«Oui, j’aurais aimé ça me battre»
Jean-François Chaumont
«C’est fou le nombre de personnes qui m’ont écrit à propos de mon altercation avec Jordan Binnington. Et il n’y a même pas eu de bagarre.»
Marc-André Fleury n’a rien d’un Billy Smith ou d’un Ron Hextall. Mais le temps d’un soir, il a traversé la glace du Enterprise Center de St. Louis avant de déposer son masque et de lancer sa mitaine et son bloqueur. Il avait un objectif clair : inviter Binnington pour une rare valse entre deux gardiens. Une valse qui n’a jamais eu lieu. Mais cette scène a capté l’imaginaire et fait le tour de la planète hockey. À voir dans la vidéo ci-dessus.
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Décrit comme un bon coéquipier depuis des lunes, Fleury a fait honneur à sa réputation. Il cherchait à défendre Ryan Hartman, qui venait de recevoir un coup de bloqueur dans les dents après avoir marqué le cinquième but des siens. Binnington a d’ailleurs écopé d’une suspension de deux matchs pour son coup dangereux contre l’ailier du Wild.
À sa sortie d’un entraînement du Wild, deux jours après cette victoire de 8 à 5 contre les Blues, Fleury a reparlé de cet événement en entrevue au Journal.
«Je l’avais un peu en tête»
«Je ne dirais pas que j’arrivais à la rescousse d’une personne, a lancé le gardien de 38 ans. Mais on dirait que je l’avais un peu en tête. Quand je l’ai vu sauter dans la mêlée, je pouvais prédire ce qui s’en venait. Hartman l’a accroché un peu après son but et Binnington n’a pas aimé ça. Je me suis dit qu’il était mon homme. Je ne voulais pas que les Blues restent à six contre cinq. Il était mon gars dans la bataille!»
«Je ne connais pas Binnington personnellement. Je savais qu’il avait un caractère bouillant. Il l’a démontré dans les dernières années. Je n’ai rien contre lui. Comme gardien, c’est difficile de devenir ennemi avec l’autre gardien. Je n’ai juste pas aimé ça quand il a frappé mon joueur avec son bloqueur. Je me disais que c’était le temps pour moi d’y aller.»
Fleury ne s’en cache pas. Il aurait voulu échapper aux griffes des arbitres. Justin Johnson, l’un des deux juges de lignes, a toutefois fait son travail en l’encerclant pour l’empêcher de se ruer sur Binnington.
«Oui, j’aurais aimé ça, a admis Fleury. Quand il y a une bagarre entre deux gardiens dans la Ligue américaine, la ECHL ou dans le junior, j’adore regarder ça. C’est excitant et rare. Ça devient aussi bizarre avec l’équipement pour les gardiens »
«Quand l’incident avec Binnington est survenu, on a ressenti un immense bruit dans la foule. Il y avait de l’énergie. C’était quand même cool.»
«Hartman était fier de ma réaction. Mais je dirais surtout que les gars en riaient pas mal après la deuxième période. Je me faisais taquiner par les boys. Ils auraient voulu voir une bataille entre les deux gardiens en raison de la rareté.»
Il avait confiance
Avec 543 victoires dans la LNH, le numéro 29 se trouve au troisième rang de l’histoire. Quand on lui demande s’il aurait signé une victoire à son premier combat, il y réfléchit deux petites secondes avant d’y aller d’une prédiction.
«Oui, j’avais confiance. On aurait parlé d’un combat poids plumes, mais ça pouvait devenir le fun puisque les deux nous sommes plus légers. Il y aurait peut-être eu plus d’énergie et de rapidité avec deux petits. Binnington était un gars de mon poids, ce n’était pas un Robin Lehner ou un gardien de 6 pi 7 po et 240 lb.»
Si une bagarre entre deux gardiens tient plus du folklore que de la réalité, Fleury n’en était pas à son premier incident cette saison.
«Il y a un match [31 décembre] encore contre les Blues où Binnington avait brassé sa mitaine pour m’inviter. Et à San Jose [11 mars], j’ai revécu une autre histoire. J’ai reçu un cinglage d’un attaquant et j’ai répliqué un peu. James Reimer a commencé à s’avancer et il a aussi brassé sa mitaine pour m’inviter. Dans ma tête, je m’étais dit que j’avais déjà subi une fracture à une jointure dans le junior lors d’un combat. Je ne trouvais pas que c’était le bon temps de me battre à un mois des séries. Mais quand c’est arrivé pour une troisième fois contre les Blues, je me suis dit que c’était assez!»
À ses années avec les Screaming Eagles du Cap-Breton, Fleury s’était battu deux fois contre un autre gardien (Adam Russo et Kevin Lachance).
À sa deuxième expérience, il avait subi une fracture à une jointure.