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Culture

Josée Deschênes sera-t-elle plus souvent dans Indéfendable? Elle nous en parle

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Daniel Daignault

2024-04-07T10:00:00Z
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Josée Deschênes lance avec un grand sourire qu’elle est à la fois une comédienne, une amoureuse et une mamie comblée! Tantôt dans la peau de Creton de La petite vie, avec qui elle a renoué après 30 ans, tantôt dans celle de la juge Fortin dans Indéfendable, elle sait à la fois nous faire rire et nous émouvoir. Son talent lui vaut un emploi du temps qui sera passablement chargé au cours des prochains mois.

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Josée, avez-vous beaucoup de projets en cours?

Je suis en train de me préparer en vue de différents projets que je tournerai au printemps et à l’été, en plus de la reprise de la pièce Le père Noël est une ordure. On va jouer le spectacle à Québec, à Gatineau et à Brossard (du 6 juillet au 31 août), puis en tournée provinciale de novembre à janvier. Cette pièce, qu’on a présentée à Drummondville l’été dernier, a été un grand succès. Les gens l’apprécient beaucoup.

Et qu'en est-il de votre rôle de juge dans Indéfendable?

André Lapointe (Michel Laperrière) parle souvent de mon personnage, sans qu’on me voie pour l’instant! Mais j’ai tourné des scènes à l’automne avec Michel; alors la juge Clara reprendra bientôt du service. Je ne peux en dire plus. J’aime ça travailler sur différents plateaux (elle a récemment participé à Je viens vers toi comme chroniqueuse). J’ai été dans L’Auberge du chien noir durant 15 ans et maintenant j’aime bien diversifier mes projets. 

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Vous devez être heureuse qu’on pense à vous pour toutes sortes de rôles!

Oui, mais je ne dis plus oui à tout. Il faut que j’aime le projet et la gang: c’est devenu pour moi un critère de base. Si j’ai à travailler avec quelqu’un qui va jouer mon chum ou ma fille, je veux que ça clique, qu’on ait du plaisir et qu’on travaille bien ensemble. J’aime beaucoup découvrir les nouveaux qui commencent, qui sont motivés, contents de travailler et pleins d’ambitions par rapport au métier. C’est formidable! Ils sont tellement talentueux! Les Pascale Renaud-Hébert, Florence Longpré, Guillaume Lambert, Simon Boulerice, et tant d’autres— toute la génération qui monte —, ils jouent et écrivent leur matériel. Ils ont une telle profondeur, ils sont concernés, ils foncent! C’est beau de les voir aller!

Diriez-vous que les plus jeunes, ceux qui sont dans la vingtaine et dans la trentaine, sont plus polyvalents qu’il y a 15 ou 20 ans?

Je pense que oui. Ils savent tout faire: chanter, danser, écrire, jouer. Ils sont si talentueux! Je dis souvent à la blague que je ne serais jamais acceptée dans une école de théâtre si je me présentais aujourd’hui. C’est un des privilèges de vieillir: on connaît nos limites et on se concentre sur nos forces. Par contre, j’aime me lancer des défis et aller vers des choses qui me font un peu peur. Toutefois, quand je le fais, au fond de moi, je sais que je peux y arriver parce que ça reste foncièrement dans mes cordes. Mais une comédie musicale, par exemple, ça ne risque pas de m’arriver! (rires)

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Peut-être, mais de beaux rôles se présentent à vous!

Vraiment! Et c’est drôle, parce que pendant la cinquantaine, après L’Auberge, il y a eu une sorte de passage à vide. C’est comme si j’étais entre deux âges... trop jeune pour être vieille, et trop vieille pour être jeune... C’est bête! J’étais toujours dans l’entredeux. Mais vers la fin de la cinquantaine et avec la soixantaine, ça s’est mis à «popper»! Tu sais, on travaille avec ce qu’on a l’air; ce n’est pas juste le talent qui est important dans notre métier. Oui, il en faut, du talent, mais la personnalité, la gentillesse, la façon d’être, ce qu’on dégage, ce qu’on donne, tout entre en ligne de compte.

Croyez-vous que c’est lorsque vous lâchez prise et que vous cessez de vous demander si le téléphone va sonner pour un rôle que les choses se produisent?

