Première occasion ratée
François-David Rouleau
Des erreurs blessent plus que d’autres. La jeune louve de l’équipe de patinage de vitesse sur courte piste, Florence Brunelle, se souviendra longtemps de sa première soirée olympique à l’anneau du Palais omnisports de la capitale.
Dommage, car le Canada se trouvait en excellente position d’ajouter une troisième médaille à cette première journée officielle des Jeux olympiques de Pékin, samedi.
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Les astres s’étaient alignés pour que la formation du relais mixte aux 2000 mètres grimpe sur le premier podium olympique de cette nouvelle épreuve.
Mais à mi-chemin de la finale, une erreur de la recrue de 18 ans, la plus jeune de l’histoire canadienne en courte piste, a anéanti tous les espoirs.
En voulant tenter un dépassement par l’intérieur en entrée de virage, Brunelle a touché à la lame de sa rivale hongroise devant. Les deux patineuses ont chuté. C’était donc terminé.
Finalement, les juges ont pénalisé le quatuor canadien composé de Brunelle, de Kim Boutin, de Jordan Pierre-Gilles et de Steven Dubois en le reléguant à la sixième position.
Fâchée et frustrée
Une dure entrée sur la scène olympique pour la jeune athlète native de Trois-Rivières.
Si bien, qu’elle n’a livré aucun commentaire à sa sortie de la patinoire, visiblement fâchée et frustrée de la tournure de la soirée. Sachant très bien qu’elle était attendue pour expliquer sa version, elle s’est poussée en tenant ses patins.
La vétérane Kim Boutin a couvert ses arrières.
« Florence est fâchée. Elle a fait une erreur, mais il faut la soutenir, a plaidé la patineuse aux trois médailles auréolées des anneaux. Tout le monde peut faire des erreurs. C’est un mauvais calcul de dépassement qui a créé une chose involontaire. Il faut apprendre de ces situations de course, tant personnellement qu’en équipe.
« Dans un relais, on prend tous la même responsabilité, a-t-elle ajouté. C’est crève-cœur. On veut gagner. On prend des risques, et des erreurs peuvent arriver. C’est dommage, mais ça nous a coûté une médaille.»
L’entraîneur de la formation canadienne, Sébastien Cros, n’a pas jeté la pierre à sa jeune prodige. Tout le contraire.
L’équipe visait la médaille d’or. Les risques font partie inhérente de cette discipline, où tout peut se jouer en une fraction de seconde.
« Nous étions en finale. Nous voulions cette médaille. On essaie de gagner et pour y arriver, il faut prendre des risques. Ce serait frustrant de vivre cela sans avoir pris de risque. Dans notre cas, je sens la déception. »
Futur prometteur
Pour une première apparition, cette épreuve a laissé une bonne impression. L’équipe chinoise a devancé l’Italie et la Hongrie, impliquée dans l’incident avec le Canada.
Ce relais fait place au spectacle et aux rebondissements. Les règles flexibles en place permettent de développer de bonnes stratégies en utilisant la profondeur de l’équipe et la gestion de l’énergie.
Cros a d’ailleurs utilisé six patineurs pour que le Canada se hisse en finale. Courtney Sarault et Pascal Dion ont aussi participé aux étapes.
Selon lui, sa formation possède tout le potentiel nécessaire pour obtenir du succès dans ce relais à l’avenir. Une épreuve sur laquelle Kim Boutin souhaite vraiment travailler afin de faire des dommages.
En quarts de finale sans soucis
Avant que les choses ne tournent au vinaigre en finale du relais mixte, en fin de soirée, les cinq athlètes en action dans les qualifications ont accédé aux quarts de finale dans leur épreuve respective.
Ainsi, aux 500 mètres chez les dames, Kim Boutin, Alyson Charles et Florence Brunelle ont accompli une première mission sans trop de difficultés.
Boutin, détentrice du record mondial avec ses 41,93 secondes, a survolé la courte piste du Palais omnisports de la capitale en devançant la Hongroise Pétra Jaszapati. En lever de rideau de ses seconds Jeux en carrière, la patineuse de Sherbrooke a enregistré le quatrième chrono (42,73 secondes).
« Tout le monde a réussi à passer. Ce sera une bonne course en quart de finale », a rapidement résumé Boutin de l’épreuve pour laquelle elle était montée sur la troisième marche du podium aux Jeux de Pyeongchang, en 2018.
La plus décorée ?
La prochaine étape sera disputée demain matin, heure du Québec.
Dans cette épreuve, l’Italienne Arianna Fontana tente de défendre son titre et devenir la patineuse sur courte piste la plus décorée des Jeux alors qu’elle cherche une neuvième médaille. Elle deviendrait alors la première athlète dans sa discipline à remporter des médailles à cinq Jeux olympiques différents.
Charles Hamelin cherche à faire de même.
Pékin Express
Histoire de manteau
Comment fait-on au juste, dans une bulle olympique hermétique gérée par des Chinois, pour trouver un nouveau manteau d’hiver ? C’est une question à 100 $, sinon à plus de 500 piasses, et un méchant casse-tête.
Ces Jeux ne pouvaient pas se dérouler sur des roulettes jusqu’au retour au bercail. Dans mon cas, gaffeur et parfois « malchanceux », c’était impensable. Mais là, ce n’est pas une gaffe. C’est une « badluck » olympique qui va droit sur la première marche du podium.
Brisé
Vendredi, à huit heures de la cérémonie d’ouverture, la fermeture éclair de mon manteau a lâché. « Kapout ». Finie. Dans la merde jusqu’au cou quand on doit courir les navettes entre les sites olympiques et composer avec le froid dans les installations. Nos hôtes ouvrent les portes et les fenêtres constamment pour l’aération. Bref, comme dans une école québécoise !
Dans une bulle, sans possibilité d’aller magasiner ou de s’en procurer un, qu’est-ce qu’on fait en cas de pépin majeur ? Impossible de le repérer sans équipement. De bons samaritains du Québec auraient bien souhaité m’aider, dont l’ami Brian Smith, l’entraîneur d’Elizabeth Hosking, enseveli sous une montagne de fringues rouges de l’équipe canadienne. Sylvain Richard, un chronométreur d’Omega, aussi. Impossible.
Comédie
Avec la barrière linguistique et un N95 étampé dans la figure, essayez d’expliquer aux Chinois derrière son plexiglas au comptoir du service de presse que ton « zip » est fichu. Avec sa compréhension déjà sommaire de l’anglais, même les plus intenses simagrées ne sont d’aucune aide.
L’un d’eux me sort une application chinoise où je peux me procurer un manteau. Mais encore. La traduction automatique de Google n’est pas convaincante. Quand il est inscrit « pantalons » sous le pictogramme de petites culottes féminines, on y repense à deux fois pour l’achat d’un manteau...
Mais dans l’éventualité d’une trouvaille, il gribouille l’adresse civique du centre des médias pour la livraison. Le hic, c’est qu’il le fait en caractères chinois. Une bourde qui le fait crouler de rire en apercevant mon regard interrogatif. L’équipe de presse du COC s’est aussi gratté la tête jusqu’à ce qu’elle déniche un manteau chez son commanditaire Lululemon pour éviter qu’un scribe canadien ne gèle durant deux semaines, surtout dans les montagnes glaciales.
Il sera remboursé par un don à la Fondation olympique canadienne en espérant que ce sera l’unique malchance olympique.