Des solutions pour mieux encadrer la boxe
Mathieu Boulay
Le décès de Jeanette Zacarias Zapata a de bonnes chances de provoquer une refonte complète de la boxe au Québec au fil des ans.
Les gens de l’industrie de ce sport seront appelés à revoir leurs méthodes et leurs procédures afin de mieux encadrer les athlètes. Tout sera scruté à la loupe.
- À lire aussi: Décès de Zacarias Zapata: le Bureau du coroner enquêtera
- À lire aussi: «Zacarias Zapata est retournée trop rapidement dans le ring»
Au cours des derniers jours, le représentant du Journal de Montréal a parlé à plusieurs intervenants du milieu de la boxe sur les solutions qui pourraient être envisagées pour mieux encadrer leur industrie. Voici ce que j’ai recueilli et je partage avec vous.
Mise à jour du livre de règlements de la RACJ
Ce document a été écrit en 1980 après la mort de Cleveland Denny au Stade olympique. Toutefois, depuis sa création, on a eu droit à une seule mise à jour, soit celle pour les arts martiaux mixtes.
Pour le modifier, un projet de loi doit être déposé par la ministre de la Sécurité publique. Le livre de règlements de la RACJ a besoin d’une cure de rajeunissement afin de le mettre au goût du jour.
On peut penser que ce sera fait après l’enquête du coroner. Par la suite, les représentants de la Régie devront s’assurer de son application dans le quotidien.
Des examens médicaux plus poussés?
Depuis plusieurs années, les boxeurs sont soumis à une batterie de tests afin de s’assurer qu’ils sont en mesure de monter sur le ring.
La Régie exige des «scans» du cerveau depuis une quinzaine d’années, mais ceux-ci ne permettraient pas d’avoir un portrait juste de la santé des athlètes.
Et si on imposait des tests cognitifs aux boxeurs et aux boxeuses sur une base régulière? On pourrait évaluer leur évolution après une victoire obtenue dans une guerre ou dans une défaite par knock-out.
Accorder des suspensions plus longues
Depuis quelques années, le promoteur Camille Estephan en a fait son cheval de bataille sur la place publique. Il aimerait que les suspensions soient de 60 jours pour les boxeurs qui subissent un knock-out.
Sur papier, c’est une bonne idée. Toutefois, dans la réalité, c’est une autre histoire. Est-ce qu’un promoteur, un gérant ou un entraîneur serait en mesure de garder son boxeur loin des «sparrings» durant toute cette période? Ce serait tout un défi. Les boxeurs n’aiment pas se garder trop loin du ring pour ne pas perdre leurs acquis et leurs réflexes.
Former un comité avec les meilleures têtes de boxe au Québec
Il faut souhaiter que les politiciens pensent à consulter les hommes de boxe s’ils souhaitent apporter des changements importants à la boxe. Ce sont eux qui sont sur le plancher des vaches.
On verrait bien un comité composé de Marc Ramsay, Stéphan Larouche, Vincent Auclair, Jean Zewski, Samuel Décarie, Ariane Fortin et Luc-Vincent Ouellet être formé.
Ces personnes connaissent la réalité des gymnases, des camps d’entraînement et des combats. Ils ont aussi l’occasion de voyager aux quatre coins du monde pour diriger leurs boxeurs. Ils ont une excellente connaissance de leur sport, des risques de celui-ci et des avancées médicales.
Les promoteurs doivent faire partie des solutions
Depuis samedi dernier, les promoteurs Yvon Michel et Camille Estephan ont annoncé à leurs employés que tous leurs prochains adversaires ne pourront pas avoir subi de knock-out à leurs derniers combats.
De plus, ils pourraient exiger des adversaires d’enregistrer une victoire ailleurs avant de pouvoir mettre les pieds au Québec. On peut se demander s’ils pourront mettre le tout en pratique.
Assurer une formation continue des entraîneurs
Un entraîneur est une personne-clé dans l’entourage d’un boxeur. Leur lien de confiance est très important durant les camps et les combats. L’entraîneur a la mission de protéger son athlète pendant la durée de sa carrière.
Dans les rangs amateurs, les entraîneurs sont en mesure de recevoir une formation de la Fédération québécoise de boxe amateur.
Ce n’est pas le cas de ceux qui œuvrent chez les professionnels. Il est assez simple d’obtenir son permis pour occuper la fonction d’homme de coin. Il est impératif que les entraîneurs puissent avoir accès à de la formation afin de se tenir au courant des dernières avancées sur les plans sportif et médical.
Des adversaires scrutés à la loupe
Les «matchmakers» ont un boulot ingrat. Ils doivent trouver des adversaires pour leurs promoteurs souvent avec un budget restreint. C’est encore moins évident en temps de pandémie alors qu’ils doivent dénicher des athlètes vaccinés.
Lors des prochains mois, leur boulot sera scruté à la loupe. Ils ne pourront plus se contenter d’un simple nom sur une feuille, d’une fiche sur le site BoxRec ou d’un rapport médical en ordre.
On peut penser qu’ils devront exiger des vidéos des deux ou trois derniers combats des adversaires sélectionnés. Ce serait un minimum.
Mieux contrôler les séances d’entraînement
Les boxeurs le disent eux-mêmes : leurs camps d’entraînement sont souvent plus difficiles que leurs combats. Ils s’entraînent à une fréquence de deux sessions par jour pendant plusieurs semaines.
En plus de la préparation physique, ils participent à plusieurs rounds de sparring contre des partenaires en prévision d’un combat. Durant ces séances, même s’ils portent un casque de protection, ils peuvent subir une commotion cérébrale après un bon coup d’un opposant.
Afin de diminuer les risques, il faudrait que les entraîneurs et les boxeurs réduisent le nombre de rounds de sparring par année. Plus facile à dire qu’à faire.