Des vandales antivaccins s’attaquent à une école
Des slogans virulents ont été peinturés sur un établissement de Lanaudière
Erika Aubin
Les vandales qui ont allumé un incendie et souillé les murs d’une école secondaire de Lanaudière de graffitis véhiculant des messages antivaccins donnent l’impression à des experts que la radicalisation des opposants aux mesures sanitaires est montée d’un cran.
« Ce n’est pas un événement isolé. Depuis la rentrée scolaire, il y a une augmentation palpable des sentiments de frustration, de colère et d’opposition des personnes antivaccins qui se traduisent par des gestes concrets », s’inquiète Cécile Rousseau, responsable de l’Équipe clinique de polarisation du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal.
La Sûreté du Québec enquête sur un incendie suspect qui a éclaté tôt mardi matin dans une roulotte de chantier à l’arrière de l’école secondaire des Chutes, à Rawdon, ainsi que sur des méfaits commis sur le terrain, a fait savoir le porte-parole Jean-Raphaël Drolet.
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Des photos de graffitis antivaccins peinturés sur plusieurs murs de l’établissement ciblé ont circulé sur les réseaux sociaux avant que le centre de services scolaire les nettoie.
« En temps et lieux [sic] seront pendu [sic] ceux qui vaccinnent [sic] les jeunes de force », pouvait-on lire en lettres bleues sur un mur.
Pour défendre les enfants
Si ces complotistes s’attaquent à des écoles, c’est qu’il y a des gens sincèrement outrés par des mesures comme le port du masque chez les jeunes, soutient Louis Audet Gosselin, directeur scientifique et stratégique du Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence.
« Les théories du complot attirent [des adeptes] auprès de ceux qui se portent à la défense des enfants. C’est un point fort de leur discours », précise le sociologue.
« Pour eux, qui sont en révolte contre l’ensemble des institutions sociales, les écoles sont de vrais lieux d’endoctrinement pour les enfants », explique Martin Geoffroy, directeur du Centre d’expertise et de formation sur les intégrismes religieux, les idéologies politiques et la radicalisation.
Rappelons que des militants antivaccins avaient aussi gâché la rentrée scolaire d’une école primaire de Lanaudière en scandant des slogans dans un mégaphone.
Tensions à venir
Élections fédérales, quatrième vague de COVID-19 et entrée en vigueur du passeport vaccinal : le climat social a un potentiel de radicalisation, disent unanimement les trois experts qui craignent que les actes violents se multiplient prochainement.
« Le Québec est doublement vacciné à 82 % et il reste un noyau dur à convaincre. Comme société, il faut se demander si les mesures de contrainte à venir auront un bénéfice plus grand que le risque d’exacerber les tensions et la violence », questionne Cécile Rousseau.