Une réflexion dans le milieu de la boxe est nécessaire, selon Ariane Fortin
Agence QMI
Le décès de Jeanette Zacarias Zapata, 18 ans, a semé une onde de choc, jeudi, amenant beaucoup d’interrogations dans le milieu de la boxe.
En entrevue à TVA Nouvelles, la présidente de la Fédération québécoise de boxe et ex-championne mondiale, Ariane Fortin, estime que la solution passe par l’éducation : d'abord celle des athlètes, qui doivent apprendre à reconnaître leurs symptômes, mais aussi celle des entraîneurs, qui doivent davantage examiner les signes de commotion cérébrale et créer un climat où les athlètes sont à l’aise de dire qu'ils ne se sentent pas bien.
- À lire aussi: Jeanette Zacarias Zapata était prête à mourir dans l’arène, selon son père
- À lire aussi: Un combat devant les tribunaux?
«Je pense qu’on peut tous faire un peu mieux, a-t-elle évalué. Nos athlètes, on peut les éduquer plus. Les entraîneurs peuvent faire plus. Je pense que nous, la Fédération, et Boxe Canada également pouvons faire plus de sensibilisation. J’espère que ça va donner lieu à une réflexion approfondie. Oui, il y en a des pistes de solution dans la façon de choisir les adversaires et de s’assurer du niveau. On ne peut pas contrôler tous les variables, mais on peut faire mieux, ça, c’est certain.»
«Ce que j’espère que ce qui va ressortir de cet événement tragique, c’est qu’il va avoir une réflexion. Souvent, on va essayer de trouver un coupable, mais dans ce temps-là, on ne pousse pas la réflexion plus loin.»
Dans le combat précédent de Jeanette Zacarias Zappara, tenu en mardi, elle avait subi le K.-O. et était restée allongée pendant un bon moment. «Est-ce qu’on peut rallonger la période entre les combats? Est-ce qu’on pourrait interdire les combats à quelqu'un qui s’est fait mettre K.-O. à son dernier combat pour rehausser la qualité des adversaires?», a soulevé Fortin.
Des tests plus précis
Selon elle, quand un examen d’imagerie par résonance magnétique ou une tomodensitométrie est imposé à un athlète qui a subi plusieurs commotions, ce n’est pas rare qu’on ne voit rien. Des outils supplémentaires devraient être requis, d’après la présidente.
«Il y a le test SCAT qui est un petit questionnaire reconnu mondialement dans le sport qu’on utilise en boxe olympique, a-t-elle souligné. Pour aller aux championnats canadiens, chaque athlète doit le refaire chaque année avec son entraîneur, idéalement avec un physiothérapeute et un médecin. Ça nous sert de base, d’avoir ces informations-là, comment l’athlète répond à ces questions quand il est en santé, quand il va bien. Ensuite, s’il y a une possible commotion, on repasse le test et le médecin a vraiment des données pour comparer.»
Boxe professionnelle et boxe olympique
Par ailleurs, la dirigeante explique que les gens doivent faire la différence entre la boxe professionnelle, que pratiquait Zacarias Zapata, et la boxe olympique, qu’elle-même a adoptée.
«Quand on voit de la boxe à la télé, c’est de la boxe professionnelle, a-t-elle indiqué. Il y a des distinctions importantes entre les deux. La plus grande différence, c’est l’équipement qu’on utilise. Ça prend plus de protection en boxe olympique. Le système de pointage en boxe professionnelle récompense la chute au plancher. Donc, c’est avantageux, ça donne plus de points, alors qu’en boxe olympique, pas du tout. Même si ça se produit, ça ne nous avantage pas plus.»
La boxe professionnelle est davantage une entreprise, où on choisit les adversaires. En boxe olympique, les pugilistes se mesurent à d’autres boxeurs de niveau similaire, ce qui n'est pas toujours le cas chez les pros.
«En boxe olympique, le nombre de défaites n’est pas important, tandis qu’en boxe professionnelle, c’est très mal vu d’avoir 1-2 défaites. Est-ce qu’on peut changer ça aussi? Je pense que oui. Je pense qu’une partie de la solution, c'est le changement de culture et je pense que la Régie des alcools, des courses et des jeux va avoir un travail à faire par rapport à ça.»
S'il est tentant de séparer les deux types de boxe, ce genre de situation peut arriver dans toute situation de combat. «C’est certain que ce qui est arrivé la semaine passée est tragique; est-ce surprenant? Non. Pas que ça arrive si souvent, mais ça arrive quand même», a noté Mme Fortin.