Publicité
L'article provient de 24 heures
Politique

Du pétrole, ça reste du pétrole: ramenons nos politiciens à la raison

Partager
Photo portrait de Léa Ilardo

Léa Ilardo

2022-04-07T19:29:47Z
Partager

Depuis trois jours, lorsqu’on me demande de commenter le rapport du GIEC, j’insiste religieusement sur un mot : «possibilité». Le GIEC nous dit que tout n’est pas mort pour que l’on reste sous 1,5 °C de réchauffement ! Je me le répète en boucle, c’est possible, c’est possible, c’est possible. Et ça pourrait être merveilleux.

• À lire aussi: Il nous reste 3 ans pour agir: ce qu'il faut faire pour sauver la planète, selon le GIEC

Depuis que j’ai commencé à militer activement pour réveiller notre classe dirigeante, en réalité, mon énergie est surtout tournée vers vous, et aussi vers moi-même, pour que jamais nous ne baissions les bras. Ou que si ça arrive à l’un ou l’une d’entre nous, nous soyons assez nombreux et nombreuses pour nous relever. Parce que le jour où nous déciderons de ne plus y croire, ou que nous nous plierons aux paroles d’un ministre de l’Environnement qui nous dit qu’il est «impossible» d’en faire plus pour le climat, c’est que nous aurons capitulé sur l’avenir. Donc oui, c’est un peu la mission que je me suis donnée: vous nourrir d’espoir avec mes capsules de partage de solutions. Pour que l’on se convainque ensemble que l’avenir n’est pas forcément noir, que l’on est capables de renverser la vapeur.

Publicité

Puis il y a des jours plus difficiles, où la réalité se confond avec un show d’humour de mauvais goût. Dans son rapport publié lundi, le GIEC ne passe pas par mille chemins : si on veut y arriver, il faut absolument cesser de construire de nouvelles infrastructures de combustibles fossiles. C’est clair, non ? C’est comme dire que 1+1=2. Mais voyez-vous, lorsque j'ai appris, hier, que le projet Bay du Nord, qui prévoit l’extraction de 300 millions à 1 milliard de barils de pétrole au large de Terre-Neuve-et-Labrador à compter de 2028, venait d’être approuvé par le gouvernement fédéral, je me suis demandé si 1+1 égalaient vraiment deux. Ou si la joke était vraiment de mauvais goût.

• À lire aussi: Jusqu’à 1 milliard de barils de pétrole extraits près de Terre-Neuve: Ottawa approuve Bay du Nord

Le pétrole aura beau être le plus écologique possible, ça reste du pétrole. Et du pétrole, ce n’est pas écologique. Point. 1+1=2. Hier je me suis rappelé ce que j’avais dit dans les derniers jours («Oui, c’est possible!») et j'ai essayé de comprendre comment on peut arriver, avec 1+1, à autre chose que 2. Si on nous dit que, pour éviter la catastrophe climatique et à des pans entiers de populations de vivre dans un monde qui ne sera plus habitable, il faut cesser de construire des infrastructures fossiles maintenant, alors pourquoi on approuve un projet d’extraction de pétrole en fonds marins, qui sera mis en service dans six ans ?

Avant lundi on pouvait dire qu'il nous restait huit ans pour agir pour le climat. Depuis le rapport de lundi, ce chiffre a baissé à trois. Nos émissions de GES doivent plafonner d’ici 2025 pour qu'on se maintienne sous 1,5 °C de réchauffement. Aujourd’hui, c'est mon anniversaire. J’ai une année de plus et je n’ai pas envie que mon discours devienne catastrophiste. Parce que je sais que lorsqu’on s’y met ensemble, on est capables de grandes choses. C’est quand les intérêts économiques priment sur les générations futures que le pouvoir citoyen sait ramener à la raison. Que ce printemps en soit un de mobilisation. En voilà un beau cadeau de fête pour rappeler que 1+1=2. 

Publicité
Publicité

Sur le même sujet