Marie-Claude Barrette à la tête d'un documentaire sur les cultes religieux
Disponible sur Club illico
Marie-Hélène Goulet
Au Québec, des enfants souffrent d’une éducation déficiente ponctuée de violences psychologiques et physiques au nom du culte religieux de leurs parents. Dans cette série documentaire en deux épisodes, Marie-Claude Barrette va à la rencontre d’adultes qui ont brisé les chaînes des pratiques inquiétantes de leur enfance et qui se demandent pourquoi la société les a laissés tomber.
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Marie-Claude, pourquoi avez-vous décidé de vous donner corps et âme pour le documentaire Cultes religieux: Des enfants oubliés?
Pour combattre l’injustice! Pour moi, réaliser ce documentaire n’était pas un travail, mais plutôt une implication sociale. Depuis que je suis toute petite, les situations d’injustice me touchent, et je suis toujours prête à défendre les laissés-pour-compte. J’ai beaucoup de difficulté à accepter les «Parce que c’est comme ça» lorsque je m’interroge sur une situation injuste. Avec ce documentaire, je veux comprendre ce que vivent des enfants au nom de différents cultes religieux et pourquoi on accepte ça en tant que société.
Qui avez-vous rencontré?
J’ai reçu les témoignages d’adultes qui ont grandi dans différents cultes religieux, certains qui s’intègrent en quelque sorte au système, et d’autres qui sont complètement fermés. Dans ces derniers, les enfants ne vont pas dans nos écoles et passent complètement sous le radar. Nous avons aussi des témoignages d’intervenants extrêmement touchants.
Que disent les anciens membres de cultes sur la maltraitance qu’ils ont subie?
Je n’aime pas beaucoup donner trop de détails sur les drames vécus. Personne n’a besoin de savoir où, quand et comment ces choses-là ont été faites. J’ai l’impression que sauter les détails rend les histoires encore plus émouvantes, car on sent toute la souffrance de ces gens.
Quel genre d’adultes les enfants qui grandissent dans les cultes dont vous parlez dans votre documentaire deviennent-ils?
Une femme qui témoigne affirme qu’ils sont des «immigrants sectaires». Je trouve que ça résume bien la chose, car quand ils quittent leur culte, ils ne connaissent rien de la société, ou presque. Ils ne savent pas où trouver un emploi, par exemple. Certains ne connaissent même pas le français! Et comme ils sont complètement rejetés par leur communauté, ils n’ont personne à appeler pour demander de l’aide. C’est difficile de choisir de partir dans cette situation. Ce sont des personnes persévérantes et courageuses qui réussissent à le faire.
Sont-ils beaucoup dans cette situation au Québec?
Nous n’en avons aucune idée, car ils n’ont jamais été recensés. Déjà, je trouve que ça soulève un problème. C’est très choquant! Toutefois, nous n’avons pas du tout eu de difficulté à trouver des gens prêts à témoigner.
Y a-t-il de l’espoir pour ces jeunes?
Oui, et c’est ce qui est beau de ce documentaire. Les personnes qui témoignent sont lumineuses et ne regrettent pas du tout d’être sorties de leur ancienne vie. Au contraire, même si elles éprouvent encore des difficultés à vivre en société, elles veulent participer à la discussion afin de sauver des enfants comme elles auraient aimé être sauvées. Elles sont contentes de parler, même si elles rouvrent des plaies. Vous allez découvrir qu’elles ont beaucoup à dire au gouvernement.
Pourquoi, justement, le gouvernement n’agit-il pas?
Je pense que c’est parce qu’il s’agit parfois de grosses organisations, qui ont des sièges sociaux et des avocats. S’attaquer à elles entraîne plus de conséquences que le fait d’intervenir dans un simple foyer. Ça reste difficile à comprendre que, dans une société qui se dit laïque, on n’intervienne pas à cause de dogmes religieux, comme si les enfants ne souffraient pas des lacunes de leur éducation parce que la maltraitance est faite sous le couvert de la religion.
Qu’espérez-vous obtenir grâce à ce documentaire?
Des réponses du gouvernement, parce que fermer les yeux n’est pas une solution.
Cultes religieux: Des enfants oubliés est disponible sur Club illico