Rays: pas la bannière qu’ils voulaient
Jessica Lapinski
La bannière faisant la promotion du projet de garde partagée des Rays entre St. Petersburg et Montréal soulève la grogne des plus ardents partisans de l’équipe, qui se sentent trahis par l’organisation.
Samedi, dans une entrevue au podcast This Week in Rays Baseball, le président Matt Silverman a déclaré que l’affiche sera posée dans le secteur des fausses balles du champ droit à compter du premier match des séries éliminatoires.
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«En octobre, les yeux de la région seront rivés sur le baseball, alors nous voulons rendre notre plan visible et montrer que nous sommes fébriles, a expliqué M. Silverman. Cela montre subtilement nos efforts, car, en même temps, nous voulons garder notre concentration sur les victoires [sur le terrain].»
Généralement, le dévoilement d’une bannière dans une enceinte sportive est accueilli avec joie par les fans. Parce qu’elle honore un championnat ou une légende de l’équipe, comme celui de l’Est de l’Américaine que les Rays ont remporté samedi.
Mais pas celle-ci.
«Quelle insulte aux fans ! Les dernières saisons se sont conclues par une journée de remerciements à l’endroit des partisans. Celle-ci se terminera par un doigt d’honneur à notre endroit», s’insurge au Journal Paul Martin, grand partisan des Rays depuis son arrivée dans la région, il y a 13 ans.
Matchs sans importance
Détenteur d’un abonnement de saison depuis 10 ans, Jay Fakterowitz perçoit cette décision comme une preuve que l’équipe abandonne peu à peu ses partisans. «Depuis plusieurs années, on reçoit de moins en moins de services, mais les prix augmentent. Et là, ça ?» se désole-t-il.
«Et la rumeur veut que les Rays disputeront le début de saison seulement ici. Qu’est-ce qui est excitant au baseball ? La fin de saison. Pourquoi je paierais pour voir des matchs qui n’ont aucune importance ?» ajoute M. Fakterowitz.
Les partisans se montrent particulièrement critiques à l’endroit du propriétaire Stuart Sternberg, qui milite depuis quelques années déjà pour ce concept de villes-sœurs entre St. Petersburg et Montréal.
Un concept auquel adhèrent maintenant plusieurs élus de la région, dont la mairesse de Tampa, Jane Castor, qui voudrait que sa ville bâtisse un nouveau stade pour accueillir les Rays.
«Manque de transparence»
Il a été impossible de parler à messieurs Sternberg et Silverman lors de notre passage à St. Petersburg. Nos demandes d’entrevue ont été déclinées.
D’ailleurs, si le président Silverman veut promouvoir le projet dans son stade durant les séries, dans les corridors du Tropicana Field, les employés auraient reçu l’ordre de ne pas en parler.
Chez les partisans, il n’y a pas que la bannière qui suscite de la colère. C’est le projet tout entier qui les enrage.
«Dites à vos lecteurs que les propriétaires ne sont pas vraiment transparents ou intègres dans toute cette suite, lance Dawn Clark Dougherty. Ils ne sont pas honnêtes avec les gens ici.»
«C’est comme si vous disiez à votre épouse : “hé, je vais passer plusieurs mois dans une autre ville avec une autre fille, mais je vais revenir, et tu pourras encore être mon amoureuse.” Comment pensez-vous que ça se passerait ? Pas très bien...», image David Graham.
Les Rays veulent aussi le championnat de l’Américaine
En remportant un deuxième titre de champions de l’Est de l’Américaine en autant de saisons, samedi, les Rays ont prouvé que le titre acquis en 2020 ne l’avait pas été par chance.
«C’était notre but, a lancé le joueur de deuxième but Joey Wendle après cette victoire de 7 à 3 aux dépens des Marlins. Dans la position dans laquelle nous nous trouvions, ç’aurait été une grande déception de terminer la saison autrement qu’en étant champions de notre section.»
Aux trois bannières de champions de l’Est de l’Américaine qui trônent déjà dans les hauteurs du Tropicana Field s’ajoutera donc celle de 2021.
Une autre bannière
Mais chez les Rays, on estime que le travail n’est pas encore terminé. Car on souhaite ajouter une autre bannière dans l’enceinte du vieux stade : celle de champions de la Ligue américaine, comme en 2008 et l’an dernier.
C’est presque chose faite. Avec leur dossier de 97-59, et forts d’une autre victoire face aux Marlins (par la marque de 3 à 2 cette fois), les Rays devançaient les Astros par 5,5 matchs au sommet de l’Américaine, dimanche.
Cette 97e victoire égale d’ailleurs le record de la concession, établi en 2008. Il reste aux Rays six matchs pour améliorer cette marque.
«Depuis six mois, nous avons prouvé que nous sommes la meilleure équipe dans la Ligue américaine, a déclaré le gérant Kevin Cash. Continuons à nous battre. Jouons ainsi pendant un autre mois. On verra où cela va nous mener.»
Nombreux blessés
L’exploit des Rays est d’autant plus grand qu’ils ont perdu plusieurs joueurs d’importance durant l’entre-saison, dont leurs as lanceurs Blake Snell et Tyler Glasnow.
Ils ont aussi dû composer avec de nombreuses blessures. Au total, 61 joueurs ont enfilé l’uniforme bleu des Rays durant au moins un match, y compris 18 recrues, rappelait le Tampa Bay Times dimanche.
«Toutes les blessures, tout ce que nous avons vécu... chaque fois, un nouveau joueur arrivait et réussissait à contribuer aux succès de l’équipe. Ça rend ce championnat vraiment spécial», a souligné le directeur général Erik Neander.
Il reste aux Rays deux séries de trois matchs à disputer : contre les Astros – leurs poursuivants dans l’Américaine –, puis face aux Yankees, qui aspirent toujours à une qualification pour les séries, à titre de meilleurs deuxièmes.