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Culture

Ensemble depuis 30 ans, Louise Portal et Jacques Hébert accueillent la vieillesse avec sagesse

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Michèle Lemieux

2023-02-14T12:00:00Z
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Les rencontres amoureuses sont souvent magiques, mais pour qu’une histoire d’amour traverse le temps, il faut travailler et faire preuve d’un engagement indéfectible. Amoureux depuis le jour de leur rencontre, le 12 mars 1993, Louise Portal et Jacques Hébert comparent leur relation à un jardin dont il faut prendre grand soin. De toute évidence, le couple a appris à cultiver l’amour au quotidien...

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Louise et Jacques, qu’avez-vous au programme par les temps qui courent?

Jacques: Mes amis sont propriétaires d’une entreprise familiale à laquelle je collabore. Depuis la pandémie, l’entreprise a explosé. Jasmine et Guy sont des amis à nous depuis longtemps. Nous avons vu grandir leurs quatre enfants. Guy était le chauffeur de Louise quand elle faisait carrière comme chanteuse. L’an dernier, leur fille Romane a été victime du 17e féminicide de l’année... Elle chantait et voulait faire carrière dans la comédie musicale. Ses parents avaient ouvert un point de vente à New York pour elle, afin qu’elle puisse puisse y faire ses auditions. C’est devenu un projet en mémoire de leur fille. Toute ma vie, j’ai travaillé au bien-être des gens en massothérapie et en accompagnement, et je continue de le faire à ma manière.

Et de votre côté, Louise?

Louise: Depuis des années, Jacques et moisommesaussidescomplicessur le plan professionnel. Quand il a quitté sa pratique privée, nous sommes devenus partenaires. Jacques m’accompagne lors des tournages et des conférences. Nous sommes dans une nouvelle période de notre vie. Mes activités tournent autour de l’écriture. J’ai publié trois livres depuis la pandémie: Un été, trois Grâces, L’ héritage des mots et Mon cahier à moi, un livre pour enfants en collaboration avec l’illustrateur Tristan Demers. Quant à ma carrière d’actrice, on m’a proposé un tournage de série Web et une participation à un long métrage, deux projets qui auront lieu cette année.

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Vous disiez être dans une nouvelle période de votre vie. En quoi sentez-vous que vous franchissez une nouvelle étape?

L.: Nous sommes sur le chemin du «vieillir». Nous continuons d’avancer, mais nous devons faire des deuils. Nous devons nous détacher de ce qui a été, afin d’accueillir la nouveauté. Et parmi ces nouveautés, nous avons du temps. Nous goûtons à ce plaisir. Ce n’est plus notre agenda professionnel qui décide de tout. Les priorités ne sont plus les mêmes. Ça fait maintenant 30 ans que nous sommes ensemble, Jacques et moi, et mon agenda a eu la priorité pendant 28 ans. Heureusement, Jacques a eu beaucoup d’accueil et de disponibilité compte tenu des circonstances. Je l’apprécie, car je vois comme le travail peut éloigner les couples.

J.: Notre partenariat a commencé en 2002. J’avais toujours été mon propre patron. Le plus difficile dans cette adaptation, ç’a été de négocier avec Louise Portal sept jours par semaine, 24 heures par jour. Moi, je ne travaillais pas tous les jours de la semaine, mais Louise, si. Ç’a été un ajustement important pour nous deux. J’ai essayé de l’amener à faire en sorte qu’après 16 h, les questions professionnelles aillent au lendemain. L’un de mes rôles auprès d’elle, c’est celui de coach. Je la coache et je l’accompagne.

Il fallait que chacun puisse trouver sa place?

L.: Oui, et si notre relation continue de s’épanouir, c’est parce que Jacques a rapidement trouvé la sienne. Il n’était pas dans mon ombre. Mes compagnons précédents avaient de la difficulté à trouver la leur. Jacques est bien avec lui-même, dans le monde. Il est très aimé des gens. 

Revenons sur votre rencontre. Louise, ressentiez-vous un appel pour l’amour?

