Problème de santé? La nature peut maintenant être prescrite comme remède au Québec
Anne-Sophie Poiré
Une visite dans le bureau d’un professionnel de la santé peut maintenant se conclure par une prescription de «bain de nature». Et pas besoin de passer par un médecin: 45 000 soignants au Québec adhèrent au programme Prescri-Nature et reconnaissent les bienfaits sur la santé d’un contact régulier avec l’environnement.
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Médecins, pharmaciens, infirmières, inhalothérapeutes: les professionnels de la santé ont maintenant un outil supplémentaire pour améliorer la santé des Québécois.
«On veut que l’exposition à la nature soit intégrée aux saines habitudes de vie, que les professionnels de la santé la recommandent à leurs patients comme ils leur conseillent de manger sainement ou de faire de l’activité physique», fait valoir l’urgentologue à l’hôpital de Jonquière, Isabelle Bradette.
«Quand une grosse gang de professionnels de la santé disent d’un même coup que ça fait vraiment du bien de passer ne serait-ce que 20 minutes dehors, dans la nature, ça vient appuyer l’argument», poursuit la spécialiste.
Et il n’est pas nécessaire de se lancer dans une randonnée pédestre de trois jours dans le parc de la Gaspésie avec des bottes de marche et un sac à dos Osprey pour goûter aux bienfaits du grand air, lance la présidente de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement, Dre Claudel Pétrin-Desrosiers.
«Il faut enlever l’idée que pour profiter de la nature, il faut être équipé», dit l’instigatrice du programme qui est aussi médecin de famille. «On peut juste aller au parc et déjà ressentir les bénéfices.»
Santé globale
Le concept du programme lancé lundi, est d’offrir du matériel pour que les soignants puissent intégrer la nature dans un plan de la santé globale.
Prescri-Nature qui recommande au moins un contact avec l’environnement au moins deux heures par semaine, se fonde sur des «données probantes», tiennent à préciser les deux médecins.
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L’ajout d’une composante «nature» dans un traitement est confirmé par la science depuis des dizaines d’années, signale la Dre Pétrin-Desrosiers.
«Après 20 minutes d’exposition à la nature, même si ce n’est que dans un parc entouré de quelques arbres, la fréquence cardiaque, la tension artérielle et le taux de cortisol — l’hormone du stress — diminuent», détaille la Dre Bradette.
«Certains disent que ça pourrait même retarder l’apparition des troubles de démence chez les personnes âgées», ajoute Dre Pétrin-Desrosiers. «Chez les enfants qui ont des TDAH par exemple, une balade de 20 minutes dans un parc peut équivaloir à une dose de Ritalin.»
Accessibilité
Le programme provincial de prescription nature est fortement inspiré du travail qui a été fait en Colombie-Britannique, mais adapté au Québec.
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«On veut miser davantage sur la proximité et l’accessibilité. N’importe qui peut bénéficier d’un contact avec la nature», souligne Dre Pétrin-Desrosiers.
«Les parcs de la Sépaq ne sont pas accessibles à tous», illustre-t-elle. «Un homme de 70 ans qui habite dans un petit appartement en ville situé dans un ilot de chaleur, il a plus de chance de souffrir de sa condition. Mais si un médecin lui suggère d’aller se promener 3 fois par semaine dans un parc à côté de chez lui, on vient de lui offrir une option intéressante.»
Mais, l’idée n’est pas que tout le monde se rendre chez leur médecin demain matin pour demander une prescription nature.
«Ce n’est pas un acte qui leur est réservé», poursuit-elle. «On utilise le terme prescription, mais on réfère plus à une recommandation.»
Avec une plateforme d’information en ligne destinée à la fois aux professionnels de la santé et au grand public donc, tous pourront se familiariser avec les effets bénéfiques de la nature sur la santé physique et psychologique.