Un traité international pour que cesse la pollution plastique
Anne-Sophie Poiré
D’un coup de marteau — en plastique recyclé, la plus importante résolution des Nations unies sur le climat a été entérinée mercredi depuis l'Accord de Paris en 2015: 175 nations se sont engagées à rédiger un traité international pour que cesse enfin la pollution plastique.
«Le message, c’est que nous allons éliminer la pollution plastique de notre environnement», a fait savoir la directrice du Programme de l’ONU sur l’environnement (PNUE), Inger Andersen, devant l’assemblée réunie à Nairobi, au Kenya.
«La pollution plastique est devenue une épidémie. Avec la résolution d'aujourd'hui, nous sommes officiellement sur la voie d'un remède», a déclaré le ministre norvégien de l’Environnement, Espen Barth Eide, qui présidait l’assemblée.
Ce traité s’attaquera au cycle de vie complet des plastiques, de la production à l'élimination.
«Aujourd’hui, nous écrivons l’Histoire [...]», a ainsi lancé Espen Barth Eide sous les applaudissements des quelque 5000 délégués.
La dernière résolution de l’ONU sur le climat dite «historique» remonte à 2015, avec l'Accord de Paris. Elle a été adoptée par 196 parties lors de la COP 21 dans la capitale française, et est entrée en vigueur le 4 novembre 2016.
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Son objectif est de limiter le réchauffement climatique à un niveau bien inférieur à 2, de préférence à 1,5 degré °C, par rapport au niveau préindustriel.
Attaquer sur tous les fronts
Plus de 130 millions de tonnes métriques de plastique à usage unique sont jetées chaque année, majoritairement brûlées, enfouies dans les décharges ou balancées dans les cours d’eau.
La contamination des microplastiques a atteint «toutes les parties des océans, de la surface aux grands fonds marins, des pôles aux côtes des Îles les plus isolées, et se retrouve du plus petit plancton à la plus grosse baleine», mettait en garde le Fonds mondial pour la nature dans un rapport publié en février, en prévision de l’assemblée.
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Pour répondre à l’étendue du problème, un texte «juridiquement contraignant» — comme l’Accord de Paris — sera élaboré par un comité de négociation intergouvernemental d’ici 2024.
La production de plastique devrait presque quadrupler d'ici 2050, et absorber de 10 à 13% du budget carbone mondial.
Le traité n’entend donc pas s’attaquer uniquement aux déchets.
Il pourra fixer des objectifs, définir des mesures «contraignantes ou volontaires», prévoir des plans de lutte, élaborer des mécanismes de contrôle ou assurer du financement pour les pays en développement.
La consommation de plastique par personne dans les pays développés est 2,5 fois plus élevée que dans les pays en développement, selon l’organisme Planet Tracker.
Le comité commencera ses travaux cette année.
- Avec AFP