L.: Non. J’étais séparée depuis quatre mois et je n’étais pas pressée. Comme le dit si bien Jacques, mon cœur était en jachère. J’étais en guérison. J’étais en transit chez notre ami commun, qui est pour nous un frère de cœur: Jacques Lavallée. Notre ami avait organisé un après-midi de patinage. Ma rencontre avec Jacques a été orchestrée par le destin...

J.: En fait, je ne devais pas y être, car j’avais quatre massages à mon horaire ce jour-là. Or on a annoncé une tempête majeure, et mes quatre rendez-vous ont été annulés. Ça ne m’était jamais arrivé de toute ma carrière..

L.: J’avais passé l’avant-midi chez mon ami, le père Ambroise Lafortune, à qui j’avais parlé de ma récente rupture. Quand je l’ai quitté, il m’a dit que tout allait s’arranger et que j’allais être heureuse.

J.: Un mois plus tôt, Jacqueline, ma marraine spirituelle, m’avait dit que quelqu’un allait m’aimer pour qui je suis et non pour ce que je fais. J’étais seul depuis trois ans. Pour ma part, probablement à cause de mon histoire familiale, j’avais fait une croix sur l’amour...

Les choses ont-elles évolué rapidement entre vous?

L.: Jacques et moi avons patiné main dans la main. Je l’ai regardé et lui ai dit: «Je ne sais pas ce qu’il y a dans cette main-là, mais on n’a plus envie de la quitter.» De retour chez notre ami, Jacques a voulu rentrer chez lui, croyant qu’il avait affaire à une séductrice, ce que notre ami a nié. Il me connaissait suffisamment pour savoir que ce n’était pas le cas. Ce soir-là, Jacques a pensé, en son for intérieur, que s’il restait pour la nuit, il resterait pour la vie... Ce sont deux phrases qui en disent beaucoup sur notre rencontre. Cette première nuit ensemble — car oui, nous avons fait l’amour ce soir-là! (sourire) — , Jacques a commencé à me raconter sa vie. J’ai appris qu’il était sur le chemin de la sobriété depuis 15 ans et qu’il avait déposé le verre le 8 octobre 1977 avec deux autres personnes. J’ai réalisé qu’un an auparavant, j’avais passé deux mois au Guatemala avec ces deux personnes et que Jacques aurait dû être là... Le destin nous réservait une rencontre plus tard dans notre vie. Nous avions un chemin à faire avant de nous rencontrer: le chemin de la sobriété pour Jacques et celui de la cessation de la codépendance amoureuse pour moi. Sa sobriété m’a apporté la sobriété émotionnelle. Ç’a été un départ de relation privilégié, et je ne suis pas étonnée que ça dure depuis 30 ans. 

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Photo : Valerie Blum / Echos Ve
Photo : Valerie Blum / Echos Ve

Puisque vous avez rencontré l’amour en pleine quarantaine, votre couple a inspiré bien des gens, je présume?

L.: Oui. J’avais 43 ans, et Jacques en avait 39. Encore aujourd’hui, on nous dit souvent que nous sommes un modèle, que notre histoire inspire. 

Photo : Bruno Petrozza / TVA Pu
Photo : Bruno Petrozza / TVA Pu

Est-ce lourd, parfois, d’être considéré comme un modèle?

J.: Nous ne voulons pas être mis sur un piédestal. Si notre couple va bien, c’est parce que nous savons communiquer sans argumenter. La communication est difficile pour beaucoup de monde. Moi, je suis tenace. Je ne laisse rien passer. Quand les gens nous disent que pour nous la vie de couple est facile, je leur rappelle qu’être deux, c’est deux fois plus de problèmes, de soucis et de préoccupations! Il faut s’arrimer et c’est tout un travail! J’ai une vie spirituelle quotidienne et, chaque jour, je jardine l’amour. 

Tous ceux qui l’ont fait savent à quel point jardiner, c’est du travail...

L.: C’est une belle métaphore qui semble simpliste, mais qui est si vraie! Quand on avance en âge, il faut accueillir l’autre tel qu’il est. Il ne faut pas essayer de le changer ni de le contrôler.

J.: Chacun doit prendre sa place dans le respect, sans se laisser envahir par les préoccupations ou les responsabilités de l’autre, même si c’est difficile. Entre le début de notre relation et la sagesse que nous avons acquise, il y a eu beaucoup de pratique! (rires)

Il faut trouver le moyen de garder le contact, je suppose...

