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L'article provient de 24 heures

Hogging: coucher avec la plus grosse femme pour marquer des points

Une pratique entre grossophobie et masculinité toxique

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Photo portrait de Genevieve            Abran

Genevieve Abran

2021-12-14T17:52:39Z
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Connaissez-vous le hogging? Pour ses participants, le but du «jeu» consiste à coucher avec la femme la plus grosse dans un party pour marquer des points. Popularisé dans les fraternités américaines, ce phénomène existerait aussi au Québec.  

L'Américaine Megan Mapes, elle-même victime de hogging, a dénoncé cette pratique dans une vidéo TikTok qui, publiée le 14 octobre dernier, a obtenu à ce jour près de 1,5 million de vues. La femme de 30 ans se définit comme une activiste du body positive.  

Elle explique que l’objectif du hogging est de trouver «la femme la plus grosse et la moins attirante» afin d’avoir une relation sexuelle avec elle. Dans certains cas, les amis du garçon, une fois l’affaire conclue, vont débarquer dans la chambre pour harceler la femme, notamment en faisant des bruits de cochon, jusqu’à ce qu’elle parte. 

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«Renforcer la masculinité»  

Et elle n’est pas la seule victime de ce jeu douteux. Plusieurs autres ont fait des vidéos TikTok pour raconter des histoires similaires. De nombreuses femmes ont répondu à la vidéo de Megan Mapes en affirmant avoir été victimes du phénomène. Des hommes ont aussi décrié cette pratique, en assurant qu’ils agiraient s’ils étaient témoins d’un tel acte.  

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Megan Mapes explique, dans une entrevue accordée à BuzzFeed , que le hogging est «une pratique qui renforce la masculinité» de ceux qui s'y adonnent. «Une des manières [d’atteindre cette masculinité], pour eux, est de coucher avec le plus de personnes possible. Ils voient les femmes obèses comme des cibles faciles.»

Elle espère que le fait de parler ouvertement de cette situation fera en sorte que le hogging cesse.  

Le hogging au Québec?  

Plusieurs personnes interrogées par le 24 heures ont indiqué qu’un tel phénomène existe ici aussi.  

«Sans avoir un nom uniforme et partagé par tout le monde, j’en vois des variations très, très similaires», explique Andréanne St-Gelais. Celle qui donne des formations pour prévenir les violences sexuelles aux niveaux collégial et universitaire a déjà reçu des témoignages de femmes qui vivent cette situation.  

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La responsable du site grossophobie.ca, Édith Bernier, arrive à la même conclusion: le phénomène existe aussi au Québec.  

«Je ne connaissais pas le nom, mais, clairement, les gens qui ont fait la pub Archibald “tape-toi une grosse” le connaissaient.» Édith fait référence à une publicité de la microbrasserie Archibald sortie cet été. On y invitait les gens à essayer leur nouveau grand format de cannettes en disant: «tape-toi une grosse». La microbrasserie avait finalement présenté ses excuses pour cette pub jugée grossophobe.  

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Même si elle n’a jamais entendu ce terme au Québec, elle remarque que les femmes grosses reçoivent un traitement différent quand vient le temps de «dater». D'ailleurs, il y a plusieurs années, Édith a été victime d’un groupe d’hommes qui avaient fait le pari d’obtenir un rendez-vous amoureux avec une femme grosse.  

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Des «micro-agressions» liées à son poids, de la part du sexe masculin, Caroline Lizotte en a souvent fait l’expérience. Vers l’âge de 15 ans, un groupe d’amis avaient ri d’elle en lui laissant croire que l’un d’eux la trouvait à son goût. Depuis, elle a connu de nombreuses histoires similaires, tant et si bien que, 20 ans plus tard, elle se méfie encore lorsque quelqu’un démontre de l’intérêt pour elle. Elle avoue même être passée à côté de plusieurs expériences pour cette raison. 

Pas nouveau  

Même si le hogging semble bien intégré dans les fraternités aux États-Unis depuis plusieurs années, le phénomène reste méconnu. 

Une étude sociologique publiée dans le Journal of Gender Studies en 2010 a conclu que les hommes vont prendre part au hogging dans le but d’acquérir un certain statut devant leurs pairs. Il s’agirait, pour eux, d’un moyen de montrer qu’ils sont de «vrais hommes», indique-t-on dans l’étude.  

Même si aucun homme interrogé dans le cadre de cette étude n’a reconnu pratiquer le hogging, ils ont tous participé à un pari ou se sont amusés des histoires de leurs amis. Ils ont presque tous admis que les femmes qui sont grosses ne sont pas attirantes à leurs yeux.  

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