Bien oui! C’est souvent comme ça que ça arrive! On le dit aux jeunes et on se le dit à nous-mêmes qu’il faut lâcher prise, mais ce n’est pas évident. C’est plus facile à dire qu’à faire. C’est un peu comme quand on cherche l’amour: parfois on cherche trop, et quand on arrête, c’est lui qui nous trouve.

Entrer dans la soixantaine a-t-il été difficile pour vous?

Ça se passe bien parce que je suis bien. Je suis heureuse et en santé. J’ai des petites-filles adorables, un merveilleux amoureux, mes enfants se portent bien, ma vie et ma carrière vont bien aussi. Mais 60, c’est quand même un chiffre qui fesse! Je suis allée faire faire mon passeport il n’y a pas longtemps, et j’ai réalisé que, quand ce sera le temps de le renouveler, dans 10 ans, je vais avoir 72 ans! C’est comme si, tout à coup, on réalise vraiment qu’on en a moins en avant qu’en arrière. Je ne pense pas à ça tous les jours, mais ça fait en sorte que je ressens une urgence de faire les choses importantes pour moi. J’ai envie de choisir ce que je fais et de me faire plaisir. Je parlais avec Guylaine (Tremblay) récemment, et elle me disait que, pour elle, 60 ans, c’est l’âge de la désobéissance. Et je suis assez d’accord. C’est l’âge où on se dit qu’on n’a rien à perdre et où on fait pas mal ce qu’on veut. On a moins d’affaires à prouver et on est moins dans la séduction aussi.

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En somme, vous avez établi vos priorités...

Oui. Et on dirait aussi que, plus on avance, moins on est centré sur soi et plus on mise sur les bonheurs simples. J’ai deux petites-filles de deux et quatre ans qui me rendent tellement heureuse! Je m’entraîne, je prends du temps pour moi et je suis en forme comme je ne l’ai jamais été. Alors avec mes petitesfilles, je me mets à quatre pattes et je m’amuse avec elles. J’ai hâte qu’elles grandissent pour qu’on aille au théâtre, qu’on découvre ça ensemble. Je suis dans la transmission avec elles, mais aussi avec mes camarades de travail plus jeunes. Je sens le respect qu’ils ont pour moi, je sens que ce que je dis a une résonance pour eux. Je n’ai pas envie de garder mes secrets pour moi! C’est gratifiant de sentir qu’on inspire les générations qui nous suivent. Moi, c’était Andrée Lachapelle qui m’inspirait, par son grand talent, sa générosité, et aussi par sa beauté intérieure et sa manière de faire attention aux autres. Elle n’était jamais envieuse de la jeunesse et jamais amère. Je cultive ça dans mon travail. Je trouve que ça fait toute une différence quand on vieillit. Et ça fait en sorte que des gens ont envie de travailler avec nous. Et c’est un échange, parce que moi j’apprends énormément d’eux aussi!

Vous avez parlé avec énormément d’affection et d’amour de vos deux petites-filles...

On dirait que lorsqu’on parle de notre rôle de grand-mère, on sort tous les clichés du monde, mais c’est vrai! On pensait qu’on aimait nos enfants, mais quand on a des petits-enfants, c’est comme de l’amour démultiplié! J’aime beaucoup mes enfants, je suis vraiment une mère poule, mais quand mes petites-filles sont là, j’oublie de leur demander comment ils vont! Quand mon fils arrive avec mes deux petites, je m’accroupis pour être à leur hauteur dès que j’ouvre la porte! C’est bizarre, parce que quand j’ai accouché, je ne suis pas tombée en amour instantanément avec mes enfants. Il a fallu que je les connaisse, malgré que ce soit arrivé vite, et j’ai réalisé que je serais responsable d’eux toute ma vie. Il y a quelque chose de vertigineux là-dedans, les sentiments sont tout mélangés. Mais quand j’ai pris mes petites-filles dans mes bras, je suis tombée instantanément amoureuse d’elles. Il y a quelque chose de plus facile et de plus simple dans le rôle de grandmère. On n’a pas le même vertige qu’en devenant mère. Il y a à la fois un dégagement et un engagement, et elles m’aiment tellement! Je craque!

