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Culture

Micheline Lanctôt dit ce qu’elle pense vraiment de la chirurgie esthétique

Photo : Eric Myre / TVA Publica
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Michèle Lemieux

2023-03-10T12:00:00Z
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Sereine et bien dans sa peau, Micheline Lanctôt fait partie de ces femmes qu’on a le bonheur de voir vieillir à l’écran. Bien malgré elle, l’actrice et réalisatrice est devenue un modèle pour plusieurs. Celle qui défend une plus grande représentation des femmes vieillissantes à l’écran nous donne l’occasion d’apprécier à nouveau son jeu dans Frontières, le plus récent long métrage de Guy Édoin.

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Madame Lanctôt, on peut vous voir dans le film Frontières...

Oui, c’est l’un des très agréables plateaux sur lesquels j’ai eu la chance de travailler. Nous étions quatre filles (Pascale Bussières, Christine Beaulieu et Marilyn Castonguay) et nous formions une équipe d’enfer! Guy Édoin est un réalisateur très chaleureux, attentif. Même si le sujet n’était pas jojo, nous avons carburé au bonheur. Pascale porte tout un poids avec son personnage de Diane... C’est un si beau film, avec quatre personnages
de femmes attachantes, qui s’adorent et se soutiennent. 

Vous retrouvez Pascale Bussières, dont vous incarnez la mère, alors que c’est vous qui l’aviez mise à l’écran la première fois.

Comme réalisatrice, j’ai travaillé trois fois avec Pascale: dans Sonatine, Suzie et Deux actrices. Quand elle est entrée dans mon bureau, j’ai compris que c’était elle. C’est ce qu’on appelle une nature, une photogénie exceptionnelle et un talent naturel. Et ça ne s’est pas démenti. Dans Belle-Baie, je jouais aussi sa mère. Nous avons toujours été très proches. Elle est un peu ma fille professionnelle. Je l’ai vue grandir à la fois dans le métier et personnellement. Elle a été mon élève à Concordia, puisqu’elle a un bac en cinéma. J’ai peu de relations proches, car quand j’en noue, c’est à vie. Ça me remplit de joie de travailler avec elle.

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marlene gelineau-payette
marlene gelineau-payette

Que pouvez-vous nous dire de votre personnage?

Angèle a tout lâché, elle a quitté son mari et est partie en Floride. Sa fille, Diane, lui en veut beaucoup, entre autres parce que lorsque le père est mort dans un accident, elle n’est que passée rapidement. Il y a une histoire de réconciliation. Quand ses filles l’appellent en renfort, malgré la relation difficile entre elle et Diane, elle vient à la rescousse. Tout éclate pour les quatre filles, car chacune vit sa propre crise. Angèle, c’est une fermière, une fille très terre à terre. Comme je viens d’une ferme, ce n’était pas dur à jouer. 

Faites-vous allusion au fait que vous vivez à la campagne?

Je vis sur une terre, mais je ne suis pas une fermière. Lorsque j’étais jeune, mon père avait un verger. Mes parents étaient montréalais, mais j’ai grandi dans un milieu agricole. À sept ans, je travaillais dans les pommes, j’aidais aux cueillettes. En 1967, je suis partie à la campagne et j’y ai toujours vécu depuis.

Considérez-vous être une femme de la terre?

Je suis surtout une femme de bois. J’ai une exploitation forestière. C’est beaucoup d’entretien. Mon conjoint fait des potagers immenses. Nous avons les mains dans la terre en permanence. C’est le bonheur des choses simples.

Photo : INCONNU / CLUB ILLICO
Photo : INCONNU / CLUB ILLICO

Ces activités vous gardent en forme, je suppose?

Oui, même si ça devient peu à peu difficile. Les journées à la scie à la chaîne commencent à être longues, mais j’aime ça. Mon père était un amoureux des arbres. Il semblerait que j’ai hérité ça de lui.

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Vous êtes aussi d’À cœur battant, dans laquelle vous jouez une mère singulière...

