La sexualité après l'accouchement : tout ce que vous devez savoir

La sexualité après avoir donné naissance peut représenter un défi qui amène son lot de questionnements chez de nombreuses mamans. Nous avons posé pour vous de pertinentes questions à notre collaboratrice et infirmière clinienne en santé sexuelle, Jeanne Lefebvre* afin d'y voir plus clair en pareille situation, mais aussi et surtout de se sentir bien physiquement et psychologiquement.

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Le sexe après l'accouchement

Sur le plan physique, il faut idéalement prévoir une pause nécessaire de 3 à 6 semaines avant de reprendre les activités sexuelles avec pénétration après l'accouchement. 

« Ce délai permet l'arrêt des lochies (saignements post-accouchement), réduisant ainsi le risque d'infection de l'utérus. De plus, il donne au col de l'utérus le temps de se remettre de l'accouchement et de se refermer correctement avant d'être exposé à des bactéries externes », explique Mme Lefebvre.

La condition du périnée joue également un rôle, car certaines personnes ayant subi des déchirures nécessitent davantage de temps pour guérir avant de reprendre une activité sexuelle, pour réduire les risques de complications. 

Des facteurs psychologiques tels que la douleur et les blocages peuvent également retarder le retour à la pénétration, nécessitant une réhabilitation psychologique ou physique. 

Il est important d'adapter les pratiques sexuelles en conséquence, avec la possibilité d'explorer d'autres formes de relations sexuelles sans pénétration si nécessaire.

Être à l'écoute de son corps

Sur le plan psychologique, il faut garder en tête que chaque couple est différent et c’est hyper important de ne pas se comparer. 

« Il faut y aller à son propre rythme, chaque personne vit un accouchement différent, vit une période de rétablissement différente et les besoins de chacun dans cette transition de vie majeure vont énormément changer d’une personne à l’autre. L’important c’est d’être à l’écoute de son corps, de son ou sa partenaire et de voir ce nouveau défi d’adaptation à deux, avec douceur », précise Mme Lefebvre qui a notamment travaillé à titre d’infirmière en salle d’accouchement et qui offre maintenant des accompagnements complets et bienveillants en ligne. 

Plusieurs couples vont vivre des défis par rapport à la sexualité en période post-partum et c’est tout à fait normal. 

Il y a des changements au niveau des nouveaux rôles sociaux à adopter et donc des responsabilités de plus en tant que parent. Le rôle de parent peut faire compétition au rôle d’individu sexué. Il peut donc y avoir un certain temps pour redéfinir le tout afin de bien intégrer ces deux rôles pour soi-même et envers le/la partenaire. 

« Il peut y avoir des changements au niveau des habitudes de sommeil, de l’adaptation à faire au niveau de la gestion du temps, qui font en sorte que la priorité ne va pas nécessairement vers le couple et la sexualité au début », assure l'infirmière clinienne en santé sexuelle consultée pour cet article.

 La femme peut aussi avoir à apprendre à reconnecter avec son corps à la suite des changements causés par la grossesse, ce qui peut impacter son estime de soi. 

Tous ces facteurs peuvent avoir un impact au niveau de la libido et de la satisfaction conjugale, c’est pourquoi c’est important de normaliser le tout et d’apprendre à s’adapter en tant que couple, en tant qu’individu et en tant que parent en s’offrant de la douceur et de la compassion. Il faut se laisser le temps de s’adapter, se soutenir à deux.

Le rôle de la prolactine chez la femme

• Stimulation de la lactation : La prolactine est essentielle pour stimuler et maintenir la production de lait maternel après l'accouchement. Elle favorise le développement des glandes mammaires et stimule la sécrétion de lait.
• Inhibition de l'ovulation : La prolactine exerce un effet inhibiteur sur l'ovulation, ce qui signifie qu'une concentration élevée de prolactine dans le sang peut contribuer à supprimer la libération des ovules par les ovaires. C'est pourquoi l'allaitement exclusif peut avoir un effet contraceptif temporaire chez certaines femmes (lorsque respecte des critères strictes).
• Réduction de la libido : Des niveaux élevés de prolactine peuvent être associés à une diminution de la libido chez certaines femmes. Cela peut aussi diminuer la lubrification vaginale. Normalement la prolactine diminue progressivement après 3 mois malgré la poursuite de l’allaitement, ce qui favorise donc le retour à la normalité après cette période. 

