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Environnement

Une usine pour des autos de luxe à la place de terres agricoles

AFP
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Photo portrait de Anne-Sophie Poiré

Anne-Sophie Poiré

2022-04-14T11:00:00Z
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La construction d'une usine de batteries pour de gros véhicules de luxe comme le Hummer électrique entraînera le dézonage de terres agricoles à Bécancour dans le Centre-du-Québec, dénonce l'organisme Équiterre. 

• À lire aussi: Budget Girard: Québec met plus d’argent dans les routes que dans le transport collectif

General Motors (GM) et le géant de la production d’acier Posco Chemical annonçaient le mois dernier la construction d’une usine de fabrication de batteries dans le parc industriel de Bécancour. 

Capture d'écran / Gouvernement du Québec
Capture d'écran / Gouvernement du Québec

La nouvelle installation produira des matériaux actifs pour les batteries Ultium de GM, qui aboutiront dans des camions légers de luxe comme la Cadillac Lyriq, le Chevrolet Silverado et le GMC Hummer.

Les prix de base de ces véhicules oscillent entre 71 000$ et 126 000$.

Une seconde usine de fabrication et de recyclage de batteries pour voitures électriques, propriété de la multinationale allemande BASF, s’établira au même endroit.

Mais pour permettre la construction de ces bâtiments, le dézonage de terres agricoles était nécessaire.

Le gouvernement de François Legault a autorisé le projet malgré tout.

«On n’est pas contre l’idée de l’électrification des transports, loin de là», souligne le directeur des relations gouvernementales à Équiterre, Marc-André Viau. «Le problème est quand on commence à aller empiéter sur des zones dont on a besoin pour remplir d’autres objectifs, comme l’autonomie alimentaire.» 

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Préserver les terres agricoles

Seize propriétés situées dans les limites du parc industriel de Bécancour devront ainsi disparaître. Tout sera déplacé ou démoli, moyennant une compensation financière. 

Capture d'écran / TVA Nouvelles
Capture d'écran / TVA Nouvelles

Dans le lot, on retrouve une ferme laitière de bonne taille. Son exploitation a cessé il y a six ans, mais la zone demeure l’une des rares parcelles cultivables dans la province. Au Québec, les terres agricoles ne représentent que 2% du territoire, selon Équiterre. 

Pour la directrice générale d’Équiterre, Colleen Thorpe, la CAQ aurait dû réfléchir aux conséquences de cette décision sur la souveraineté alimentaire.

«Le gouvernement doit être en mesure d’appuyer les efforts d’électrification sans amputer nos capacités de production agricole», fait-elle valoir.

• À lire aussi: Détruire une forêt pour construire une autoroute

Une «priorité» pour le gouvernement

Le dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) est clair: dans le contexte des changements climatiques, il est nécessaire de favoriser les produits locaux afin de sécuriser l’autonomie alimentaire. 

• À lire aussi: Il nous reste 3 ans pour agir: ce qu'il faut faire pour sauver la planète, selon le GIEC

Un peu plus de la moitié des produits consommés au Québec proviennent de l'étranger. La province est donc loin d'être autosuffisante sur le plan de la nourriture.

Le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, André Lamontagne, a toutefois indiqué vouloir «peser sur l’accélérateur» pour accroître l’autonomie alimentaire du Québec, rapportait La Presse en décembre 2020

Le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, André Lamontagne.
Le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, André Lamontagne. Stevens LeBlanc / Le Journal de Québec

«La CAQ en a fait une priorité», précise Marc-André Viau.

Le ministère de l’Agriculture a d’ailleurs annoncé la semaine dernière qu’il versera une subvention de 3 millions $ au géant américain PepsiCo pour une nouvelle ligne de production de croustilles de maïs à Lévis, invoquant la nécessité d’accroître l’«autonomie alimentaire». 

Avec TVA Nouvelles

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