Prime Day: voici comment Amazon encourage le suremballage
Élizabeth Ménard
Amazon a utilisé tellement de coussins de plastique en 2020 qu’on pourrait faire le tour de la terre 600 fois avec si on les plaçait les uns à la suite des autres, selon une étude d’Oceana Canada.
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Les parts de marché du géant de l'achat en ligne ne cessent de croître au Québec.
Pas moins de 48 % des 16,1 milliards de dollars dépensés en ligne par les Québécois en 2021 l’ont été sur Amazon, soit près de 7,8 milliards de dollars, révèle le Journal de Montréal. L’année précédente, en 2020, le géant américain accaparait 41 % des achats.
Dans le documentaire L’envers d’Amazon, réalisé par le Bureau d’enquête, on apprend que le système automatisé de l’entreprise encourage le suremballage par souci de productivité.
«Ce qui m’a frappé, c’est le volume», raconte le journaliste Dominique Cambron-Goulet, qui a enquêté sur le géant du commerce en ligne, au centre de distribution de Lachine.
«Quand on est à la maison, on reçoit une commande suremballée de temps en temps. Tandis que là, quand on emballe les colis toute la journée, on en voit vraiment beaucoup passer», poursuit-il.
Dès sa première journée, il a dû emballer un petit diffuseur d’odeurs dans la plus grosse boîte disponible.
«Dans ma formation, on m’a mentionné spécifiquement de ne pas changer le format des boîtes si elles étaient trop grosses pour l’objet, on fait juste ajouter plus de coussins d’air, précise-t-il. C’est que chaque format de boîte est prédéterminé selon l’article à emballer, on ne peut pas juste choisir une boîte. Et si on veut la changer, il faut l’entrer dans le système, il y a des étapes supplémentaires.»
Pour ne pas ralentir la chaîne de production, il est donc préférable de simplement ajouter des coussins d’air.
- Voyez la bande-annonce du documentaire L’envers d’Amazon:
Difficiles à recycler
Mais ces coussins d’air son difficilement recyclables, nous apprend la porte-parole d’Oceana Canada, Sayara Thurston, dans le documentaire.
«Il faut les percer et les mettre dans un sac plastique avec d’autres coussins d’air si on en a, le refermer, et le mettre dans le bac. C’est beaucoup d’étapes», dit-elle.
Contacté par le Bureau d’enquête, Amazon affirme que les données d’Oceana Canada sont erronées, mais refuse de partager ses chiffres pour le démontrer.
Un géant incontrôlable
Outre le suremballage, L’envers d’Amazon se penche sur la responsabilité sociale de ce géant qui impose sa loi partout.
«Le but c’était de présenter l’impact d’Amazon au Québec, parce que le premier centre de distribution au Québec a ouvert en juillet 2020. Il y avait des allégations aux États-Unis par rapport aux conditions de travail, aux relations avec les syndicats et on voulait aller sur place constater si ce serait différent au Québec», explique le journaliste.
Son constat: «Amazon est un géant, plus gros que plusieurs États dans le monde. À cause de sa position, il devient un incontournable, mais personne ne sait comment manœuvrer avec ce géant-là, tant au niveau des relations de travail, de la fiscalité, de l’impact sur le commerce.»
◼ Le documentaire L’envers d’Amazon, disponible sur Club illico