L.: Il ne faut pas se perdre de vue. À une certaine époque, Jacques était trop «focussé» sur moi. Il avait perdu son espace. Si nous avions des enfants et des petits-enfants, nous aurions aussi à préserver cet espace. Nos amis qui en ont n’ont pas tout à fait la même vie que nous, mais ils font en sorte de ne pas se perdre de vue, veillent à ne pas être envahis par les attentes de la famille. Notre moyen de garder le contact, Jacques et moi, c’est notre rencontre quotidienne. Tous les matins, depuis 30 ans, nous écrivons chacun de notre côté, puis nous vivons un moment de partage. Par la suite, nous pouvons partir chacun de notre côté pour nous consacrer à nos activités et ne pas nous voir de la journée. Au fil des années, nous avons constaté que c’est une grande richesse.

J.: Personnellement, je suis actif, j’ai besoin de bouger. Notre vie professionnelle envahissait notre vie personnelle et notre couple. J’ai eu une thrombose qui a coupé ce rythme; ça m’a permis de réaliser que je me perdais de vue. J’ai été déstabilisé. Il a fallu que je prenne soin de mon jardin personnel et que je renoue avec mes propres activités. Plusieurs d’entre elles étaient rendues centrées sur Louise. Maintenant, nous tendons vers l’équilibre.

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Vous avez la chance, semble-t-il, de vous évader à la campagne. C’est votre refuge au Saguenay?

L.: Oui, nous avons un chalet au Saguenay dont nous avons fait l’acquisition il y a six ans. Pour moi, c’est un retour aux sources, car le chalet est situé au bord du lac de mon enfance. J’ai eu l’instinct d’acheter ce chalet.

J.: Nous avions vendu nos maisons pour nous sentir allégés, libres d’attaches. Finalement, quelques mois plus tard, nous avons eu ce coup de cœur. Par amour pour Louise, j’ai dit oui, même si ce n’était pas le plan que nous avions établi pour l’avenir...

L.: Le timing a été parfait, car nous avons passé presque deux ans à temps plein au Saguenay durant la pandémie. Cela m’a permis de renouer avec Louise Lapointe. Je me suis détachée de ma carrière et j’ai retrouvé mon essence. J’ai aussi recommencé à faire des choses dans ma région. Ce qui me réjouit, c’est que Jacques a trouvé sa place là-bas. Nous sommes heureux d’y être. Nous organisons notre temps de façon à voir notre famille et nos amis. Au Saguenay, nous faisons du plein air, de la détente et quelques activités professionnelles. Notre chalet s’appelle Que du bonheur

J.: J’avais parlé du chalet à mon neurologue pour connaître son avis. Est-ce que le chalet allait être un trop gros stress pour moi? Il m’avait répondu que ça n’allait être que du bonheur... C’est comme ça que nous avons trouvé le nom du chalet.

Vieillir à deux est-il un privilège?

L.: Oui, quand on peut le faire dans l’harmonie et la complicité.

J.: Il faut être dans l’accueil des défauts de l’autre. Nous nous sommes mariés le 13 mai 1995. Louise a obtenu, chez le notaire, la libération de sa relation et du ranch au moment même où j’étais au tribunal ecclésiastique pour obtenir l’annulation de mon précédent mariage. Même jour, même heure! 

Comment entrevoyez-vous l’avenir?

J.: Nous préparons le chemin du «vieillir». Nous sommes dans le «voir venir». Dans le «vieillir», il faut s’adapter, car il y a des changements, des choses qu’on laisse derrière.

L.: Nous planifions la suite des choses. Nous nous interrogeons sur nos besoins et nous envoyons nos demandes dans l’univers. Les choses s’orchestrent. C’est assez magique! Souvent, nous vivons dans le passé et nous avons de la difficulté à nous projeter vers l’inconnu. Il faut en arriver à se projeter avec confiance et ne pas avoir peur de faire ses demandes à l’univers. Et surtout, être patients et ouverts à ce qui peut arriver...

On s’informe sur les projets de Louise et sur ses conférences au louiseportal.com.

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