Le Canadien change finalement son message
Le débat est loin d’être clos sur le territoire montréalais non cédé

Francis Pilon
Le Canadien a modifié son message à propos des terres autochtones non cédées diffusées avant chaque match au Centre Bell après la vague de controverse cette semaine.
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Le nouveau texte a été révélé samedi soir sur le tableau indicateur durant un match où le Tricolore a coupé les ailes des Red Wings. L’ancienne version a été en partie effacée après avoir soulevé la controverse jusqu’à l’Assemblée nationale la semaine dernière.
« Les Canadiens de Montréal souhaitent reconnaître les Kanien'keha:ka, également connus comme la Nation Mohawk, pour leur hospitalité sur le territoire traditionnel et non cédé où nous sommes réunis aujourd’hui », pouvait-on lire au début de l’ancien message.
Le nouvel énoncé commence ainsi : « Tiohtià:ke / Montréal est historiquement connu comme un lieu de rencontre pour les Premiers peuples. Les Canadiens de Montréal souhaitent rendre hommage à ces peuples en reconnaissant que leur amphithéâtre est situé en territoire traditionnel autochtone non cédé ».
L’historien autochtone Médérik Sioui critique les changements apportés au message diffusé samedi par le Canadien.
« Dans le fond, on recule à cause de la pression des historiens nationalistes qui ont scandé haut et fort que ce n’était pas vrai. Moi, ce que je déplore, c’est le geste de recul face aux pressions », affirme au Journal M. Sioui.
Mais Montréal est-il un territoire traditionnel autochtone non cédé ? Ce n’est pas aussi simple, confirme l’historien.
« En 1642, à la fondation de Montréal, il n’y avait plus d’autochtones. Mais c’est à cause qu’ils sont partis notamment avec les maladies européennes amenées par ceux [les colons] qui venaient explorer le territoire », raconte Médérik Sioui.
Faux message, selon d’autres
Plusieurs historiens remettent en question la présence des Mohawks à Montréal lors de la colonisation française au 17e siècle. C’est le cas de Frédéric Bastien.
« Premièrement, à l’époque de la Nouvelle-France, il n’y avait pas de cession de territoire ici. Deuxièmement, encore une fois, les Mohawks n’étaient pas à Montréal. Troisièmement, il y a déjà des Iroquois, mais ils n’étaient plus là au moment de fonder Montréal », dit-il.
Le ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, a refusé de commenter le nouveau message du Canadien samedi soir. Notre demande d’entrevue avec le vice-président des affaires publiques et des communications pour le Groupe CH, Paul Wilson, est restée sans réponse.
– Avec Marie-Pierre Roy