Des espèces animales vivent sur des amas de plastique dans l’océan
Andrea Lubeck
Contre toute attente, des espèces animales côtières réussissent à survivre dans des habitats artificiels formés par les masses de plastique dans les océans, rapporte The Guardian.
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Parmi les bouteilles d’eau flottantes, les vieilles brosses à dents et les filets de pêche emmêlés de la grande plaque de déchets du Pacifique, on trouve des colonies d’anémones, d’ophiures, de crevettes et de balanes, entre autres espèces, qui réussissent à survivre dans ces conditions, au grand étonnement des chercheurs.
Dans l'étude publiée dans la revue Nature Communications, on qualifie ces espèces à la dérive de «communautés néopélagiques». Ces espèces vivent habituellement le long des côtes abritées.
Une hypothèse réfutée
Les chercheurs pensaient que la survie des espèces côtières était en péril en haute mer. Toutefois, 10 ans après le tsunami de 2011 au Japon, qui a envoyé 300 espèces côtières asiatiques vers les côtes nord-américaines, leurs observations réfutent cette hypothèse.
Étonnamment, le plastique océanique «crée des opportunités pour la biogéographie des espèces côtières qui s’étendent bien au-delà de ce que nous pensions possible», a indiqué Linsey Haram, coauteure de l’étude et associée de recherche au Smithsonian Environmental Research Center, dans un communiqué.
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Il semble donc que les espèces évoluent pour mieux s’adapter à la vie sur le plastique, selon les résultats de l’étude.
Un «piège écologique»
Si la survie des espèces côtières dans les amas de plastique est en partie une bonne nouvelle, leur déplacement pourrait avoir des conséquences néfastes. Il s’agirait ni plus ni moins d’un «piège écologique», affirme dans une entrevue accordée au Guardian Juan José Alava, expert en écotoxicologie marine et en conservation à l’Université de Colombie-Britannique.
En plus de pouvoir devenir envahissantes et destructrices, ces colonies qui se forment sur les déchets de plastique attirent des animaux qui sont plus haut dans la chaîne alimentaire, comme les poissons, les tortues et les mammifères. Ces derniers courent le risque d’ingérer le plastique, ou encore de s’emmêler dans les déchets et de mourir, explique M. Alava.
«Le rapport 2021 des Nations unies, publié à l’issue de la COP26, indiquait clairement que l’ampleur de l’augmentation rapide de la pollution plastique mettait en péril la santé de l’ensemble des océans et des mers du monde», ajoute M. Alava.