Nouvelles consoles, retards et réinvention: l’année en jeux vidéo de Raph
Raphaël Lavoie
Il s’agit fort probablement du 31e article que vous lisez cette semaine qui commence par «l’année 2020 était vraiment particulière», mais que voulez-vous! L’année 2020 était en effet vraiment particulière.
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Toutefois, si plusieurs veulent jeter le bébé avec l’eau du bain en disant que 2020 était atroce d’un bout à l’autre, mon opinion est légèrement différente.
L’année qui vient de passer nous a collectivement amenés très bas, mais nous a aussi offert quelques moments de brillance, de redécouverte et de réinvention, et ce, tout spécialement dans le monde vidéoludique.
Parce que si les circonstances de 2020 étaient très mauvaises pour, disons, aller vous enfermer dans un jeu d’évasion avec vos amis et ensuite partager un gros bol de trempette avec eux, elles étaient plutôt bonnes pour jouer à des jeux vidéo.
En d’autres mots, il y a eu cette année du très bon, du bon, de l’ordinaire et du médiocre, mais certainement pas de l’indifférence. Du moins, en ce qui me concerne!
Voici donc ce qui a retenu mon attention dans l’univers des jeux vidéo en 2020.
La saga des consoles de nouvelle génération
Le meilleur téléroman n’était pas à la télévision en 2020, il se passait chez Sony et Microsoft! On va se le dire, la route vers la sortie de la PS5 et de la Xbox Series X n’a pas été de tout repos.
En ce sens, plutôt que d’arracher le pansement d’un coup sec, les deux fabricants ont décidé de lever le voile (très) graduellement sur leur console respective, faisant monter l’excitation, mais aussi la tension, chez des internautes confinés qui étaient en grand besoin de bonnes nouvelles.
Cela a visiblement permis de créer un réel engouement, mais ce filet très limité et ponctuel d’informations a aussi mené à bien des drôles de rumeurs, quelques inquiétudes de la part des joueurs et une certaine part d’appréhension.
Était-ce la meilleure idée d’un point de vue marketing? Possiblement, parce que, quelques mois plus tard, les joueurs se sont effectivement arraché –et le mot est faible– les PS5 et Xbox Series X. Cela dit, cette stratégie a aussi fait en sorte que l’on a littéralement parlé des consoles de nouvelle génération pendant presque toute l’année. Pour le meilleur... et pour le pire!
Encore aujourd’hui, même plus d’un mois après leur sortie, la PS5 et la Xbox Series X font encore bien jaser. On attend de nouveaux stocks, on attend les mises à jour et, surtout, on attend les gros jeux qui leur permettront enfin de briller à leur juste valeur.
Certes, les deux consoles n’ont pas volé leur place dans l’actualité. Une fois qu’on réussit à les avoir en main, ce sont (vraiment) d’excellentes machines, qui nous permettront assurément de vivre des moments inoubliables pour de nombreuses années à venir.
Et je dois avouer que d’un point de vue personnel, je me sens bien chanceux d’avoir pu couvrir ce véritable feuilleton. Ce n’est pas tous les jours qu’on accueille une nouvelle génération de consoles.
Petit gars, je lisais dans le PlayStation Magazine les annonces au sujet de la PS2 et aujourd’hui, je les écris, une vingtaine d’années plus tard. Sincèrement, c’est quelque chose! Je me trouve chanceux.
Une année de grandes exclusivités pour dire au revoir à la PS4
Justement, on a tellement parlé de la PS5 dans les dernières semaines que, lorsque vient le temps de tracer un bilan de 2020, on oublie presque l’année incroyable que la PS4 a eue au niveau des exclusivités. Comme si Sony avait voulu offrir une espèce de cadeau d’au revoir à sa console phare.
Final Fantasy VII Remake? The Last of Us Part II? Ghost of Tsushima? Tout ça en une seule année, c’est quand même pas pire!
Ajoutez à ça le sympathique Dreams et des versions PS4 de Marvel’s Spider-Man: Miles Morales et Sackboy: A Big Adventure et vous avez un ensemble de titres qui ne ressemble pas tellement à celui d'une console en fin de cycle.