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Parlons de La petite vie. Est-ce que vos deux fils ont eu du plaisir à vous voir reprendre le personnage de Lison?

Mes enfants ne se pètent tellement pas les bretelles avec mon métier! Ils sont venus voir des enregistrements des nouveaux épisodes, et ils sont contents et fiers de moi, mais ils ne sont pas impressionnés par ça. Quand j’ai fait La petite vie il y a 30 ans, mon plus vieux, qui avait trois ans à l’époque, haïssait ça parce que j’habitais à Québec et que je devais aller à Montréal pour les enregistrements. Je me souviens, une fois, je l’avais appelé pour lui dire que j’étais à Montréal et que j’allais faire dodo là-bas. Il m’avait répondu: «Tu peux pas dormir à Montréal parce que tous les lits sont debout!» Pour lui, La petite vie, c’était synonyme de Montréal, et ça n’avait pas de sens que je sois là, car je n’allais pas bien dormir. C’était cute!

Ça devait être émouvant de retrouver vos camarades dans le même décor après tant de temps!

On a eu beaucoup de plaisir. Ce qui était différent, c’est que, 30 ans plus tard, chacun a sa carrière. Personne n’avait besoin de faire ça, autrement que pour le plaisir de se retrouver. C’était vraiment un grand bonheur, parce qu’on s’est retrouvés comme si on s’était vus la veille. Claude (Meunier) a écrit de belles choses pour mon personnage.

Avez-vous beaucoup ri en faisant les épisodes?

Oui, mais je retiens surtout des affaires touchantes et savoureuses. À un moment donné, durant une pause, on était autour de la table et, avec nos cellulaires, on s’est mis à tous se montrer des photos de nos petits-enfants. Trente ans plus tard, on est presque tous des grands-parents; ça m’a vraiment surprise et touchée. C’est comme une roue qui tourne. Il y a eu aussi le décès de Michel Côté pendant qu’on tournait les épisodes. Ç’a été dur. Marc (Messier), son grand ami, était très affecté. Je dirais qu’on est tous de vieux amis. Même si pendant ces 30 années, on ne s’est pas suivis de si près, on s’est retrouvés avec beaucoup de respect et d’affection. On se connaît. Il y avait quelque chose de très réconfortant, de confortable. On était bien.

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Par ailleurs, vous vivez une belle histoire d’amour...

Christian et moi, ça fait 15 ans qu’on est ensemble. Il est le grand-père de mes petites-filles. Il n’a pas eu d’enfant et, pour lui, c’est un cadeau. Il va souvent en Afrique pour le travail et il revient tout le temps avec des petits présents pour elles. Il est professeur et chercheur en psychologie, et le gros de ses collaborations se passent en Afrique. Il voyage beaucoup. Se rencontrer à nos âges, c’est plus facile: nos carrières sont bien entamées, on est à l’aise financièrement. On a découvert qu’on aimait beaucoup voyager ensemble et on a attendu quelques années avant de vivre dans la même maison. Notre modèle de maison est atypique. Il avait un duplex, et on a ouvert ça de haut en bas; lui vit en haut et moi, en bas. Un escalier communique entre les étages à l’intérieur, mais on a chacun nos appartements, nos espaces. On est tout le temps ensemble pareil. Ça fait qu’on peut vraiment vivre à notre rythme. Parfois, je travaille à 4 h du matin, donc je ne le réveille pas, et s’il veut recevoir des amis en haut, c’est OK. Il n’y a jamais de compromis sur ce plan-là.

Et selon vous, qu’est-ce qui fait que cette belle histoire d’amour se poursuit?

C’est le mien! (rires) Je dirais que l’une des plus grandes choses à comprendre est qu’il ne faut pas essayer de changer l’autre. C’est la règle de base...qu’on met du temps à comprendre dans la vie!

Josée Deschênes joue dans Indéfendable du lundi au jeudi à 19 h, à TVA. On peut revoir 5e rang, et La petite vie, sur Tou.tv. Elle sera au théâtre dans Le père Noël est une ordure prend l’affiche le 6 juillet, à Québec. Infos: monarqueproductions.com.

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