Oui, je suis une maman bien différente, une maman pas fine du tout. C’est plus agréable que de faire la potiche. J’aime ces rôles un peu bruts et j’ai la chance de m’en faire offrir. Les gens aiment le personnage, à ma grande stupéfaction. Dans la rue, on me dit: «Vous n’êtes pas fine, mais on vous aime pareil...»

Photo : Julie D'Amour-Leger / R
Photo : Julie D'Amour-Leger / R

Votre carrière se poursuit, foisonnante à souhait. C’est un privilège que vous savourez?

Bien sûr! J’ai de talentueuses collègues qui ne travaillent plus ou peu. On commence à voir apparaître des figures plus âgées à l’écran, mais ce n’est pas encore gagné. Pourtant, passé un certain âge, il me semble qu’on a tellement plus à offrir. Si je me regarde dans La vraie nature de Bernadette (sorti en 1972) puis dans Frontières, le poids des ans est évident. Il faut voir de vieilles femmes à l’écran. Si on n’en voit que des «liftées», c’est un mauvais modèle à donner. Le public doit s’habituer. Je pense à l’actrice française Danielle Darrieux, qui a joué sa dernière pièce à 92 ans. À 85 ans, elle était radieuse! On a besoin de voir plus souvent ces femmes à l’écran pour accepter plus facilement de prendre de l’âge. Des femmes se font dire que si elles ne se font pas botoxer, elles n’auront pas la job.

Vous avez toujours refusé de le faire?

Oui, par principe. J’ai trouvé ça difficile, mais j’ai été une militante auprès de mes camarades en les encourageant à ne pas le faire. Un réalisateur m’a déjà dit m’avoir «castée» parce que je n’étais pas liftée. La pression des médias sur les femmes est énorme, mais il faut résister. Il n’y a pas de raison qu’une femme âgée soit moins intéressante qu’un homme âgé. On ne perd pas notre sex-appeal, notre charme, notre vivacité parce qu’on a quelques années de plus. La seule chose, c’est que je meurs souvent à l’écran... (rires) C’est un karma des rôles âgés!

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Photo : Eric Myre / TVA Publica
Photo : Eric Myre / TVA Publica

Quelles sont ces femmes qui vous ont donné envie de jouer longtemps comme elles?

Béatrice Picard, Juliette Huot, Janine Sutto. Elles sont inspirantes. Ça prend des rôles de femmes actives dans la société et qui sont des personnes à part entière, pas que la mère ou la belle-mère de. Plein de femmes de mon âge sont encore actives, et dans toutes sortes de métiers. Ce sont de beaux modèles à présenter.

Dans ce métier, il y a 20 ans, votre carrière s’arrêtait à 40 ans...

Paradoxalement, pour moi, tout a commencé quand j’ai eu 50 ans, quand j’ai fait Le Polock. Et je n’ai jamais cessé de travailler depuis comme actrice. Alors c’est possible.

Photo : Eric Myre / TVA Publica
Photo : Eric Myre / TVA Publica

Avez-vous des projets à titre de réalisatrice?

J’ai un projet qui serait super intéressant s’ils arrivent à le financer. J’attends. Ce serait probablement mon dernier effort de réalisation. Mais j’ai encore des projets comme actrice pour l’an prochain. Tant qu’on m’appellera, je dirai oui. À 85 ans, Andrée Lachapelle tournait dans Il pleuvait des oiseaux. On avait montré des corps nus à l’écran. C’est l’âge auquel on peut se le permettre, sans aucune inhibition. Ce n’est pas grave si le sein est un peu lourd. Ça vient avec l’âge. Quand on accepte ça, je pense qu’on vieillit bien, tant à l’écran que sur le plan personnel. Pour celles qui essaient à tout prix de rester belles, ça devient douloureux. Comme on ne revient pas en arrière, mieux vaut regarder en avant...

Frontières est en salle. À cœur battant est diffusée le mardi à 20 h, à Radio-Canada.

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