«L’équipe doit retrouver le plaisir de jouer»
Jean-François Chaumont
Il y a quelques jours, Martin St-Louis dirigeait le plus jeune de ses trois garçons, Mason, avec les Rangers de Mid-Fairfield, une équipe pee-wee AAA au Connecticut. Il se retrouve maintenant dans la peau de l’entraîneur-chef par intérim du Canadien de Montréal.
Quand on parle d’un changement de décor, c’est assez majeur.
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À quelques heures de son baptême comme entraîneur dans la Ligue nationale (LNH), jeudi avant-midi, St-Louis n’avait aucunement l’air d’une recrue. Il dégageait une grande confiance, décrivant son plan, ses intentions et ses objectifs avec autant d’assurance qu’à ses plus beaux jours comme ailier avec le Lightning de Tampa Bay.
«C’est un honneur pour moi d’être l’entraîneur du Canadien, a dit l’homme de 46 ans d’entrée de jeu. J’ai grandi ici, j’étais un gros fan du CH. Je me prépare depuis une dizaine d’années pour ce métier. J’ai eu la chance de me séparer du hockey professionnel pour six ou sept ans afin de passer plus de temps avec ma famille. Je suis chanceux, j’ai une femme qui me laisse encore poursuivre un autre rêve.»
«Pour moi, ç’a toujours été mon rêve de devenir entraîneur dans la LNH. Je sais que ce n’était pas si j’allais le faire, mais quand. Quand Kent [Hughes] m’a approché, je n’avais aucun doute. C’était le moment. Ça ne me dérangeait pas, le contrat ou la durée de l’entente. Toute ma vie, j’ai cherché des opportunités. Je n’ai pas besoin de recevoir des promesses. Je veux juste une chance. Tu peux me donner une chance et je vais te montrer ce que je peux faire.»
Une autre sorte d’expérience
St-Louis n’arrive pas à Montréal avec un curriculum vitae typique pour un entraîneur-chef. Il n’a pas eu à gravir les échelons un à la fois, passant de la LHJMQ à la Ligue américaine vers la LNH. Malgré cette réalité, il n’a pas le sentiment de plonger dans le vide.
«Je sais que je n’ai aucune expérience derrière un banc, a-t-il répliqué avec son regard toujours aussi perçant. Mais j’ai beaucoup d’expérience sur le banc, dans une chambre et sur la glace. Je peux me reconnaître dans tous les types de joueurs, je sais comment ils peuvent se sentir. J’ai joué dans les mineurs, j’ai joué au sein d’un quatrième trio, j’ai eu un gros rôle dans un top 6 et j’ai été un joueur étoile. Je peux prendre le pouls des gars. Je peux les aider.»
«Oui, il y a une différence entre coacher des gars de 15, 16 ou 17 ans comparativement à des gars de 18 à 25 ans, mais le hockey, c’est le hockey, a-t-il poursuivi. Tu dois gérer des personnalités et des attentes. Ils ont tous leurs propres attentes. Je n’ai pas peur de ce saut-là.»
Un autre défi
Gagnant de la coupe Stanley et membre du Temple de la renommée, St-Louis pourrait se prélasser sur son divan pour le reste de ses jours. Mais ce serait mal connaître la bête de hockey.
Il n’a pas hésité à dire oui à l’offre de Kent Hughes et Jeff Gorton, même si c’était pour prendre le relais avec une équipe qui occupe le 32e et dernier rang dans la LNH.
«Moi, j’aime ça des défis, a-t-il expliqué pour justifier son choix. Je sais que ce que j’ai fait sur la glace ne veut pas dire que je serai un bon entraîneur en chef. Je suis un étudiant du hockey, je suis un passionné et je mange du hockey.»
«Un, c’est le Canadien de Montréal. Deux, je suis le coach en chef. Alors, il s’agit de deux très bonnes raisons pour arrêter tout ce que je fais. Il y a tellement de positifs, je ne m’arrête pas où l’équipe se retrouve. Si tu n’es pas prêt à faire face à des obstacles, tu ne peux pas grandir. Si tu veux juste des choses faciles, c’est difficile de grandir comme humain.»
Sur papier, St-Louis a l’étiquette d’entraîneur par intérim. Mais quand on l’écoute, on comprend rapidement qu’il posera ses valises pour plus que deux mois.
«Je ne m’en viens pas ici comme un professeur suppléant, a-t-il imagé. On s’arrangera avec les choses cet été. Mais j’ai l’intention d’être ici longtemps. J’aurai des choses à prouver, je devrai le mériter.»
Remplacer un ami
À une autre époque, St-Louis a endossé l’uniforme des Catamounts du Vermont dans la NCAA. Il a fait ses débuts en 1993-1994 en même temps que son grand ami, Éric Perrin. À Burlington, il s’était fait accueillir par Dominique Ducharme qui était un centre de troisième année.
Près de 30 ans plus tard, St-Louis a réalisé un rêve en remplaçant celui qui lui avait servi de mentor.
«Dom est un très bon ami. Je trouve ça difficile qu’à mon premier emploi dans la LNH, je prends le boulot d’un chum. Un jour, on en parlera Dom et moi. Mais je sais que c’est une tête de hockey et une bonne personne. Ça reste toutefois une circonstance délicate pour moi.»