Alain Delon, une étoile s’est éteinte


Louise Bourbonnais
Le comédien Alain Delon était la dernière légende du cinéma français, multipliant les rôles et les succès, en tête d’affiche de pratiquement 90 films. Même s’il faisait l’envie de plusieurs, l’acteur français s’est senti trahi à maintes reprises par son entourage, si bien qu’à la fin de sa vie, il était malheureux, rancunier, et vivait en solitaire avec ses chiens. Si son étoile avait déjà commencé à pâlir, elle s’est malheureusement éteinte à jamais, même si sa légende demeure.

Bernard Pascuito, qui signe cette biographie, a eu un coup de chance. Lui qui travaillait sur une nouvelle biographie inédite d’Alain Delon, qui devait paraître l’année dernière, a vu la sortie de son livre repoussée.
Prémonition? On ne sait pas, mais voilà qu’en août dernier, survient le décès de l’étoile française. Et, il y a quelques jours, Pascuito, qui a revu la finalité se son ouvrage, a fait paraître Delon — Une vie aux aguets en France. Une biographie des plus complètes, puisqu’il a réussi à obtenir la contribution du demi-frère de Delon, Jean-François Delon, issu du même père.
Il faut dire qu’en France, Delon est un monument et que la matière ne manque pas, malgré les nombreuses biographies déjà publiées.
D’emblée, on apprend que son enfance a été marquée par le départ de son père. De surcroît, sa mère l’a placé en famille d’accueil. Il deviendra rebelle, se faisant renvoyer à maintes reprises des écoles qu’il fréquente.
Sans figure paternelle, outre un beau-père qui l’oblige à travailler à sa charcuterie, Delon grandit sans savoir ce qu’il doit faire de sa vie. Après avoir fait l’armée, il se cherche encore.

Une beauté rarissime
À l’instar de Brad Pitt, Delon fait tourner les têtes par sa seule beauté.
Sans avoir fait d’études en tant qu’acteur, il réussit à décrocher un premier rôle et à faire sa place dans l’industrie du cinéma.
Avec le temps, Delon a gagné en expérience pour finalement devenir un très grand acteur jusqu’à briller au sommet du 7e art.
Dans les faits, l’acteur charismatique impressionnait. «Je crois qu’il s’impressionnait lui-même», a dit un jour le réalisateur Patrice Leconte.
Selon plusieurs, Delon n’était jamais modeste. Il ne pouvait accepter la médiocrité envers lui-même ni envers les autres.
«L’homme était fascinant», écrit Bernard Pascuito. «Sa vie est un tableau de maître. On y trouve des lumières aveuglantes, des terreurs nocturnes, des chagrins inconsolables, des passions entières, des succès prodigieux et des échecs fortifiants, des blessures lumineuses.»
Pourtant, plusieurs ont retenu de lui sa froideur apparente, obligeant chacun à garder ses distances.

Un être complexe
Mais Delon a des lacunes et symbolise les contradictions.
«Contrairement à ce que l’on pouvait penser, il n’avait pas une grande confiance en lui, mais sa beauté lui a permis de gagner en confiance», affirme l’auteur.
Le côté affectif de l’acteur est plus complexe.
Il dit avoir beaucoup aimé les femmes. On pense entre autres à Romy Schneider avec qui il a partagé sa vie durant cinq ans, à Brigitte Bardot, sa grande passion, à sa liaison avec Dalida, et à son unique femme, Nathalie Delon, ou encore à Rosalie Van Breemen la mère de deux de ses enfants, avec qui il a partagé sa vie durant une dizaine d’années.
En revanche, il semblait aimer difficilement ses propres enfants: Anthony, et Alain-Fabien, à l’exception de sa fille Anouchka, sa préférée.

La fin de sa vie en solitaire est malheureuse, elle se définit par un retrait du monde auquel il ne s’identifiait plus. Delon est demeuré enfermé avec ses chiens. En 2019, il est victime d’un AVC et ne retrouve plus toutes ses facultés. Il est décédé à l’âge de 88 ans.
Alain Delon - Une vie aux aguets
Bernard Pascuito
L’Archipel, 480 pages
Disponible en librairie en novembre

L’auteur et journaliste, Bernard Pascuito, a écrit plusieurs biographies dont John et Jackie, un couple impossible, Dalid, Une vie brûlé et Belmondo, entre deux vies.