Le nouveau président de l’OCPM veut rétablir la confiance du public
Philippe Bourke se penchera sur la gestion des employés, l’encadrement des dépenses, le recrutement des commissaires et l’application des règles d’éthique notamment
Dominique Cambron-Goulet et Annabelle Blais
Prenant la tête d’un organisme ébranlé par un scandale sur des dépenses de restaurants et de voyages, le nouveau président de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM), Philippe Bourke, souhaite recentrer l’organisme sur sa mission de base pour regagner la confiance du public.
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«Le but ultime, c’est de rétablir la confiance de la population, des élus, des initiateurs de projets, de l’opposition... Bref, de tout le monde envers [l’OCPM]», lance M. Bourke, entré en poste lundi pour un intérim de six mois et qui nous a accordé sa toute première entrevue mercredi.
Celui-ci a été nommé en décembre à la tête de l’organisme en pleine tourmente à la suite de nos révélations sur des dépenses douteuses.
Philippe Bourke a été président d’un autre organisme de consultation publique, le Bureau d'audience publique sur l’environnement (BAPE) de 2017 à 2022.
Celui qui dit croire à la démocratie participative veut donc se concentrer sur la raison première de l’existence de l’OCPM: la consultation des Montréalais.
Il ne ferme pas la porte à un retour des missions à l’étranger, suspendues à la suite de nos révélations, mais il ne s’agit pas d’une priorité.
«Il y a un volet rayonnement qui est intéressant à faire. Ce qu’on a vu [dans vos reportages], c’est les efforts en dollars, mais il y a du temps personne qui est investi là-dedans. Il faut doser à quel point on met des ressources sur cette fonction qui n’est pas inutile, mais disons que là, on va se concentrer sur la base», avance Philippe Bourke.
- Écoutez le compte-rendu de la journaliste Annabelle Blais au micro d’Alexandre Dubé via QUB :
Nombreux défis
Selon M. Bourke, l’OCPM a l’air d’un «animal blessé» et il reconnaît que la «confiance a été ébranlée», mais il assure qu’à l’interne, ce «n’est pas la déroute».
L’OCPM se remet aussi d’une crise interne sur fond d’allégations de gestion toxique visant l’ancienne présidente Isabelle Beaulieu.
«Le climat est bon, mais les gens ont quand même des inquiétudes. Je prends soin de les rassurer le plus possible», précise-t-il.
Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de défis. Le président entend notamment revoir la gestion des employés, l’encadrement des dépenses, le recrutement des commissaires et l’application des règles d’éthique.
«Tout ça va être regardé avec attention dans ce but ultime là de rétablir la confiance, affirme-t-il. [...] J’ai des décisions à prendre. Ça va prendre du courage de gestion.»
Le cas Guy Grenier
Philippe Bourke devra notamment trancher sur le sort du secrétaire général, Guy Grenier, toujours en poste. Cet automne, la mairesse Valérie Plante et la ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, avaient réclamé son départ en raison du scandale.
Le nouveau président affirme que son choix n’est pas encore fait.
«Si les gens ont réclamé cela, ils devaient avoir des raisons de le suggérer. Pour ma part, ce serait irresponsable de baser ma décision en fonction d’une déclaration comme celle-là», insiste-t-il.
«Ma responsabilité [...] c’est de prendre des décisions de gestion qui vont s’imposer, mais une fois que je vais avoir fait toute la lumière, recueilli toute l’information et posé toutes les questions», affirme-t-il, tout en soulignant être reconnu pour son intégrité et son impartialité.
Le nouveau président juge même qu’il pourrait perdre la confiance du public et des employés en agissant trop rapidement.
«L’idée, c'est de ne pas reproduire de nouvelles erreurs en essayant d'en corriger», dit-il.
Un organisme secoué
- Début novembre, notre Bureau d’enquête révèle que les dirigeants actuels et passés de l’OCPM ont fait des dépenses douteuses, telles un souper d'huitres à 347$ ou des écouteurs sans fil à 900$.
- Le 6 novembre, la mairesse Valérie Plante demande la tenue d’une enquête de la vérificatrice générale sur les finances de l’organisme financé par Montréal.
- Le 13 novembre, l’ex-présidente de l’OCPM, Dominique Ollivier, quitte ses fonctions de présidente du comité exécutif de l’administration Plante.
- Le 21 novembre, la présidente de l’OCPM, Isabelle Beaulieu, est destituée par le conseil municipal.
- Le gouvernement du Québec modifie la Charte de la Ville de Montréal, pour mieux encadrer l’OCPM et permettre la nomination d’un président par intérim.
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