Un 200e épisode festif pour Curieux Bégin
Steve Martin
Depuis les débuts de son émission, il y a 15ans et des poussières, notre Bacchus à mobylette a parcouru bien des kilomètres, rempli d’innombrables coupes de vin et reçu un nombre tout aussi important d’invités autour de son îlot. Deux cents épisodes plus tard, l’esprit est à la fête chez Christian Bégin, comme on peut le deviner.
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Christian, pour un amateur de petits et de grands plaisirs comme toi, voir une émission comme Curieux Bégin perdurer doit donner l’impression d’avoir décroché le gros lot...
C’est inespéré dans ma vie. C’est la job de rêve! Au début, je me disais: «Si ça dure une année, je vais dire merci et je vais être très heureux.» À chaque nouvelle saison, je suis donc étonné et ravi. L’émission a même changé ma vie à plusieurs égards. Si je vis à Kamouraska et si la restauration est devenue ma deuxième famille, c’est grâce à Curieux Bégin. Ça m’a éduqué, ouvert l’esprit, et permis de rencontrer des gens animés et inspirants. C’est comme un gros jackpot.
Ton émission a fait ses débuts durant le boom des émissions culinaires post-Pinard et di Stasio, mais se distinguait en ne proposant pas de suivre des recettes étape par étape. T’es-tu demandé à l’époque si tu allais trouver ton public?
Honnêtement, je n’avais pas cette préoccupation. Quand Jean-Pierre Paiement, de chez Zone 3, m’a offert de créer une émission de cuisine, je suis tombé des nues. Oui, j’avais participé à l’émission de Josée di Stasio à quelques reprises, mais ça ne faisait pas partie de mon plan de carrière. Quand Jean-Pierre m’a proposé d’imaginer un concept, j’ai tout de suite pensé à Curieux Bégin. Je ne suis pas un chef et je sais que je n’ai pas le 32e du talent de ceux qui viennent à l’émission, mais, pour moi, la bouffe était accessoire. Je voulais que ce soit un show sur les rencontres.
Et les rencontres au Québec, comme dans d’autres cultures, se passent autour de l’îlot...
Oui. Quand je vais chez des amis ou quand ce sont eux qui viennent chez moi, on ne s’installe pas dans le salon: on va tout de suite autour de l’îlot. C’est là qu’on se rassemble.
Qu’est-ce qui a changé depuis 15ans?
La formule a beaucoup changé au cours des années. Au départ, on allait dans chacune des régions du Québec, à la rencontre des restaurateurs, des producteurs, etc. Pour des raisons budgétaires, la formule a dû changer, et on s’est concentrés sur la cuisine. Maintenant on alterne, on se déplace même à l’étranger, mais le cœur battant de Curieux Bégin demeure les gens et les rencontres.
Dans cette 200e émission, il y a un mélange de tradition et de nouveauté. Tu retrouves d’anciens chroniqueurs, des habitués comme Kim Thúy et Isabelle Vincent, mais il y a aussi Pascale Bussières, que tu n’avais jamais reçue.
Il y a de belles surprises, dont Vincent Graton et Guy Jodoin, mon complice de toujours et la personne qui me fait le plus rire sur Terre. C’est aussi celui qui m’a fait les coups les plus pendables!
En souvenir de tes années de vaches maigres d’autrefois, vous partagez un couscous marocain. C’est un clin d’œil à la gastronomie créative qui naît de la pauvreté, en Orient comme au Québec et ailleurs.
La gastronomie part de la bouffe paysanne, de celle des pauvres, des gens ordinaires. Les grands chefs s’inspirent de ce qu’on mangeait tous les jours. Dans tous les domaines, la précarité engendre la créativité. C’était la cuisine de nos mères et, après l’errance de la cuisine moléculaire, qui ne m’a jamais fait capoter, on y revient. On revient à la base que sont les produits de qualité et on oublie les expérimentations folles. C’est une tendance qui va rester. On assiste aussi à une minirévolution agricole au Québec. Il y a de plus en plus de fermes de petites dimensions qui tirent leur épingle du jeu. Plein de jeunes ont embrassé ce mouvement. Je pense qu’il y a aujourd’hui 22 producteurs maraîchers dans la seule région de Kamouraska!
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