La petite comédienne du film «Mon cirque à moi» a bien grandi
Mea Culpa: dès le 7 janvier sur Ici Radio-Canada

Nathalie Slight
Sa carrière est encore toute jeune et, pourtant, elle a été dirigée par nos meilleurs réalisateurs et réalisatrices, et elle a donné la réplique à nos plus grands comédiens et comédiennes. Elle n’a pas encore 18 ans, mais c’est déjà bien clair pour Jasmine Lemée que sa vie se passera devant et derrière une caméra.
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Jasmine, ton désir de devenir comédienne est apparu assez tôt dans ta vie. N’est-ce pas?
Oui. Quand je suis allée voir La mélodie du bonheur, j’ai ressenti un véritable coup de foudre... pour le domaine artistique! À sept ans, je ne voulais pas être dans la salle, je voulais être sur scène, avec les enfants qui jouaient dans la comédie musicale! J’en ai parlé à ma mère et elle m’a inscrite dans une agence. Rapidement, j’ai décroché des petits rôles, entre autres dans Le mirage et O’.
Le public québécois a fait ta connaissance dans le film Mon cirque à moi, n’est-ce pas?
J’étais âgée de douze ans lorsque j’ai débuté le tournage de ce film avec Patrick Huard, qui incarnait mon papa, et Sophie Lorrain, qui jouait mon enseignante. J’ai appris sur ce plateau, vous n’avez pas idée! Lorsque je campais Laura, j’étais tellement dans le moment présent qu’après le tournage, tout ça était un peu flou, comme si j’avais vécu un rêve. Ce n’est qu’en regardant le film, des mois plus tard, que j’ai réalisé que c’était bel et bien vrai!
Tu as ensuite décroché un autre grand rôle dans La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé!
Lorsque je regarde mes premiers projets, je réalise que j’ai eu beaucoup de chance, parce que j’ai appris auprès des meilleurs! Quel comédien n’a jamais rêvé d’être dirigé par Xavier Dolan? Moi, ça m’est arrivé à 14 ans. La plupart de mes scènes étaient avec Anne Dorval, qui incarnait ma maman. C’est sans doute l’une des meilleures actrices au Québec. Plus récemment, j’ai joué dans La collecte, réalisée par Podz. C’est fascinant de le voir aller sur un plateau de tournage.
Que veux-tu dire?
Je suis présentement comédienne, mais l’envers du décor m’intéresse également. J’aime beaucoup observer le travail des réalisateurs entre les prises, parce que je me verrais mener une carrière de réalisatrice ou de directrice photo, parallèlement au jeu. Le fait d’avoir travaillé avec la réalisatrice Miryam Bouchard sur Mon cirque à moi m’a permis de voir une femme diriger un plateau de tournage. Grâce à elle, je sais que ce métier m’est accessible.

Cet hiver, nous pourrons te voir dans la dramatique Mea Culpa.
Cette série porte sur la justice réparatrice, c’est-à-dire quand un négociateur dirige une rencontre entre une victime et son agresseur, pour qu’ils puissent dialoguer dans une espace neutre et peut-être réparer les torts causés. Mon personnage est la fille de Marie-Dominique (Jessica Barker) et Rémi (Dany Boudreault). À 16 ans, elle travaille dans la brasserie de ses parents et elle mène une quête bien personnelle, que je ne peux pas dévoiler ici, car il s’agit d’une intrigue importante dans la série.
Dans tes précédents rôles, tu as campé une élève surdouée et une adolescente rebelle. Ton personnage dans Mea Culpa est-il gentil ou méchant?
Zoé est une bonne fille, qui vit au sein d’une famille très unie. Comme son père est handicapé, elle rend beaucoup service à ses parents. J’ai plusieurs scènes émotives à jouer, c’est un très beau personnage, plus mature que ceux que j’ai incarnés jusqu’à présent.
Tu as côtoyé de grands réalisateurs et de grands comédiens. As-tu reçu un conseil qui t’a particulièrement marquée?
Le premier conseil qui me vient en tête, c’est celui de ma mère. Elle m'a dit: «Peu importe ce que tu fais, si tu vis dans la peur, tu ne vas pas avancer.» Cette phrase m’est restée en tête parce que dans le milieu artistique, on ne sait jamais quand on va décrocher un nouveau rôle. J’ai eu un passage à vide entre Mon cirque à moi et La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé. J’ai continué à avancer malgré la peur et finalement, un autre beau projet s’est présenté à moi.
Il s’agit d’un excellent conseil de ta maman.
Ma mère est avocate de profession, mais elle a fait beaucoup d’improvisation dans sa vie. Elle comprend donc mon attirance pour le domaine artistique. Il y a quelques années, elle a fondé l’agence artistique Alias avec Pauline Belhumeur, la mère de la comédienne Sophie Nélisse. J’ai donc la chance d’avoir ma maman comme agente.
Ton rêve est donc devenu un rêve familial!
Oui, on peut voir ça comme ça. Ma mère a toujours été ma supportrice numéro 1! Plus jeune, elle m’accompagnait sur les plateaux, elle me faisait réviser mes textes. Aujourd’hui, je suis plus autonome, mais si j’ai besoin de quelqu’un pour préparer une audition, ma mère se propose pour me donner la réplique. Même chose pour ma petite sœur, âgée de 14 ans, qui est également comédienne.
Poursuis-tu tes études en même temps que les tournages?
Comme j’ai eu deux gros tournages cet été, qui se sont étirés cet automne, je vais finalement commencer ma première session au cégep en janvier. J’ai choisi d’étudier à distance. De cette façon, je pourrai avancer à mon rythme en combinant les tournages, s’il y a lieu. Chaque fois que je participe à un projet, j’en apprends plus sur mon métier, et plus sur moi-même. J’ignore si c’est la même chose pour chaque comédien, mais camper un personnage me permet d’évoluer.
Que veux-tu dire?
À travers mes personnages, je peux vivre des émotions qui ne sont pas vraiment les miennes. Par exemple, dans La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé, Mireille est plutôt rebelle, puisqu’elle s’amuse à entrer par infraction chez ses voisins la nuit, lorsqu’elle fait de l’insomnie. Ce n’est définitivement pas quelque chose que je ferais dans la vie, mais ça m’a amenée à réfléchir aux motivations d’une adolescente qui commet de tels gestes.
(Jasmine réfléchit et poursuit)
Le personnage de Zoé dans Mea Culpa s’est aussi présenté à moi avec son lot de réflexions. Mettons qu’une de mes amies était assassinée, est-ce que je voudrais rencontrer son assassin 23 ans plus tard alors qu’il sort de prison ou je poursuivrais ma vie comme si de rien n’était? Les avis étaient plutôt partagés sur le plateau. C’est une question vraiment délicate, qui va faire jaser le public québécois, c’est certain.
Psitt... Jasmine Lemée retrouve la réalisatrice Miryam Bouchard sur Mea Culpa. «Il y a cinq ans, elle m’a fait confiance en me donnant l'opportunité de jouer dans le film Mon cirque à moi. Travailler de nouveau avec elle sur le plateau de Mea Culpa est un réel bonheur.»
