique?
Je ne changerais rien, mais je pense que je lui dirais: «Savoure chaque instant!» Le sport, ç’a été 18 ans de ma vie, dont 12 ans de haut niveau, mais ça passe si vite. Quand les gens me disent: «Tu as voyagé partout dans le monde!», ça me fait réaliser qu’au fond je n’ai pas vu le monde. Oui, j’ai vu les arénas et les chambres d’hôtel, mais je ne prenais pas le temps de visiter tous les endroits où je me trouvais, puisque je me consacrais à mon sport. Les athlètes ont des chances qu’ils ne mesurent pas. Pour eux, c’est normal, alors que ce ne l’est pas du tout. Alors, je dirais à l’ado que j’étais: «Arrête-toi au coin de la rue et prends deux minutes. Tu es à Tokyo? Wow! Tu es à Berlin? C’est hot!» Si j’ai un regret, c’est peut-être de ne pas avoir été assez curieuse.

Marianne coanime Les lève-tôt du lundi au vendredi dès 5 h 30, à Rythme 98,3.
Marianne donne des conférences. On peut la suivre sur ses réseaux sociaux sur Instagram et sur Facebook.

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