Scandale de dépenses à l’OCPM: Québec modifie la loi après notre enquête
Le gouvernement a adopté des modifications à la loi vendredi, en raison des révélations de notre Bureau d’enquête sur les dépenses de l’Office de consultation publique de Montréal
Dominique Cambron-Goulet et Annabelle Blais
Le gouvernement du Québec a modifié la loi vendredi dans le but d’empêcher des dépenses douteuses comme celles faites à l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) et révélées par notre Bureau d’enquête.
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«Moi j’agis tout de suite. On va recadrer ça tout de suite. Ça va même aider la Ville de Montréal et encadrer la Ville de Longueuil», avait déclaré la ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest mercredi.
Les employés de l’OCPM et de son équivalent longueuillois, l’Office de participation publique de Longueuil (OPPL), seront désormais des fonctionnaires municipaux à part entière.
Ceux-ci seront ainsi soumis aux mêmes règles de dépenses et d’éthique que les autres employés municipaux.
De plus, dans la nouvelle loi il est précisé que le président de ces deux offices sera désormais responsable d’appliquer les politiques municipales de gestion des ressources humaines, matérielles et financières.
Ces changements législatifs sont des amendements aux chartes des villes de Montréal et de Longueuil qui ont été adoptés à l’unanimité par l’Assemblée nationale à l’intérieur d’un projet de loi omnibus vendredi après-midi.
Grâce à notre enquête
Ils visent à colmater des brèches révélées par notre Bureau d’enquête qui ont permis à des dirigeants de l’OCPM d’effectuer de nombreuses dépenses et nominations discutables.
«Tout le monde a été choqué quand on a vu les histoires d’un certain Office de consultation publique», a lancé Mme Laforest avant l’adoption de son projet de loi vendredi.
Nos reportages ont fait état de nombreuses réunions internes au restaurant aux frais des contribuables par les ex-présidentes Dominique Ollivier et Isabelle Beaulieu, ainsi que les secrétaires généraux Luc Doray et Guy Grenier.
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Ces dirigeants ont aussi effectué de nombreux voyages à l’étranger, aux retombées parfois floues, qui ont coûté des dizaines de milliers de dollars aux Montréalais.
Mme Beaulieu a été congédiée de son poste pour «faute grave» dans la foulée du scandale et l’OCPM a été placé sous tutelle par la Ville de Montréal.
Dominique Ollivier a quant à elle démissionné de son poste de présidente du comité exécutif de l’administration de Valérie Plante.
Avant les modifications adoptées par Québec, il était aussi possible pour le président de l’OCPM d’engager qui il souhaitait et de fixer ses conditions de travail.
C’est ainsi que Dominique Ollivier avait pu recruter son ancien partenaire d’affaires, Guy Grenier, sans rencontrer d’autres candidats.
Intérim à venir
Les nouvelles chartes prévoient également qu’un président par intérim pourra être nommé par majorité simple au conseil municipal pour un maximum de six mois.
Ceci devrait aider la Ville de Montréal à nommer plus rapidement un successeur à Isabelle Beaulieu.
En raison de son congédiement, l’OCPM est en ce moment dirigé par le secrétaire général Guy Grenier, qui a lui aussi multiplié les dépenses douteuses.
La mairesse Plante et la ministre Laforest ont appelé à sa démission, mais celui-ci demeure en poste, car il ne peut être congédié que par le président de l’OCPM.
Valérie Plante a également demandé à la vérificatrice générale (VG) de Montréal de faire un «audit de performance» de l’OCPM dans la foulée de nos révélations.
La ministre Laforest s’est aussi engagée à suivre les recommandations de la VG.
Accueil favorable
Ces amendements ont été accueillis favorablement tant à Montréal que Longueuil.
«Le projet de Loi adopté complète les mécanismes de reddition de compte que nous avons mis en place pour contrôler les dépenses de l'OCPM pendant que les démarches pour trouver un intérim se poursuivent», a affirmé Catherine Cadotte, attachée de presse au cabinet de la mairesse Plante.
La mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, se dit pour sa part satisfaite des modifications législatives.
«Elles maintiennent un équilibre entre le renforcement des mécanismes de reddition de compte financière de l’OPPL et le maintien de sa totale indépendance vis-à-vis du politique en ce qui a trait aux démarches participatives et de consultations publiques», juge-t-elle.
La mairesse Fournier rappelle que l'OPPL avait déjà adopté un code d'éthique et des règles de dépenses internes qui seront rendues publiques prochainement.
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