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L'article provient de Le Journal de Québec
Société

Les résidents d’Ottawa pris en otage chez eux

La frustration et l’impatience commencent à se faire sentir

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Photo portrait de Anne Caroline Desplanques

Anne Caroline Desplanques

2022-01-31T23:40:52Z
2022-02-01T03:17:23Z
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OTTAWA | Effrayés, frustrés et épuisés, les résidents de la capitale se sentent pris en otage et réclament le départ des manifestants, qui ont transformé leur vie en enfer depuis maintenant quatre jours.

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« Les commerces devaient rouvrir [lundi]. Nous devions retrouver nos cafés préférés. Au lieu de ça, une manifestation de la liberté enlève le droit à nos travailleurs de travailler et à nos résidents de vivre librement », déplore Catherine McKenney, conseillère municipale du quartier Somerset, au centre-ville d’Ottawa.

Plusieurs résidents n’ont pas dormi depuis des jours, à cause du bruit de klaxons constant depuis vendredi.

Le Journal a aperçu un rare signe de contre-manifestation hier. Un homme qui n’a pas voulu nous parler tenait une affiche appelant les manifestants consanguins et nazis à partir.
Le Journal a aperçu un rare signe de contre-manifestation hier. Un homme qui n’a pas voulu nous parler tenait une affiche appelant les manifestants consanguins et nazis à partir. Photo Guillaume St-Pierre

« J’ai dû coucher ma fille dans la salle de bain pour qu’elle puisse dormir », indique Liane Cerminara, dont l’immeuble est encerclé par des camions depuis vendredi.

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« Je comprends que certains résidents en ont marre de nous entendre, mais on se bat pour eux aussi et pour tous les Canadiens », a répliqué au Journal Jonathan O’Connell, un manifestant.

Le maire d’Ottawa, Jim Watson, en a assez. La patience de sa population a été poussée à bout.

« Rentrez chez vous ! »

« Vous avez dit ce que vous aviez à dire. Vous avez eu vos 15 minutes de gloire. Maintenant c’est le moment de passer à autre chose », a-t-il lancé en conférence de presse, lundi.

Comme plusieurs de ses conseillers, il a souligné être profondément dégoûté par le comportement des manifestants et en désaccord avec leurs revendications.

Dans la rue, des passants excédés crient « Rentrez chez vous ! » aux camions couverts de pancartes injurieuses qui passent à toute vapeur à côté d’eux en klaxonnant.

Un homme a même défié les manifestants face au parlement en brandissant une pancarte appelant « les consanguins et les nazis » à rentrer chez eux. Il a ensuite été pris en chasse par une poignée de protestataires et a dû se réfugier auprès des policiers.

Résidents terrorisés

« La liberté de nos résidents de vivre sans peur leur a été enlevée », a dénoncé le maire Watson en indiquant qu’un résident gai a été violemment pris à partie par des manifestants parce qu’il affichait un drapeau arc-en-ciel. 

Catherine Kenney souligne que les personnes de minorités visibles, des communautés juive et musulmane se sentent aussi menacées par le défilé de drapeaux d’extrême droite dans la ville et ont peur de sortir de chez elles.

« Très franchement, ces manifestants terrorisent nos citoyens », a lâché le maire. 

La police d’Ottawa a lancé plusieurs enquêtes et mis sur pied une ligne téléphonique spéciale pour dénoncer les crimes haineux.

– Avec la collaboration de Clara Loiseau

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