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L'article provient de 24 heures

Le monde libertin a le vent dans les voiles depuis le déconfinement

Illustration Adobe Stock, Photomontage Marilyne Houde
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Photo portrait de Alex Proteau

Alex Proteau

2021-12-24T12:00:00Z
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L’engouement observé cet été pour le libertinage n’a pas été un feu de paille, constatent avec étonnement des propriétaires de clubs. On a parlé avec quelques-uns d’entre eux – et avec des couples qui nous racontent leur première fois.  

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Adressons d'abord l'éléphant dans la pièce : le resserrement des mesures sanitaires observé dans les derniers jours, qui implique notamment la fermeture des bars, donne certainement un coup de masse à ces lieux de rencontre. Mais on peut penser que la clientèle sera de retour lorsque ce sera possible, parce que l'intérêt était bien présent depuis plusieurs mois. 

De sa réouverture en juillet jusqu'à sa fermeture il y a quelques jours, le Club L, à Montréal, suscitait un intérêt croissant.  

«Chaque soirée, la moitié de la clientèle est constituée de nouveaux membres qui prennent un essai d’un mois et ensuite renouvellent pour un an», détaille Mateo Lapointe, propriétaire de l’établissement. 

Depuis que le Club L a pu rouvrir ses portes, le nombre de consultations de son site internet a augmenté de près de 600%, ajoute-t-il.  

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Malgré tout, en termes de nombre, les clubs libertins demeurent marginaux : au Québec, on en compterait seulement quelques-uns. Il s’agit de lieux de rencontre - légaux seulement depuis 2005 - où on peut s’adonner à des activités de libertinage comme l’échangisme, le voyeurisme ou l’exhibitionnisme.  

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C’est pour ça qu’en octobre, lors de l’ouverture du nouveau club Luxuria à Montréal, M. Lapointe s’attendait à une baisse de sa clientèle à lui. Ça n’a pas été le cas.  

«Je suis très sûr qu’on est sur la bonne voie et je ne crois pas que ça va ralentir, les jeunes couples ont envie d’aventure, c’est un peu l’après-guerre!» pense M. Lapointe. 

Le propriétaire du Luxuria, Ray Gagné, remarque la même chose. «Les gens veulent oser, mais dans un environnement plus sexy et plus contrôlé. Ça suscite de la curiosité et donc on a beaucoup de nouveau monde», mentionne-t-il.  

Ray Gagné
Ray Gagné Alex Proteau/24 heures

Jean-Paul Labaye, propriétaire du club libertin L’Orage club, dit qu’il a accueilli dans les derniers mois beaucoup plus de nouveaux qu’avant la pandémie.  

Jean-Paul Labaye
Jean-Paul Labaye ALEX PROTEAU/24 HEURES/AGENCE QMI

«Je ne sais pas ce qui se passe dans leur tête: est-ce qu’ils se disent que c’est la fin du monde et qu’il faut essayer ça avant que ça se termine?» se demande-t-il. 

Quelques couples racontent  

Des couples à qui on a parlé sont unanimes : ils ont aimé leur expérience.  

Clément (34 ans) et sa conjointe Katia (32 ans), de Sherbrooke, font partie de ceux qui désiraient rencontrer de nouvelles personnes en tant que couple.  

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En juillet, après y avoir songé pendant plus d’un an, le couple s’est rendu à Montréal pour expérimenter pour la première fois le monde libertin en visitant le Club L 

«Ç’a été un bon moment, rapporte Clément, qui préfère qu’on n’utilise pas son nom de famille. On n’avait pas trop d’attentes, on est monté [au deuxième étage du club où se déroulent des activités échangistes] avec un couple. Ça s’est bien déroulé», raconte-t-il. 

Les amoureux ne sont pas retournés dans un tel lieu, mais continuent de surveiller les événements et comptent bien visiter un établissement libertin en 2022, avance Clément. Ils ont aussi gardé contact avec l’autre couple avec lequel ils ont expérimenté, mais les quatre heures de route les séparant les ont empêchés de se revoir, explique-t-il. 

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L'une des chambres de L'Orage club
L'une des chambres de L'Orage club ALEX PROTEAU/24 HEURES/AGENCE QMI

De leur côté, Simon et Amélie, respectivement âgés de 38 et 34 ans, habitent sur la Rive-Nord et songeaient à vivre de telles expériences depuis deux ans. Depuis la réouverture des bars et clubs, ils ont visité à quatre reprises des clubs libertins. 

Le couple, qui ne cache pas son intérêt pour l’exhibitionnisme et le voyeurisme, apprécie l’ambiance plus «respectueuse» que dans certains bars non libertins. «Je suis confiant que même si un gars ou une fille s’approche [d’Amélie], elle ne se fera pas sauter dessus», pense Simon. 

Mary et Jonathan, Lavallois âgés respectivement de 40 et de 36 ans, ont visité les trois clubs libertins de Montréal. «Avant de juger un milieu et dire que ce n’est pas fait pour nous, je conçois que c’est bien de tenter une première expérience», explique Mary.  

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Celle qui se décrit comme «curieuse» et qui «aime tenter de nouvelles expériences» compte revisiter ces endroits avec son amoureux. 

Cette curiosité expliquée par une sexologue

Laurence Desjardins, sexologue
Laurence Desjardins, sexologue Photo Courtoisie

Selon la sexologue Laurence Desjardins, qui nous avait accordé une entrevue à ce sujet cet été, le retour vers les clubs aux couples ouverts n’est pas étranger à la pandémie et s’explique par deux aspects: un confinement très long et la difficulté de faire des rencontres dans des bars en raison des mesures sanitaires en vigueur.   

Également, comme la société reconnaît désormais ces nouveaux comportements et leur donne, par le fait même, une certaine visibilité, c’est plus facile de s’afficher. 

«On offre des communautés à des gens qui s’identifient, mais le concept n’est pas nouveau. Se dire «libertin» n’est pas nouveau, mais il y a des gens qui sont fiers et qui peuvent nommer leurs comportements», conclut-elle. 

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