Des conseils pour renouer avec sa sexualité après l'accouchement

Jeanne Lefebvre suggère de favoriser la communication entre les membres du couple. Selon elle, il faut verbaliser à l’autre sa vision de la situation, ses craintes, ses besoins et écouter ce que la vision de son/sa partenaire également pour retrouver un sentiment de partenariat, éviter de se sentir seul, etc.

« Il ne faut pas mettre de pression à l’autre lorsqu’il/elle affirme ses limites au niveau de la sexualité, cela peut créer du ressentiment et augmenter le fossé entre les deux partenaires. C’est important de respecter les limites du partenaire. Le fait de se sentir écouté, soutenu dans les difficultés rapproche un couple, ce qui aide ensuite à l’envie d’être intime avec l’autre », ajoute-t-elle. 

Il est recommandé d’adapter les pratiques sexuelles et d'intégrer plus de sensualité et de douceur, puis réintroduire progressivement la sexualité sans que le focus soit mis sur la pénétration.  

Voici quelques conseils pour s'épanouir sexuellement à nouveau : 

• Augmenter l’intimité relationnelle dans les petites choses au quotidien lorsqu'on manque de temps (prendre une douche/un bain ensemble, cuisiner ensemble, prendre le temps pour des petits touchers/caresses d’affection au courant de la journée, mots d’encouragement, paroles valorisantes)
• Essayer de garder des moments pour le temps de couple et le temps seul pour ne pas s’oublier : Faire garder l’enfant par une personne de confiance si possible
• Être créatif pour passer du temps à deux : Se retrouver le temps de la sieste de bébé, souper en tête-à-tête quand les enfants sont couchés, etc.
• Essayer la masturbation pour réexplorer les sensations du corps
• Faire appel à la physiothérapie périnéale :
• Les avantages
• Traiter les douleurs pelviennes, les douleurs pendant les rapports sexuels ou des sensations de relâchement. La physiothérapie périnéale peut contribuer à soulager ces symptômes en renforçant les muscles et en améliorant la fonction pelvienne.
• Favoriser la récupération après une épisiotomie ou une déchirure : Si une femme a subi une épisiotomie (une incision chirurgicale dans le périnée) ou une déchirure pendant l'accouchement, la physiothérapie périnéale peut aider à minimiser les complications.
• Améliorer la qualité de vie sexuelle : La rééducation périnéale peut contribuer à restaurer la tonicité musculaire, améliorer la vascularisation et favoriser une meilleure sensibilité, ce qui peut avoir un impact positif sur la qualité de vie sexuelle après l'accouchement.
• Utiliser un lubrifiant à base d’eau : Moins de risque d'irritation. Ils sont souvent moins susceptibles de provoquer des irritations ou des réactions allergiques, car ils ne contiennent pas de nombreux additifs ou produits chimiques potentiellement irritants.

Quand consulter des professionnels

Il est toujours bien de consulter des professionnels pour s’outiller et être soutenu pendant des périodes de transition de vie importantes comme la période post-partum pour recevoir des trucs concrets pour favoriser la transition. 

« C’est particulièrement recommandé lorsqu’un des membres du couple est insatisfait, vit une souffrance dans la situation conjugale ou sexuelle. Aussi, si vous essayez de vous adapter, sans succès aux nouveaux rôles de parents ou en tant que couple », insiste Mme Lefebvre.

ll est aussi recommandé de consulter si un des membres vit de l’anxiété ou des symptômes dépressifs importants qui nuisent à ses activités quotidiennes. Le mieux est de consulter le plus tôt possible pour favoriser une prise en charge plus rapide et efficace. 

*À propos de Jeanne Lefebvre

Titulaire d'un diplôme de bachelière en Sciences infirmières de l'Université de Sherbrooke et est membre de l'OIIQ (Ordre des infirmières et infirmiers du Québec) depuis 2020, Jeanne Lefebvre est une infirmière clinicienne en santé sexuelle.

Avec un intérêt pour les cycles hormonaux, la santé féminine, la contraception, les ITSS, l’estime et la confiance en soi ainsi que la découverte de la sexualité, Mme Lefebvre a notamment travaillé à titre d’infirmière en salle d’accouchement et offre maintenant des accompagnements complets et bienveillants en ligne, en français ou en anglais à la Clinique Convergence.

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