Ce faisant, Sony s’est aussi assuré, grâce à la rétrocompatibilité, d’avoir un éventail de succès récents pour la PS5. Ainsi, on peut peut-être critiquer l’alignement de départ de la nouvelle console, mais certainement pas le catalogue «global» de PlayStation en 2020.
Les fameux retards et reports de 2020
Corrigez-moi si j’ai tort, mais est-ce qu’un seul jeu est paru à sa date de sortie prévue en 2020?
*Insérez ici les rires nerveux*
Oui, bien sûr, j’exagère! Pour ne pas en pleurer, il faut bien en rire un peu.
Mais, blague à part, la dernière année a tout de même permis de mettre en lumière une tendance majeure dans l’industrie: il devient de plus en plus ardu de déterminer –et respecter– une date de sortie pour un jeu, surtout lorsqu’il s’agit d’un titre majeur.
Comme j’écrivais tout à l’heure, on a beaucoup parlé en 2020 de la PS5 et de la Xbox Series X, mais on ne peut pas non plus dire que les délais n’ont pas attiré l’attention lors des derniers mois. Il y a Cyberpunk 2077, évidemment, mais aussi The Last of Us Part II, Marvel’s Avengers, Halo Infinite, Final Fantasy VII Remake, Deathloop, Dying Light 2 et j’en passe beaucoup d’autres.
Pour éviter les déceptions et, surtout, l’immense pression posée sur les épaules des travailleurs de l’industrie, est-ce qu’on pourrait revoir le concept des dates de sorties et adopter un modèle un peu plus flexible?
J’en reparlerai bientôt dans un autre article (surprise!), mais, d’ici là, on peut se dire qu’au niveau des reports et autres délais, le monde du jeu vidéo n’a malheureusement rien eu à envier à Hollywood en 2020...
Des événements réinventés avec succès
Parmi les bons de coups de l’année, il faut absolument noter que l’industrie a su faire de petits miracles avec ses événements gaming en 2020, et ce, en pleine crise sanitaire majeure.
D’un côté, les rendez-vous «en personne» comme l’E3 ont évidemment été annulés, mais différentes initiatives virtuelles, comme le Summer Game Fest, ont su prendre leur place pour permettre aux studios de présenter leurs prochaines œuvres.
Des piliers comme Sony et Microsoft ont également décidé de s’adresser directement aux joueurs par le biais de présentations diffusées sur YouTube, démocratisant en quelque sorte le dévoilement des grosses annonces, qui était autrefois réservé aux initiés dans un auditorium quelque part en Californie. Nintendo le faisait déjà, mais, en 2020, c’est devenu la norme.
N’oublions pas non plus les événements bien établis comme la Gamescom ou les Game Awards, qui sont parvenus à revoir leur modèle et se réinventer en formule numérique.
Dans tous les cas, les joueurs sont ressortis grands gagnants de cette réorientation obligée. Tant mieux!
Des jeux vidéo mieux perçus... tout simplement!
2020 sera aussi peut-être (enfin) l’année où votre oncle arrêtera de vous juger parce que vous aimez beaucoup jouer à Grand Theft Auto.
Plus sérieusement, en plein confinement, beaucoup de gens ont (re)découvert les jeux vidéo pour ce qu’ils étaient vraiment: des œuvres à part entière, qui permettent de se divertir, mais aussi d’apprendre, d’ouvrir ses horizons et de s’évader dans un autre monde.
Bref, depuis quelques mois, les jeux vidéo, et le fait de s’assumer en tant que gamer, semblent de mieux en mieux perçus par la société. Dans un monde pandémique, ce n’est plus tabou de s’enfermer chez soi pour passer une soirée avec sa console. C’est accepté, voire même suggéré!
Que faut-il remercier? Animal Crossing? Les mesures sanitaires? François Paradis qui révèle publiquement qu’il est, lui aussi, un gamer?
Ça importe probablement très peu, parce que le résultat est le même: les mentalités changent.
Il ne reste maintenant qu’à espérer que ça reste ainsi à l’avenir, même dans un monde où l’on pourra à nouveau prendre ses parents et amis dans ses bras.