Les sourcils : une histoire de poils
En 2020, ils s’assument au naturel, ou presque. Ils sont fournis et légèrement ébouriffés (grâce, tout de même, à l’usage discret d’une brosse et d’un soupçon de gel coloré). Zoom sur cette zone pileuse encensée ou arborée, évoluant au fil du temps.
Marouchka Franjulien
En 2013, une nouvelle venue débarque sur les passerelles et crée l’hystérie collective. Son nom? Cara Delevingne qui, avec ses sourcils épais et ultragarnis, remise au placard les arcs fins, exagérément épilés qui prévalaient encore dans les années 2000. C’est que ce revêtement de poils qui encadre notre regard et véhicule nos émotions ne sert pas uniquement à protéger nos yeux en filtrant la saleté et l’humidité: c’est aussi un critère esthétique à l’image de son époque.
D’HIER À AUJOURD’HUI
Les Égyptiens redessinaient leurs sourcils au khôl vert ou au charbon, et quand un chat, animal sacré, venait à mourir, la tradition voulait que son maître se les rase complètement en signe de respect (avant de commencer un deuil de 70 jours, soit le temps de la momification du félin). Au contraire, de l’autre côté de la Méditerranée, le monosourcil était considéré comme le summum de la beauté par les Grecs et les Romains, qui n’hésitaient pas à joindre les deux bouts à l’aide de postiches en poils de chèvre ou de quelques traits d’encre. Ce semblant de naturel a fini par disparaître. Au Moyen Âge, les femmes de la noblesse suppriment ainsi toute pilosité faciale, cils et cheveux sur le sommet du crâne compris. À l’époque, le sex-appeal était directement proportionnel à la taille du front et il aurait été dommage de ruiner sa réputation à la cour à cause de quelques poils mal placés.
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À la Renaissance, même combat: on préfére les sourcils discrets, voire inexistants. Il suffit de jeter un coup d’oeil à la Mona Lisa de Léonard de Vinci pour s’en convaincre. (Serait-ce d’ailleurs là le secret de son aura mystérieuse?) Au 20e siècle, cette zone pileuse campée sur l’arcade sourcilière n’en finit pas de faire les frais des modes passagères. Martyrisée ou libérée du joug de la pince à épiler, elle suit les tendances dictées par une nouvelle forme de royauté: les actrices et autres it-girls de renom. Dans les années 1920 et 1930, le chic consiste alors à dessiner deux traits fins et allongés, à la manière de Clara Bow, de Marlene Dietrich et de Greta Garbo. Le but? Agrandir le regard et accentuer les traits d’expression, bien pratiques pour ces artistes qui montrent leur minois dans des films muets, lesquels requièrent une éloquence faciale exagérée. Au cours des deux décennies suivantes, marquées par l’arrivée du cinéma parlant, le sourcil reprend du poil de la bête (coïncidence?), porté aux nues par Joan Crawford, Elizabeth Taylor, Audrey Hepburn, Grace Kelly ou encore Lauren Bacall, qui travaillent savamment la forme de leur arc, arrondie ou en V.
Épais et parfaitement dessiné, le sourcil symbolise la marque d’une personnalité frondeuse et envoûtante. Il s’affranchit des convenances au cours des années 70 et 80. Le mouvement hippie, qui prône la libération du corps, et les arcades sourcilières particulièrement fournies des actrices Ali MacGraw et Brooke Shields, it-girls de l’époque, y est sûrement pour quelque chose. Puis il s’affine au début des nineties (en même temps que s’amincit à l’extrême la silhouette des mannequins sur les passerelles). Plébiscité par des stars comme Christina Aguilera, Gwen Stefani, Janet Jackson et Angelina Jolie, le sourcil – un trait fin purement esthétique – est en voie de disparition! Il revient sur le devant de la scène au début des années 2010.
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Aujourd’hui décomplexée et naturelle, la bande de poils n’est pas pour autant laissée à elle-même, bien au contraire: on la travaille, on la dompte, on la maquille, on la teint et on la tatoue (grâce à la célèbre technique du microblading), quand on n’essaie pas d’imiter les différentes tendances aperçues sur les réseaux sociaux. Entre les #wavybrows – en forme d’ondulations – et les #Instagrambrows – des sourcils dessinés à l’aide d’un maquillage excessif et dégradé, et adoptés par une poignée d’influenceurs, comme Patrick Starrr –, toutes les excentricités sont permises!
Arcades célèbres : 1. Clara Bow, en 1928 - 2. Angelina Jolie, en 1999 - 3. L’influenceur Patrick Starrr, en 2020
LA SYMBOLIQUE DES SOURCILS
Comment reconnaît-on un narcissique? Grâce à ses sourcils, d’après une étude (très sérieuse!) publiée en 2018 dans le Journal of Personality. Deux chercheurs canadiens ont mis au point une technique qui serait infaillible pour détecter ce type de personnalité: en bref, on se méfie des sourcils trop épais et trop foncés (plus ils le sont, plus la personne serait vaniteuse et égocentrique)!
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Avis aux intéressées, on peut toujours se rendre à Hong Kong pour changer sa destinée... à l’aide d’une pince à épiler! Si l’on y pratique la lecture des traits du visage, un art chinois ancestral, certains vendeurs vont une coche plus loin: ils proposent aux clients de transformer leur vie en modifiant la forme de leurs sourcils (plus ils sont droits, moins on aurait d’épreuves à surmonter). Protectrice et esthétique, la zone pileuse – qui s’anime pour transmettre notre joie, notre colère ou notre tristesse – a décidément le don de fasciner!
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