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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

L’amour et l’autisme, au féminin

Mélissa Perron
Mélissa Perron Photo Chantal Poirier
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Photo portrait de Marie-France Bornais

Marie-France Bornais

21 août 2021
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Quelques années après avoir reçu un diagnostic d’autisme, l’écrivaine et artiste-peintre Mélissa Perron offre un deuxième roman savoureux et très émouvant, Belle comme le fleuve. Elle y raconte le parcours lumineux de Fabienne Dubois, une héroïne elle aussi marquée par ce diagnostic qui a complètement redéfini son passé. Après le décès de sa mère, Fabienne se rend dans le Bas-du-Fleuve pour s’occuper de la vente du duplex de sa mère. Mais elle tombe sous le charme de la région... et sous celui d’un beau gars aussi.  

Fabienne Dubois se rend à Saint-Auguste-sur-Mer, un village imaginaire du Bas-du-Fleuve, pour s’occuper de la revente de l’immeuble que sa mère lui a légué, à elle ainsi qu’à son ami Étienne. 

Contre toute attente, le duplex défraîchi lui plaît et elle aime beaucoup le village et ses habitants. Elle a un coup de foudre pour la mer, pour l’air marin... et son cœur bat pour un beau travailleur forestier qui revient de l’Ouest canadien.

Mélissa Perron, qu’on connaît aussi à travers ses magnifiques pièces signées Rizada, offre un roman magnifique, très émouvant, qui présente la réalité d’une femme autiste. Une réalité dont on entend peu parler. Sa perception des choses, des gens, de la vie quotidienne n’est pas la même que celle de tout le monde, et elle l’explique bien dans ce roman divertissant, mais aussi très éclairant.

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   Éditions Hurtubise
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   310 pages
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   En librairie le 25 août
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Des clés de compréhension

Elle fournit des clés de compréhension, mais montre le désarroi de Fabienne et l’incompréhension de ses proches. Difficile de sortir d’un enfermement. « Fabienne ne savait pas qu’elle était autiste et pensait avoir fait une dépression. Mais non : elle traînait ça. C’est un peu, beaucoup comme mon histoire : une dépression que tu traînes, jusqu’au diagnostic, à 38 ans », explique-t-elle.

« Oui, tu continues à faire ta vie de femme, parce que la vie continue. Il y a une grande différence entre les hommes et les femmes Asperger. On imite nos pairs, donc on passe entre les mailles du filet. »

Une nouvelle vie

Mélissa Perron a travaillé le thème de la reconstruction de soi dans Belle comme le fleuve. « Je voulais montrer que, 6 ou 7 ans après avoir reçu son diagnostic, Fabienne n’est plus du tout dans la dépression. Elle est heureuse. Mais c’est pas parce que tu as un diagnostic que tout s’en va – au contraire. C’est une nouvelle vie et il y a plein d’embûches. Il n’y a rien de naturel pour elle, même si elle a l’air d’une femme totalement normale. »

Elle voulait aussi montrer ce qu’est le début d’une relation amoureuse pour une femme autiste. « Déjà que l’amour, c’est compliqué... là, c’est l’enfer. C’est vraiment quelque chose. C’est pour ça aussi que j’ai fait un saut dans son adolescence. »

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Mélissa a transposé certaines de ses propres expériences dans le roman. « Je n’écrirai jamais des choses qui me sont arrivées. Même si on ne veut pas, on a une naïveté. On est réellement des proies faciles et il fallait que je le montre. Il y a encore des femmes qui se font prendre, qui sont naïves : elles ne reconnaissent pas les signaux. C’est très complexe. »

Dans le roman, Fabienne n’a pas de filtre et n’est pas douée pour le small talk. « Elle prend les jokes difficilement. Elle se met un pied dans la bouche souvent. C’est une vie qui n’est pas facile, mais quand on le sait, ce n’est pas une vie d’enfer. Je me sens vraiment choyée de pouvoir travailler à la maison. Je ne te dirais pas ça s’il fallait que je sorte de chez nous, que je fasse du 9 à 5. » 

EXTRAIT

« J’avais pas envie de rentrer tout de suite. J’avais assez attendu, je voulais aller voir le fleuve avant de découvrir le duplex de ma mère.

– J’aimerais ça aller sur la grève avant d’aller visiter...

On a traversé la route et marché sur un petit pont de bois. Le fleuve était directement devant le duplex, s’offrant à nous. J’ai enlevé mon chandail de laine et je l’ai mis sur le sable pour m’asseoir dessus. Étienne et Julie ont continué de marcher, main dans la main, sur le bord de l’eau. J’avais mis dans mon sac à dos une bouteille du vin préféré de ma mère et trois verres en plastique. »


  • Mélissa Perron est native de Saint-Bruno.
  • Elle a reçu un diagnostic d’autisme à l’âge de 38 ans.
  • Elle est artiste-peintre et se distingue par ses peintures signées Rizada.
  • C’est elle qui a conçu le logo pour la Journée du livre québécois du 12 août, cette année.
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