Ghost of Tsushima: le jeu d’aventure ultime pour dire au revoir à la PS4 [CRITIQUE]
Raphaël Lavoie
Vous souvenez-nous des examens récapitulatifs de fin d’année où on passait en revue toute la matière des 10 derniers mois d’école en quelques pages seulement?
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Pour une raison obscure, Ghost of Tsushima, en rassemblant en un seul jeu le meilleur de ce qu’on a pu jouer à ce jour sur la présente génération de consoles, me fait exactement penser à ça.
Est-ce le plus grand, le plus beau, le plus unique titre paru sur la PS4? Peut-être pas. De toute façon, il s’agirait là d’un point de vue hautement subjectif. Par contre, ce qui saute aux yeux, c’est que Sucker Punch Productions s’est inspiré de ce qui s’est fait de mieux au cours des dernières années pour donner vie à Ghost of Tsushima.
Un peu de Breath of the Wild par-ci, un peu de Red Dead Redemption 2 par-là, un soupçon d’Assassin’s Creed et de Marvel’s Spider-Man pour la forme; en sortant son jeu à la fin de la présente génération de consoles, le studio américain a eu le loisir de voir ce qui a fonctionné (ou non) par le passé.
Il serait toutefois malhonnête et peu représentatif de qualifier Ghost of Tsushima de pâle copie de ce qui s’est fait avant lui. Il faut plutôt le voir comme le raffinement (presque) ultime d’une grande lignée de titres d’aventure et d’action... et ce, au grand avantage des joueurs!
Car, bien au contraire, il ne fait aucun doute que la plus récente exclusivité de Sony a sa propre personnalité, avec un magistral monde ouvert qui mérite d’être découvert dans ses moindres recoins.
Ce n’est pas la destination, mais la route qui compte
Vous l’aurez possiblement deviné à ce point-ci, l’histoire de Ghost of Tsushima vous plonge dans les bottines du samouraï Jin Sakai en pleine invasion mongole de l’île de Tsushima, dans le Japon féodal de la fin du 13e siècle.
Donné pour mort au tout début du jeu, Jin est l’un des tout derniers samouraïs de Tsushima et doit recruter des alliés afin de reprendre la terre de ses ancêtres des mains de l’envahisseur mongol.
Ce faisant, le valeureux guerrier se fera de fidèles amis, inspirera bon nombre de simples paysans à se battre à ses côtés, éliminera une quantité faramineuse d’ennemis, mais aura aussi, et surtout, l’occasion d’explorer les différentes régions de l’île de Tsushima.
Ainsi, laissez-moi vous dire que celle-ci est absolument magnifique. Elle fourmille de défis, de quêtes secondaires et d’objets à amasser. Et même si les voyages rapides sont possibles entre les points d’intérêt déjà découverts, on se surprend plus souvent qu’autre chose à chevaucher son cheval jusqu’à sa destination, simplement pour le plaisir de tomber sur un habitant de l’île qui a besoin d’aide ou une ferme qui doit être libérée de l’emprise des Mongols.
En ce sens, c’est particulièrement dans l’exploration et la découverte que repose, à mon humble avis, le charme (immense) de Ghost of Tsushima. Dans les paysages à couper le souffle et les rencontres imprévues.
Bref, lorsqu’on dépose la manette, c’est avant tout Tsushima, et la route qu’on a parcourue, qui nous reste en tête.
Une lettre d’amour aux films de samouraïs
Certes, on ne peut pas non plus dire que l’histoire, racontée au fil de la quête principale de Jin, est inintéressante!
Elle n’est peut-être pas le point le plus inoubliable du titre de Sucker Punch, mais il s’agit tout de même d’un brillant hommage aux films classiques de samouraïs, en raison de son scénario, mais aussi grâce à sa musique et sa direction visuelle.
Pour ajouter à l’expérience, on propose même un (superbe) mode visuel en noir et blanc, inspiré de l’œuvre du célèbre réalisateur Akira Kurosawa. C’est tout dire sur l’inspiration du studio...
