Avec son rôle dans Indéfendable, Nathalie Madore voit sa carrière décoller à 57 ans

Le nom de Nathalie Madore ne vous dit peut-être rien, mais vous connaissez sûrement son visage et son personnage, dans Indéfendable, qu’on appelle presque toujours par son nom de famille: Gagnon! C’est elle qui incarne cette détective pour le moins particulière à qui les avocats du cabinet Lapointe-Macdonald & Desjardins font appel. Rencontre avec une femme qui est la preuve qu’il faut toujours croire aux belles surprises que la vie nous réserve.

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«Je n'avais pas de carrière comme telle avant de tenir le rôle de Claude Gagnon, lance d'emblée la comédienne. J'ai fait de la publicité, j'ai enseigné, j'ai fait du coaching sur des plateaux de tournage pendant 20 ans. J'en ai fait beaucoup, j'ai aussienseigné chez Danielle Fichaud il y a très longtemps.» C’est une directrice de casting, Mélanie Ranger, qui a suggéré le nom de Nathalie Madore à l’équipe d’Indéfendable pour incarner ce personnage coloré de détective. «On a fait deux jours de tournage, et après ça, je n’ai pas eu de nouvelles jusqu’à la fin de la première saison. Puis ils m’ont donné d’autres textes et ça a fait boule de neige. Le monde adore Gagnon, je me fais reconnaître dans la rue et je me fais dire qu’on m’aime, que je suis bonne!»      

Le public aime particulièrement la nature du personnage, qui n’y va généralement pas par quatre chemins. «Un jour, on finissait de tourner à Longueuil et je me dirigeais vers le studio lorsqu’un monsieur est arrivé de nulle part et m’a demandé: “À qui est-ce que je dois écrire pour vous voir plus souvent?” C’est quand même extraordinaire! Je suis sur une belle vague.»      

L’actrice a, de son propre aveu, adoré le personnage de Gagnon dès qu’elle en a lu les premières répliques. «Mon instinct m’a fait penser que si je la jouais comme je le voyais, et comme eux me le suggéraient, elle pourrait avoir une vie, et je trouvais que c’était un personnage “payant”. J’espérais qu’elle revienne. J’ai toujours rêvé de faire un personnage dans ce genre-là, avoue-t-elle. C’est une composition, elle est colorée, elle a de grosses failles et, en même temps, elle est super attachante, elle a des qualités qui sont cachées, elle est intelligente et a du guts. Elle a le pif pour reconnaître les autres.» 

Les tournages de la seconde saison d’Indéfendable se sont terminés à la mi-novembre et reprendront au printemps, mais déjà, Nathalie sait que Gagnon sera encore plus présente. «Ils m'ont dit qu'on s'en allait vers quelque chose de plus dramatique. Elle ne vit pas dans une van, isolée des autres, pour rien. C'est spécial. Je me suis dit que c'est parce qu'elle a vécu des choses difficiles. Elle a un passé. Interpeller les gens par leur nom de famille, c'est sa manière de mettre une distance entre elle et eux, parce qu'elle est fragile. C'est sa façon de se protéger. Elle n'aime pas la bullshit et quand elle t'adopte, elle t'adopte pour de bon», dit-elle.     

Vivre au jour le jour
À 57 ans, Nathalie vit des moments réjouissants alors qu’elle voit sa carrière de comédienne prendre son essor! «C’est mon premier “premier rôle”, dit-elle. À l’âge où je suis rendue, c’est juste du bonbon. C’est une carrière qui prend son envol. Ils m’ont donné une chance. Ils m’ont permis d’essayer quelque chose, et ça marche. Je l’aime, Claude Gagnon, je capote!» Quand on lui dit qu’il doit être très agréable d’incarner un tel personnage, sans doute à mille lieues d’elle, Nathalie répond: «Je dirais qu’il y a un peu de Claude Gagnon en moi, parce que je peux être assez prompte, mais dans la vie, je veux que les autres soient bien, je fais attention, je suis polie. Cela dit, dans sa répartie et sa sensibilité qui peut être cachée par une petite brusquerie, elle me rejoint.»

L’actrice a fait carrière en grande partie dans le milieu artistique, mais elle a aussi, comme bien d’autres à leur sortie de l’école de théâtre, travaillé dans des restaurants. «Un ami de l’école de théâtre m’a appelée un jour pour savoir si ça pouvait m’intéresser de faire du coaching sur Ramdam. J’ai dit oui, et ma carrière de coach pour enfants a commencé là. J’ai fait Les Parent, Les Argonautes, Kaboum, des séries Web. J’ai beaucoup travaillé. Et à un moment donné, tout s’est arrêté. Je me suis dit: “Ça suffit!” J’obtenais des petits rôles ici et là, de la pub, mais j’ai fait un choix conscient: je voulais me bâtir une nouvelle carrière dans le milieu de l’aviation et voyager, tout en continuant à faire des petites choses ici et là», confie-t-elle.

Une décision logique, mais la pandémie est arrivée, et Nathalie a été au nombre des employés qui ont perdu leur emploi. «Et là, ça s’est mis à débouler, je n’arrêtais pas d’avoir des appels, des seconds rôles, puis est arrivé Indéfendable, raconte-t-elle. En même temps, soyons réalistes, ça va bien, j’en profite, mais on ne sait pas ce qui va arriver demain. Je surfe là-dessus, je suis super contente, et ça tombe bien dans ma vie parce que c’est un plus de pouvoir côtoyer des gens extraordinaires. On a une équipe formidable, on est bien traités sur le plateau.»     

C’est en mars que les tournages de la prochaine saison vont débuter, et la comédienne a raison d’avoir hâte de retrouver l’équipe. «On va comprendre d’où Claude vient et connaître sa vie personnelle. Les gens m’aiment assez et les auteurs ont le goût d’aller un peu plus loin avec mon personnage. C’est le fun.»     

En attendant son retour sur le plateau, Nathalie passe des auditions, notamment en anglais, et s’adonne à une activité qu’elle aime beaucoup: chanter dans une chorale. «C’est pour mon plaisir, j’aime chanter et j’ai décidé de m’y remettre. On a fait des spectacles de Noël et on va en faire d’autres en juin. Et, mis à part la chorale, je suis aidante naturelle, j’aide une amie qui a la sclérose en plaques. Ça, ça garde les deux pieds sur terre.»     

Célibataire, sans enfant, l’actrice est sensible à cette soudaine popularité, et elle souhaite évidemment que son rôle dans Indéfendable fasse en sorte qu’on la choisisse pour jouer dans d’autres projets. «La vie a fait que, tout à coup, je me sens à ma place. Je hais l’expression “être sur son X”, mais vraiment, je suis assise dessus! On ne sait jamais ce qui va arriver dans ce métier-là; je l’ai souvent dit à des jeunes à qui j’ai enseigné. D’ailleurs, j’ai adoré faire du coaching, c’était vraiment un beau métier, mais si on me demande ce que je veux faire aujourd’hui, c’est jouer.»

Ne manquez pas Indéfendable, diffusée du lundi au jeudi, à 19 h, à TVA.