De retour à la télé dans Sorcières, Christine Lamer veut se dépasser
Érick Rémy
Sa carrière s’étend sur un demi-siècle. C’est d’abord à l’âge tendre de 20 ans qu’elle s’est illustrée, par la voix et les gestes de la marionnette la plus aimée du Québec, Bobinette. Comédienne et animatrice par la suite, elle est aussi, depuis 20 ans, autrice et romancière. En mars 2024, elle lancera son 11e ouvrage, Les 7 femmes d’Adrien, mais avant cela, on aura le bonheur de la retrouver dans la série Sorcières!
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C'est avec enthousiasme que l’autrice nous parle de son retour à l’écran, 30 ans après L’or du temps. En effet, en janvier, elle rejoindra la distribution de Sorcières, diffusée à TVA. «Mon personnage, Clémence, est vraiment quelque chose que je n’ai jamais joué, une femme qui est un peu sous la domination de son mari. C’est la femme de Pierre, joué par Carl Béchard. Notre fils Philippe (Patrick Drolet) est dermatologue, sa conjointe, Beth (Marie-Joanne Boucher), est l’une des sorcières. C’est un rôle intéressant, c’est une fine, une personne douce. Il va arriver quelque chose avec son mari, qui fera en sorte qu’elle va rebondir.»
En outre, Christine Lamer sortira bientôt un autre livre, dont le sujet touche à sa famille. «Sans dire que j’ai pillé la vie du grand-père maternel de mon époux, Denys (Bergeron), je m’en suis un peu inspirée. Isidore Mercier, de son vrai nom, a vécu une vie exceptionnelle. Il avait fait la Grande Guerre et, comme la majorité des soldats qui reviennent du front, il n’en parlait pas. Cependant, j’ai réussi à mettre la main sur un carnet de notes de l’infirmière qui, dans les années 1980, traitait Isidore à l’Hôpital des Vétérans. Elle avait noté les récits et anecdotes qu’il lui a racontait. En m’inspirant de celles-ci, j’ai décidé d’appeler mon personnage Adrien et j’ai inventé sa propre histoire. Quant aux sept femmes, je laisserai les lectrices et lecteurs découvrir qui elles sont.»
De l’écran à la plume
Avant de s’aventurer dans la littérature, Christine Lamer s’était fait un nom en tant que comédienne, sur scène et à l’écran, et en tant qu’animatrice d’émissions matinales à la télé — Les anges du matin, aux côtés de son mari (1987-1994), La cuisine des anges (1987-1994) et Les Christine (1994-1995), qu’elle coanimait avec la chanteuse Christine Chartrand —, un volet de sa carrière abordé dans le cadre d’une récente émission des Enfants de la télé.
«Mon amour pour l’écriture est arrivé sur le tard. J’ai d’abord écrit deux biographies, la mienne, Nom d’une Bobinette: 50 ans déjà (2003), et Henri Bergeron: Par un beau dimanche... (2006), sur la vie et la carrière de mon célèbre beau-père qui a animé de 1966 à 1983 Les beaux dimanches. Je n’ai écrit mon premier roman, Katerie, qu’en 2013.» Puis ses deux romans Téléroman – Saison 1 et Téléroman – Saison 2, tous deux lancés en 2021, en pleine pandémie, lui avaient permis de se servir de sa propre expérience de comédienne vedette dans Le clan Beaulieu, Marisol et L’or du temps, qui s’est avérée un sujet aussi riche pour elle que fascinant pour les adeptes du genre. «Mon éditeur avait fait la suggestion à d’autres auteurs avant moi, mais aucun n’avait relevé le défi d’écrire un roman avec cette trame dramatique. Moi, parce que je connaissais bien ce monde, j’ai pris sa suggestion comme un défi. Comme j’avais évolué une bonne partie de ma vie dans des studios de télé, sur des plateaux de téléromans et dans l’univers du showbiz, cela me donnait un point de vue unique. Pourquoi ne pas en avoir fait une trilogie? Parce qu’après deux romans, j’avais le sentiment d’avoir fait le tour du sujet», dira-t-elle avec franchise.
L’aventure Bobinette
Et dire que sa fructueuse carrière a commencé lorsque Paule Bayard, la marionnettiste qui a prêté vie à Bobinette de 1960 à 1973, est tombée gravement malade. Son père, Marcel Laplante, réalisateur de l’émission Bobino, n’avait eu d’autre choix que de demander à sa fille de la remplacer au pied levé. «À cette époque, j’étudiais à Vincent-d’Indy. Je faisais un bac en musique et j’espérais devenir pianiste de concert, pas Bobinette. Puis, alors que j’étais en chemin vers l’école, j’ai eu une épiphanie. Ça m’a dit: “Tu peux lire la musique, mais pas interpréter des textes. Essaie-le donc!” J’ai relevé le défi, et ça a marché.»
L’amour indéfectible avec Denys
En couple depuis 50 ans et mariée depuis 46 ans avec Denys Bergeron, elle parle avec émotion de son compagnon, jadis producteur, qui n’a jamais cessé de l’épauler et de l’aimer. Dans le fond, leur histoire mériterait peut-être de faire l’objet d’un de ses romans? «Les histoires sans scandale n’intéressent personne! (rires) Notre vie est parsemée de rires et d’humilité. Nous nous sommes apporté de belles choses, qui ont amélioré nos caractères... surtout le mien. (rires) Denys est calme, alors que je suis plus sanguine!» Le couple a eu une fille, Martine, qui les a faits grands-parents de deux petites-filles, Clara, 15 ans, et Emma-Saule, 13 ans. Nouvellement septuagénaire, que voit Christine en se regardant dans le miroir? Elle fait une longue pause avant de répondre: «Je suis fière de ce que je vois: une fille déterminée, plus sage, qui continue de vouloir se dépasser. Une femme sensible, parfois trop. Mon changement de tête coïncide avec cette nouvelle dizaine dont je veux profiter, profiter, profiter!» lance-t-elle.
Les 7 femmes d’Adrien sortira en mars 2024.
On peut se procurer ses autres livres, dont ses deux derniers, Téléroman, en magasin et sur les plateformes numériques.
On verra l’actrice dans Sorcières, au retour des fêtes, en janvier, les lundis soir, 20h, à TVA.