En ce sens, attendez-vous à du sang, des trahisons, de gros plans dramatiques et une large dose de vengeance, qui se veut le moteur derrière bon nombre des quêtes principales et secondaires.
Heureusement, on prend quand même le temps de développer la plupart des personnages, ce qui permet d’éviter de se retrouver avec un récit qui est violent seulement pour être violent. Par moment, c’est très cru, mais c’est à peu près toujours nécessaire.
Des combats qui prendront votre couleur
Par ailleurs, un autre pan assez important du scénario de Ghost of Tsushima se veut le conflit constant entre le désir de Jin de faire honneur aux traditions du samouraï et sa volonté d’utiliser tous les moyens à sa disposition pour reprendre l’île à ses envahisseurs.
Cette ambivalence du guerrier se reflète donc dans le gameplay du jeu, qui laisse presque toujours le choix au joueur d’aborder les combats face à face, comme le veut le code d’honneur du samouraï... ou d’assassiner furtivement ses cibles à la manière d’un fantôme.
De ce fait, libre à vous d’utiliser vos points d’expérience pour améliorer la maîtrise du katana de Jin ou plutôt ses capacités spéciales, comme celles de repérer les ennemis à distance ou de pouvoir exécuter dans l’ombre une série d’adversaires.
Il en va de même pour l’amélioration des nombreuses armures que vous débloquerez, de même que des armes et outils secondaires, tels que les arcs et les bombes, pour ne nommer que ceux-ci. Pour ajouter à tout ça, sachez qu’il existe également quatre types distincts (et évolutifs) de positions de combats, qui s’adaptent aux différents genres d’ennemis que vous rencontrerez.
Vous comprendrez ainsi que, même si elle n’atteint pas le niveau d’un RPG d’action, la personnalisation de Jin est assez importante dans Ghost of Tsushima et permet d’adapter les affrontements à son style de jeu.
Non, ce n’est pas un autre Sekiro: Shadows Die Twice
Parlant de RPG d’action, il faut tout de même le préciser à celles et ceux qui s’attendent à une émule de Sekiro: Shadows Die Twice ou d’un quelconque Dark Souls: Ghost of Tsushima est avant tout un jeu d’aventure.
Certes, vous passerez plusieurs heures à vous battre, c’est assuré. Par contre, ce serait une erreur, du moins à mon avis, de définir le titre de Sucker Punch uniquement par cet aspect. Surtout que le faire pourrait probablement en décevoir quelques-uns.
Ainsi, l’intelligence artificielle, bien que solide la plupart du temps, n’est pas toujours parfaite, particulièrement en phase d’infiltration, et les combats contre les boss finissent souvent par se révéler un peu redondants.
Mais heureusement, ces quelques défauts sont pardonnés dans le contexte d’une plus grande épopée qui rassemble autant des confrontations couvertes d’hémoglobine que des moments de plateformes et de la composition de haïkus (oui, vraiment).
Abordez donc plutôt Ghost of Tsushima comme un Legend of Zelda: Breath of the Wild pour adultes qui a laissé ses énigmes au vestiaire.
Ou tout simplement comme le jeu d’aventure parfait pour dire un doux au revoir à la PlayStation 4 et à cette génération de consoles.
Parce que c’est dans cette optique (et avec une volonté d’explorer en profondeur son univers) que vous risquez d’apprécier le plus Ghost of Tsushima.
On aime:
- Le monde ouvert absolument magnifique et rempli de surprises
- La personnalisation des combats
- L’ambiance digne d’un film classique de samouraïs
On aime moins:
- Quelques passages un peu répétitifs
- L’intelligence artificielle occasionnellement perfectible
Note: 9/10
*Le test a été effectué sur PS4 grâce à un code fourni gracieusement par PlayStation. Ghost of Tsushima sortira le 17 juillet sur PS4.