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Environnement

Plafonner à 1,60$ le prix de l’essence: «Ça ne réglera rien»

MARIO BEAUREGARD/AGENCE QMI
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Photo portrait de Anne-Sophie Poiré

Anne-Sophie Poiré

2022-05-16T20:35:13Z
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Le prix du litre d’essence atteint des sommets inégalés partout dans la province, et n’est pas près de redescendre. Alors que le Parti Québécois (PQ) propose de limiter temporairement le coût à la pompe à 1,60$ le litre, les experts en politiques énergétiques, eux, y voient une occasion de sortir le Québec de sa dépendance au pétrole.

• À lire aussi: Le PQ veut plafonner à 1,60$ le prix de l’essence et dénonce les pétrolières qui font des tonnes de profit

Lundi matin, le litre de carburant oscillait autour de 2,10$ dans la plupart des stations-service des agglomérations de Montréal, après un soubresaut à 2,159$ la veille. 

MARIO BEAUREGARD/AGENCE QMI
MARIO BEAUREGARD/AGENCE QMI

Ailleurs au Québec, une hausse similaire ne saurait tarder. 

L’essence pourrait atteindre, voire dépasser, les 2,20$ le litre avant la fin du mois de mai, selon le président du regroupement Canadians for Affordable Energy, Dan McTeague. 

Devant la hausse, le PQ exhorte le gouvernement de légiférer pour plafonner le prix du carburant à 1,60$ le litre. 

Bon pour la planète   

Cette approche populiste ne réglerait pourtant rien, assure le professeur à HEC Montréal et titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie, Pierre-Olivier Pineau. «Le PQ joue sur la sensibilité démesurée de beaucoup de personnes envers le prix de l’essence pour attirer l’attention.» 

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D’abord, parce que les distributeurs ne pourraient pas obtenir des raffineries de l’essence à si faible prix. Et les raffineries, elles, ne pourraient pas acheter du pétrole à un tarif assez bas pour leur vendre à ce prix. 

«Il faudrait que le gouvernement achète du pétrole et le revende à perte aux raffineries pour pouvoir garantir un prix aussi bas», fait-il valoir. 

Laisser grimper le prix du carburant s’avère toutefois une bonne idée d’un point de vue environnemental selon les experts interrogés, et pas seulement parce que plusieurs usagers de la route risquent de se tourner vers les véhicules électriques. 

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«Il faudrait aussi développer les options de covoiturage, d’autopartage, de transport en commun, de transport actif, de télétravail, de livraison à domicile. Toutes ces options existent et peuvent facilement se développer – à plus ou moins long terme», détaille le professeur Pineau. 

Et avant de tenter de réduire le prix de l’essence, il rappelle qu’il faudrait couper les différentes subventions octroyées à l’industrie pétrolière.

La justice sociale là-dedans?   

Laisser les prix s’envoler est peut-être bon pour l’environnement, mais un peu moins d’un point de vue social, signale le chercheur au Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal (CÉRIUM), Hugo Séguin. 

«On doit se préoccuper de l’environnement, mais aussi des plus vulnérables [...] dans les politiques à mettre en place pour faire face à la hausse subite du prix de l’essence», dit-il. «Plusieurs n’ont pas les ressources pour se procurer un véhicule électrique ou simplement pour utiliser les transports actifs et en commun.» 

«Pour réconcilier les deux, il faut inciter les gens à changer leur utilisation de la voiture en modulant l’aide financière accordée en fonction du niveau de richesse des individus», poursuit-il. 

Pour y arriver, pourquoi ne pas récompenser les personnes qui font le choix de ne pas avoir de véhicule? 

«Ce que j’aimerais voir, c’est un programme qui encourage les gens à se passer d’une voiture. On peut imaginer une passe multiusage qui donne accès aux transports en commun, le transport intermunicipal par autobus, à des taxis, des vélos en libre-service», explique M. Séguin. 

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Et les subventions pour les voitures électriques? 

«C’était une bonne idée au départ pour donner une bonne poussée. Mais d’ici quelques années, lorsqu’elles vont se vendre toutes seules, les gens les plus fortunés n’auront plus besoin de cet argent», conclut-il. 

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