Obliger l'industrie de la mode à assumer son rôle dans les changements climatiques
Anne-Sophie Poiré
- La Fashion Act de New York obligerait les plus grandes marques de mode à rendre compte de leur rôle dans les changements climatiques.
- C’est la première loi qui pourrait régir les actions sociales et environnementales dans le secteur de la mode.
- Les industries du vêtement et de la chaussure sont responsables de plus de 8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
La ville de New York exerce déjà sur le monde une influence majeure en matière de mode. Mais avec la Fashion Act, elle pourrait marquer une nouvelle ère. Si elle est adoptée, «la loi sur la durabilité et la responsabilité sociale de la mode» obligera les plus grandes marques à rendre compte de leur rôle dans les changements climatiques.
En septembre dernier, alors que la semaine de la mode de New York battait son plein, la nouvelle gouverneure de l’État Kathy Hochul était assise au premier rang du défilé du créateur américain Prabal Gurung.
Quatre mois plus tard, le 7 janvier, la loi sur la durabilité et la responsabilité sociale de la mode ou la Fashion Act était dévoilée par la gouverneure démocrate.
Ce projet pourrait faire de New York le premier endroit à adopter une législation fixant des règles générales de durabilité pour le secteur de la mode.
Rappelons que les industries du vêtement et de la chaussure sont responsables de plus de 8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, selon les firmes McKinsey et Quantis.
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De lourdes amendes
Mais en quoi consiste la loi exactement?
Elle obligera les entreprises de la mode à cartographier au moins 50% de leur chaîne d'approvisionnement, depuis les exploitations agricoles d'où proviennent les matières premières jusqu'aux usines et au transport maritime, rapporte le New York Times.
Elles seront tenues d'indiquer où, dans cette chaîne, elles ont le plus grand impact social et environnemental: salaires équitables, énergie, émissions de gaz à effet de serre, eau et gestion des produits chimiques. Elles devront ensuite présenter un plan concret pour réduire ces chiffres.
Enfin, elle exigera des entreprises qu'elles divulguent leurs volumes de production matérielle pour évaluer la quantité de coton, de cuir ou de polyester qu'elles vendent, par exemple.
Les entreprises auront 12 mois pour se conformer à la directive sur la cartographie, et 18 mois pour divulguer leurs impacts.
Si elles sont jugées en violation, elles se verront infliger une amende pouvant atteindre 2% de leurs revenus annuels.
La loi s'appliquera aux entreprises mondiales de l'habillement et de la chaussure réalisant plus de 100 millions de dollars de chiffre d'affaires à New York.
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Une première
Aux États-Unis, la Californie impose déjà une large réglementation pour l’industrie du vêtement.
En 2010, l’État a adopté une loi sur la transparence des chaînes d’approvisionnement qui traite de l’esclavage moderne. En 2019, elle a interdit la vente de nouveaux produits en fourrure. Puis, l'année dernière, elle a adopté la loi sur la protection des travailleurs de l'habillement.
Mais, il n'existe aucune législation régissant les actions sociales et environnementales dans l'industrie de la mode.
La loi new-yorkaise, qui se concentre sur la partie fabrication, serait la première à exiger des changements en ce sens.